Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

tection de Soliman. Le Palatin réprefenta au Roy, que cet " Empereur avoit le cœur maganime; que la gloire étoit fa« paffion dominante, qu'il em- « brafferoit avec chaleur les in- « terêts d'un Roy opprimé, par un Ufurpateur, dont la Maifon « puiffante étoit ennemie de cel- « le des Othomans; qu'en lui offrant quelque tribut, pour « l'honneur de fon Empire il en « devoit tout attendre. Jean écouta ce confeil & réfolut d'en tenter l'évenement. Pour ménager cette négociation, le Palatin propofa un Gentilhomme Polonois, nommé Jerôme Laski, qui étoit capable de la bien conduire; le Roy Jean lui donna le caractere de fon Ambaffadeur à la Porte avec toutes les lettres de creance & tous les pouvoirs neceflaires; il lui fit dreffer un équipage magnifique, & le char

[ocr errors]
[ocr errors]

1528.

gea de riches préfens.

[ocr errors]

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

Enfuite le Roy Jean alla voir l'Abbé George dans fon Monaftere, prévenu par fa grande réputation. Après les cérémonies ordinaires, ils eurent ensemble plufieurs conférences, qui relevérent encore mieux les esperances de ce Prince; ce fage Con» feiller lui fit entendre, qu'il ne pouvoit approuver que Sa Majefté eût eu recours aux infidéles, pour fe rétablir dans un Royaume Chretien ; que fon » veritable intérêt étoit de mé»nager en fa faveur la Nobleffe & les peuples de Hongrie ; qu'il » ne devoit pas douter qu'il ne pût s'y former le plus grand parti: que ces peuples, jaloux de leur liberté & de leurs privileges, ne fouffriroient pas pa» tiemment un Prince étranger leur donner la loi, ni les Allemans remplir les charges de

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

T'Etat & les emplois de la " guerre; que l'armée de Fer-« dinand feroit bien-tôt à char-« ge par les impôts & les loge- «< mens; qu'il ne s'agiffoit que de lier & entretenir de fûres correspondances, pour profiter des conjonctures favorables qui se presenteroient tous les jours, & enfin qu'une autorité établie par la force, ne pouvoit man- « quer de devenir bien-tôt o- « dieufe.

:66

[ocr errors]

Le Roy goûta ce raisonnement, il en jugea les confequences neceffaires, mais il falloit des Agens d'une prudence & d'une fidelité à l'épreuve pour mettre la main à l'œuvre, & ménager fecretement des négociations fi importantes; le Roy ne put jetter les yeux fur perfonne plus propre à les conduire que celui qui les avoit infpirées; il s'en ouvrit à l'Abbé, dont l'efprit &

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

à

le cœur étoient capables des plus hautes entreprises, qui de fon "côte marqua à ce Prince; qu'il » avoit toûjours cheri l'état qu'il avoit embraffé, par rapport fes devoirs envers Dieu, maïs qu'il le cheriffoit encore plus » que jamais, puifqu'il lui donnoit encore les moyens de marquer fon zéle & fon attache→ment pour le fervice de fon Souverain; qu'il pouvoit entrer en Hongrie, & en traverfer les » Provinces fans éclat &z fans fufpition fous fon habit Religieux; que fon nom & fa naiffance lui » donneroient entrée chez les Nobles, du credit envers les peuples & de la confiance dans le Clergé; enfin après des affurances reciproques entre le Roy & l'Abbé, ils fe féparérent, & George fe mit en chemin venir agir en Hongrie. A mesure qu'il avançoit dans

43

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

?

pour

le

te Royaume, il ne manquoit pas de s'informer par tout de l'état des affaires : parmi le peuple & chez les Bourgeois, il marquoit plaindre leur fort de les voir à la veille de n'être plus maîtres de leurs biens & dans leurs maifons: qu'outre les charges nouvelles dont infailliblement ils alloient être accablez pour foûtenir l'ambition de Ferdinand, ils avoient à craindre l'irruption des Turcs; que Soliman ne fouffri. roit jamais que la maison d'Autriche s'emparât de la Hongrie, & qu'ils devoient s'attendre à tous les malheurs d'une guerre cruelle.

Chez les Nobles, il marquoit fon étonnement qu'après avoir élû & proclamé un Roy de leur nation & de leur ordre, lui avoir prêté ferment de fidelité, ils vouluffent reconnoître un Ufurpateur étranger, contre leurs droits

C

« AnteriorContinuar »