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1583.

raire, les Chefs de l'armée obligerent ce jeune Roy d'avancer dans la plaine de Mohacs,& d'en venir à une bataille; elle fut donnée le 26. Août, malheureusement pour les Hongrois, qui cependant ayant attaqué & foûte nu les Turcs avec tout le courage poffible, furent plûtôt accablez par le nombre, que vaineus par la valeur de leurs ennemis. Les plus grands Seigneurs du Royaume, Ecclefiaftiques & Seculiers, refterent fur la place: le jeune Roy, après avoir montré l'intrépidité d'un grand cœur, fut obligé de fe retirer feul pendant la nuit, & un orage extraordinaire ; il s'engagea dans les marais faute de guide, fon cheval s'y enfonça dans la vafe, où ce Prince malheureux fut étouffé. Soliman entra victorieux en Hongrie, tout fut mis à feu & fang du long du Danube, il

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arriva devant Bude qu'il trouva abandonnée, il livra cette grande & riche ville au pillage à fon armée, & y fit mettre le feu; dans cette incendie périt cette fameufe Bibliotheque que le grand Roy Mathias, également recommandable & par les lettres & par les armes, avoit ramaffée de toutes les parties de la terre avec des frais immeufes. Cet Empereur ne fit épargner que le Palais Royal, dont il fit enlever les plus riches ornemens ; entre autres deux fuperbes colonnes & trois ftatuës d'Apollon, de Diane & d'Hercules; chefs d'oeuvres de l'art, qu'il fit conduire & placer à Conftantinople. Trophées illuftres de fa victoire, & en même temps de la gloire du grand Mathias & de la puiflance du Royau

me.

Ce fut alors qu'on prefenta à Soliman le portrait duRoy Louis,

& le voyant fi jeune & fi beau, il ne put retenir fes larmes ; il plaignit le fort malheureux de ce Prince, & l'inconftance de la condition humaine; il blâma la té nerité de ceux qui avoient précipité ce Royà fa perte; il pro-. tefta que fon intention n'étoit point de le dépouiller de fon Royaume,&que pour fatisfaction il fe feroit contenté de quelque tribut. On ne peut douter que ces fentimens ne fuffent fincéres; car après avoir exercé fa vengeance fur la haute & la baffe Hongrie, il en retira fes troupes & rentra dans fes Etats couvert de gloire, laiffant aux Hongrois la liberté de s'élire un autre maître.

Pour ce fujet les Etats généraux furent convoquez à AlbeRoyale, le corps du Roy Loüis y fut porté, felon l'ufage, on lui fit des funerailles avec toute

fur

la pompe poffible, enfuite on
s'aflembla en Diete, felon les
loix & les privileges de la na-
tion, pour l'élection d'un Sou-
verain. Outre les Seigneurs &
les Notables qui devoient don-
ner leurs fuffrages, les Officiers
de l'armée y furent appellez; les
loix étant que dans cette élec-
tion, on prendroit l'avis & le
confeil des
gens de guerre
celui de la nation qu'ils jugent
le plus digne de les commander
c'eft ce qu'ils nomment Rhakos.
Après toutes ces formalitez pref-
crites par les loix, Jean Zapol
Comte de Sépufe, Vaivode de
Transilvanie, fut élû tour d'une
voix ; & veritablement il méri
toit cette diftinction par fa
naiffance , par fon grand cœur
& par les fervices qu'il avoit ren
dus à l'Etat. Peu de temps avant
il avoit défait & remis dans le
devoir les païfans furieux & re-

!

voltez contre la Nobleffe: il avoit envoyé couriers fur couriers au Roy Louis, pour lui difluader de donner bataille, jufqu'à ce qu'il l'eût joint avec les bonnes troupes qu'il lui conduifoit de Tranfilvanie: nais les autres Gé, néraux, jaloux du commandement ne voulurent l'atten

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pas

dre pour ne pas le lui defferer: après la perte de cette funefte bataille, le Vaivode prit fon parti en Général habile; il fe campa avantageufement avec fes. troupes, & mit la plus grande partie de la baffe Hongrie à couvert de la fureur des Turcs. Ces confiderations lur donnérent la préference: il fut élû & proclamé Roy de Hongrie d'un confentement unanime: il fit de grands honneurs & de grands dons à ceux qui lui avoient attiré les fuffrages: il nomma Paul Vardan, Archevêque de Strigo

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