pendant moins par avarice que pour la gloire du Grand Seigneur fon maitre. Jamais il n'exigea tribut ni ne reçut de prefens qu'il ne les remit fans referve dans le tréfor de l'Empire, done. il avoit l'adminiftration. On a remarqué qu'après la mort de Soliman, fes tréfors fe trouverent immenfes, quor qu'il cut employé des fommes fans nombre dans les guerres qu'il avoit entreprises & foûtenues, outre fon humeur liberale jufqu'à la magnificence. Mais comme ce Prin se n'étoit pas moins jufte que beral pour le merite, on trouva dans tous les endroits remarquables des lieux qui renfermoient fes tréfors, ces paroles en gros caracteres d'or. Ge font les fruits de la prudence de Ruftan. Marti mufius qui connoiffoit le merite, le crédit & le penchant de ce Miniftre, avoit pris foin de l li ménager; & comme il fçavoit être liberal à propos il étudia les occafions, fans affectation de faire de grands presens à ce Miniftre, qui ne manqua pas de les reconnoître. Etant donc obligé de parler dans le Confeil, il rejetta l'avis du Bacha de Bellegrade, & reprefenta à Soliman avec chaleur; que de pareils deffeins étoient indignes de la « justice & de la renommée de Sa Hauteffe que par cette a conduite elle rendroit fa foi fufpecte chez toutes les nations; qu'aucun Prince,ni aucun peu pleng n'auroient recours à fa d puiffance pour y trouver de la « protection dans leurs difgraces. d Qu'au contraire, ils fe foûleveroient tous pour s'y oppofer que par de fi fortes raifons, fon avis étoit de laiffer Roy & la Reine en paix & «. leurs Seigneurs en liberté, avec «. -20 quelque augmentation de tribut, pour marque de leur dépendance de l'Empire, & des graces qu'ils en avoient reçûs; que par cette clemence magna» nime, la réputation du grand » Soliman en deviendroit plus » celebre; qu'il fe rendroit l'arbitre du fort de tous les peuples & ne deviendroit pas l'objet de leur crainte & de leur » haine. Les deux partis ayant long-temps débatu leurs fentimens Soliman congedia l'Affemblée fans rien décider. Comme cet Empereur étoit zélé observateur de fa loi, le temps arriva qu'il devoit faire des prie res publiques. Il envoya fes Talifmans, ou Prêtres, purifier la grande Eglife de Bude, felon Les ceremonies Mahometanes; on en démolit tous les Autels, on en enleva toutes les Images & tous les ornemens du culte Chré tien, on la blanchit entierement. : d'inveftir le fils du Royaume » avec la même generofité dont "il en avoit ufé envers le pere. Que cependant, comme cette Princefle ne jouiroit pas dans » cette Ville d'une autorité convenable, il lui confeilloit de » fe retirer en Tranfilvanie, a» vec le Roy & George Marti»nufius fon tuteur & fidele Mi» niftre que là elle feroit dans » le voisinage du Royaume de Pologne, où le Roy Sigifmond fon père régnoit avec tant de » gloire, & dont les confeils lui feroient toûjours prefens & fa»lutaires. Qu'il vouloit conferver tous les privileges de la Ville de Bude, les loix & les coûtumes du Royaume; que la juftice s'y rendît au nom du Roy : qu'enfin il fe déclaroit » executeur du teftament du Roy défunt, fon grand ami; qu'il en confirmoit tous les articles, 式 |