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triche augmentant fa puiffance, par l'acquifition d'un fi grand Royaume & fi voifin, devoit " donner de juftes ombrages, é- « tant ennen.ie & jaloufe de cel- « le des Othomans: que par cet- “ te protection le Grand Soliman augmenteroit dans tout " le monde l'éclat de fa gloire, & la réputation de fa juftice: qu'il s'attacheroit un Prince ge- « nereux & reconnoiffant, qui jamais n'oublieroit qu'il tenoit fa Couronne de la magnanimité de Sa Hauteffe, & que pour marque de fa gratitude il offroit de fe rendre tributaire de fon Empire: qu'à de tel- « les conditions il étoit plus grand a de donner des Royaumes, que « de les conquerir.

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Ce difcours animé, eut tout l'effet que Lafki en pouvoit attendre. Soliman avide de gloire en fut penetré; fur le champ il

prit réfolution de fecourir le Roy Jean de toutes fes forces, & de ne point quitter les armes qu'il ne l'eût remis fur le Trône.

Quoique la conduite de ce Roi ne fut pas approuvée de tout le monde, d'avoir recours aux infidelles contre des Princes Chrétiens, cependant Ferdinand lui-même, informé de cette négociation, voulut la rendre inu

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par une pareille follicitation. Il envoya à Conftantinople une célebre Ambassade avec de très. riches prefens. Les motifs en é toient, de renouveller les traitez de paix, paffez avec le Roy Ladıflas, confirmer l'amitié qu'il avoit jurée avec la Maifon Othomane, & offrir le même tribut que fon Concurrent. Jean Herberftans fut fon Ambassadeur, plus propre pour un coup de main que pour une négocia tion de tête.

On rapporte de cet Ambassadeur, que commandant un corps deCavalerie an service de la Maifon d'Autriche il s'étoit trouvé obligé dans plufieurs rencontres d'attaquer & de foûtenir Caffon Baffa, qui avoit le même commandement dans l'armée de Soliman ;.l'un & l'autre braves jufqu'à la temerité, & qui toûjours s'étoient battus avee une fortune égale. Caffon s'étant fait diftin guer par les fervices &par fon experience, fut pourvû de l'important gouvernement de Bellegrade.Herberstans en ayant appris la nouvelle, par un fentiment d'envie, où il entroit plus de fureur que de bravoure fit défier ce Bassa à un combat fingulier: Caf fon accepta le défi, & fe porta fur le champ de bataille, où ils en vinrent aux mains, fans au tres armes que le fabre & le poi gnard: Herberftans après un com

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bat fort vif, reçût quatre grandes bleffures, mais plus heureux que fon ennemi, il lui en porta une mortelle qui le renverfa fur la place. On peut bien juger qu'un homme qui avoit ôté la vie à un Officier brave & eftimé, par un efprit de fureur, ne pouvoit pas être regardé de bon œil à la Porte.

Il fut pourtant reçû honorablement à Conftantinople par rapport à fon caractere: mais comme c'étoit un homme fuperbe, au lieu de fuivre fes inftructions & demander la paix avec prudence, il vint l'offrir avec hauteur; loin d'attendre des conditions il prétendit en impofer. Il propofa une alliance entre la maifon d'Autriche & celle des Othomans, à condition que Soliman reconnoîtroit Ferdinand Roy de Hongrie, & lui reftituëroit toutes les places dont il

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s'étoit rendu maître depuis la mort de Louis fon beaufrere. II ne fe fut pas plûtôt expliqué de la forte, qu'il fut traité avec le dernier mépris : Soliman en fut irrité; il lui fit ordonner de fortir dans le moment de Conftan tinople, & en toute diligence de tous fes Etats, en lui faisant déclarer que Sa Hauteffe re- « fufoit l'amitié d'un Prince qui ** étoit fon ennemi ; qu'il iroit le chaffer de toute la Hongrie qu'il lui déclaroit la guerre à « feu & à fang, & qu'il juroit de la porter jufques dans de cœur de l'Autriche. L'Ambaf. “ fadeur étonné, s'enfuit à gran des journées; il arriva à Vienne où il porta la confternation & de là il fe rendit à Spire, où Ferdinand tenoit me Diete de L'Empire, qui fut auffi fort ému en apprenant de fi fàcheufes nouvelles ; & auffi-tôt il envoya

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