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nie, défenduë par de fi braves » gens: qu'enfin il esperoit que les ennemis manqueroient plûtôt de courage que lui de ré» folution. Ce difcours au lieu de raffùrer la Reine, la jetta dans de nouvelles craintes ; elle s'imagina que le Regent ne fongeoit qu'à ufurper toute l'autorité; elle ne manquoit point de flateurs. qui fomentoient fes défiances; la haine fuivit la jalousie, comme il arrive ordinairement : de la les difcordes, que nous verrons dans la fuite, qui cauferent la perte de l'un & de l'autre. La Reine

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s'en repentit, mais trop tard, & après avoir connu qu'à faute de fuivre les fages confeils d'un Miniftre fi prudent, elle étoit la victime de l'ambition de Ferdinand.

Tandis que les chofes fe paf

foient ainfi dans Bude, Rocandolph defefperant de s'en rendre

maître par la force ouverte, voulut employer un moyen qui expofât moins fes troupes & fa réputation.Il fit assembler un grand nombre de pionniers, & fous la conduite de fes Ingenieurs, il fit travailler jour & nuit à de grandes mines, pour faire fauter les fortifications. Le Regent étoit. trop habile pour n'avoir pas prévû cette forte d'attaque; il avoit eu la précaution de faire venir de Tranfilvanie de ces hommes: robustes & entendus à remuer la terre, qui n'ont point d'autre métier que de travailler fous les montagnes, pour découvrir less métaux qu'elles renferment. En même temps que les Allemans travailloient au dehors › pour découvrir les fondemens des murailles, le Regent faifoit travailler au dedans pour éventer leurs mines. Fl s'y appliqua avec tant d'attention, qu'il rendit toutes Gw

leurs peines inutiles, & fit fous terre la guerre à fes ennemis avec le même fuccez, qu'il venoit de la faire à découvert. Cependant il faillit à être furpris par une entreprise bien plus dangereufe: Il y avoit dans la Ville un homme riche, nommé Bornemiffe, qui confervoit une haine fecrette contre le Regent, dont il prétendoit avoir reçû quelque tort dans un jugement qu'il avoit rendu contre lui. Bornemiffe prit la réfolution de s'en. venger au péril de fa patrie. Il avoit dans le camp des affiegeans. un ami nommé Rival, avec lequel il entretenoit des corefpondances; il lui fit entendre qu'il s'obligeoit à livrer la place, pourνα que fon General voulut lui donner fa confiance. Rival ne manqua pas d'en informer Rocandolph, qui reçut agreablement la propofition; il fit affû

rer Bornemiffe, non feulement de fa confiance, mais encore de fon eftime, & lui promit de grandes recompenfes de la part de Ferdinand. Bornemiffe animé par la vengeance & par l'interêt, fit entendre à Rival qu'il y avoit une fauffe porte aux murailles de la ville, près de l'Eglife de fainte Marie qu'on avoit murée, & dont on ne prenoit point de défiance, n'y ayant point de corps de garde de ce côté-là ; qu'il s'obligeoit d'ouvrir cette porte, & d'introduire dans la place autant de troupes qu'il en falloit pour la furprendre. Rocandolph fit reconnoître le lieu, & ayant bien concerté fes mefures, pendant une nuit, en grand filence, il fic marcher des troupes choifies. qui trouverent la porte ouverte & commencerent à filer dans la Ville. Mais le Regent faifoit fai re exactement la ronde, le guet

rencontra ces gens armez, & leg

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ayant reconnus pour ennemis il donne l'alarme. Urbain Batian & Pierre Bachi, braves Capitaines qui étoient de garde cette nuit, accourent à la tête de leurs compagnies, attaquent les Allemans, qui d'abord fe défendirent avec valeur, mais enfin preffez de tou ges parts, ils furent obligez de tourner le dos, & tâcher de fortir par la porte qui leur avoit donné entrée ; mais comme elle étoit fort étroite, ils s'embarafferent les uns fur les autres, ils furent prefque tous paffez au fil de l'épée ou faits prifonniers : les ennemis repouffez, le Regent voulut découvrir les auteurs de la trahison, on mit à la question quelques-uns des prifonniers, qui accuferent Bornemiffe : il fut ar rêté, & après la confeffion de fon crime, il fut executé, avec. Les complices, comme criminels

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