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ché il en comprit d'abord toutes les fuires funeftes: il fçavoit que Petroviets, de concert avec la Reine, entretenoit de grandes intelligences à la Porte: qu'il y avoit fait entendre que cette Princeffe n'avoit confenti à un accommodement, que par neceffité, & par force; qu'elle avoit plus befoin que jamais de la protection de Sa Hauteffe pour fe délivrer de la tyrannie d'un Miniftre dur & ambitieux. Il confideroit que quand il pourroit prévenir des deffeins fi pernicieux & fi mal concertez, la Reine n'en viendroit encore qu'à quel que accommodement fimulé, fous pretexte qu'elle y auroit été forcée, & qu'enfin il feroit toûjours impoffible de fixer les accez de fa jaloufie & de fa haine. Que cependant Soliman ne demandoit qu'un pretexte fpecieux, pour envoyer de plus grandes

forces en Tranfilvanie, & même, felon fa conduite ordinaire, d'y marcher en perfonne, pour réparer le mauvais fuccez que fes Lieutenans y avoient eu que ce Prince politique & ambitieux, avoit toûjours traité le Roy & la Reine comme fes vaffaux, & les peuples comme fes fujets ; qu'il regardoit la Tranfilvanie & fes dépendances, comme unies à fon domaine, dont il pouvoit difpofer à fa difcretion: qu'il y avoit encore jufte fujet de craindre qu'après avoir fuivi, devant Bude, le confeil moderé de Rustan Baffa, il ne fuivît maintenant celui du Bacha de Bellegrade, qui étoit de s'affûrer du Roy & de la Reine, fous pretexte de les proteger, & de faire arrêter les Grands & les Miniftres, pour prévenir les revoltes: & qu'ainTi il auroit la douleur de voir le Roy fon Mineur dépouillé, &

une fi grande & fi riche Provin ce au pouvoir des Infideles, au prejudice des Royaumes Chrétiens: Que Soliman, pour colorer cette ufurpation, feroit liberal de Patentes, pour déclarer qu'il reftituëroit au Roy tout leRoyaume, quand il feroit en. âge de le gouverner; mais quand même il feroit affez magnanime pour en avoir l'intention, les évenemens humains étoient trop incertains pour se flatter de cès efperances éloignées. Qu'il étoit donc neceffaire, dans les conjonctures prefentes, de prendre de juftes mefures pour affurer la liberté des peuples, pouvoir refifter aux efforts des Infidéles & procurer au Roy fon mineur, un établissement folide, & convenable à fon rang & à fa naiffance, fans oublier les interêts de la Reine, malgré l'aveuglement de fa paffion: mais que pour fi

nir heureusement des deffins fi importans, qui feroient l'attention de toute l'Europe, il étoit abfolument neceffaire de joindre aux forces de la Tranfilvanie, un fecours affez prompt & affez puiffant: que fon honneuri, fon devoir & fa Religion l'y obligeoient.

Il y avoit long-temps que prévoyant ces révolutions, il sétoit ouvert à André Batori; il l'eftimoit pour les vertus & fon courage; outre le credit que lui donnoit fa maissance, il connoiffoit fon zéle pour la Religion, & fon attachement au bien de la patrie. Ces deux grands hommes, de concert, avoient jugé à propos d'entretenir les efperances de la maison d'Autriche, & d'écouter fes propofitions, pour en profiter felon les conjonctures & les évenemens. Ferdinand avoit donné fes ordres & fes pouvoirs au

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Comte de Salms, fon Comman dant en Hongrie, & à Paul Iftuanfi, un de fes Confeillers d'Etat, pour conclure un accommodement. Les conferences en avoient été tenuës dans la ville de Batori; on y avoit traité des dédommagemens convenables au Roy, à la Reine fa mere des interêts du Royaume & de fes Miniftres. Mais avant que ce traité fût arrêté, la mort du Comte de Salms avoit interrompu ce projet. Le Régent dans les conjonctures préfentes en connut la neceffité. Il envoya un Gentilhomme de confiance à Ferdinand pour le conclure, le conclure, promettant de le faire ratifier par les Etats géneraux, le priant de lui envoyer des troupes commandées par un General habile, avec lequel il put agir d'intelligence, pour les affaires de la guerre & de l'Etat.

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