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& une Province éloignée, les Religieux s'étant assemblez en Chapitre géneral pour s'élire un autre Superieur, ils jetterent les yeux fur George, & d'une voix le choifirent pour leur Abbé. Cette election honorable flattoit fon penchant, cependant il en aprit la nouvelle fans aucune émotion, & toûjours il montra ce fang froid en pareilles occafions. Il femble que les dignitez & les honneurs venoient au devant de lui, jamais il ne fit paroître d'empreffement pour les acquerir, & les remplit toûjours avec une grande dignité.

Dès qu'il eut pris poffeffion de fon Abbaïe, il en régla les affaires temporelles avec une prudence & les fpirituelles avec un zéle admirables. Comme il avoit un difcernement fingulier à connoître le caractere des efprits, il diftribua les emplois felon la por

tée d'un chacun. Jamais il n'exigea de devoirs dont il ne donna l'exemple, toûjours le premier & le dernier aux exercices de la régularité. Heureux s'il eut refté toute fa vie dans cette tranquille retraite, & fi au lieu d'écrire les grandeurs où il a été élevé dans le fiécle, nous n'avions qu'à raconter les actions de fa vie Religieufe, fa mort & famemoire auroient été plus précieufes devant Dieu, & moins déplorables devant les hommes. Sa conduite pleine de fageffe, ne lui attira pas feulement la véneration de fon Ordre fa capacité & fa prudence éclaterent au dehors, les Grands rechercherent fon amitié & fon eftime, il devint leur confeil & leur confident. Nous n'avons pas befoin d'autre preuve de fes éminentes qualitez & de fa grande réputation, que ce qui fe paffa à l'é

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gard de Jean Zapol, Roy de Hongrie.

Ce Prince chaffe de fon Royaume par l'ambition de Ferdinand, Archiduc d'Autriche, réduit à chercher un azile & des fecours en Pologne,auprès de Sigifmond, dont il avoit épousé la fille Elifabeth, informé du merite & de la folidité de l'Abbé George, voulut fur tout le confulter: deffein qui fans doute lui fut infpiré du ciel; car fes fages avis, & fes négociations importantes furent plus utiles à ce Prince pour remonter & fe maintenir fur fon Trône, que tous les fecours qu'il put tirer de Pologne & de Conftantinople. Mais pour bien éclaircir ces grands évenemens, qui retirerent George de fa folitude & le firent paroître dans le grand jour, il eft neceffaire de prendre les chofes de plus loin, & de toucher les

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interêts differens, qui troubloient pour lors la Hongrie, & qui ont été la fource de ceux qui la troublent encore aujourd'hui.

La defcription de ce puiffant Royaume pourroit entrer ici naturellement, & à l'exemple de plufieurs Hiftoriens, en faire un épifode pour groffir ce volume; mais on a crû cette difgreffion ennuyeuse à la plupart des Lecteurs & affez inutile au fujet : ceux qui voudront s'en inftruire peuvent confulter un grand nombre de Geographes, qu'on ne feroit que copier. Il fuffit de fçavoir que ce Royaume étoit un ̧ des plus grands de l'Europe que la nature l'avoit enrichi de tous les avantages, qu'elle femble n'avoir que partagé entre les autres: par fes propres forces il avoit toûjours foûtenu avec gloire les attaques de fes ennemis, repouffé avec avantage les efforts

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de la puiffance Otomane fecouru fes alliez avec fuccez: mais par de fecrets jugemens, les douceurs de la paix lui ont été plus funeftes. que les fureurs de la guerre. Ce fut en 1500. que celle que Bajazet II. EmÉmpereur des Turcs, faifoit aux Hongrois & aux Venitiens, fut terminée, & la paix concluë par la médiation de Louis XI. Roy de France.

En 1512. Selim I. ayant détrôné & emprisonné Bajazet fon pere, par la fureur de régner les Hongrois lui envoyerent une Ambaffade pour renouveller leur traité de paix: mais cet Empereur fuperbe, loin de leur donner une audience favorable, les menaça de porter le fer & le fed dans leur Royaume, s'ils ne fe rendoient tributaires de fon Empire. L'Ambaffadeur lui témoi gna fagement, que fes inftruc

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