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gnes, mal armez & mal difciplinez, & qui tout au plus ne pouvoient être que trois à quatre mille.Le Roy Jean avoit donné le commandement de fa Cavalerię au Capitaine Gotardo, dont il connoiffoit l'experience & la valeur, & celui de fon Infanterie à Simon, dit le Lettré, Athenien de nation, également recommandable par fon fçavoir & par fon courage. Ces deux Generaux mirent leur armée en bataille, & la trouvant de bonne volonté, ils jugerent à propos d'aller au devant des ennemis; ils informerent le Roy de leur réfolution, qui en confera avec l'Abbé, & comme l'un & l'au tre avoient le cœur grand, il's loüerent le deffein de ces Commandans. Ils fe mirent auffi-tôt en marche & rencontrerent l'armée ennemie près de Caffovie, & quoique fort fuperieure, ils

la chargerent avec tant de prom ptitude & de valeur, qu'ils la rompirent du premier chos, font main baffe & paffent fur le ventre à tout ce qui refifte; la Cavalerie ennemie abandonne fes chevaux, & l'Infanterie fes armes pour-fe fauver plus facilement au travers des bois & des rivieres, & ces fuyards vont porter la terreur à Caffovic, à Efperies, & dans tous les autres lieux où ils purent fe refugier à demi

morts..

Les deux Generaux victorieux maîtres des étendars, du canon, des armes & des bagages des en+ nemis, portent au Roy ces tro phées de leur victoire, qu'il recut comme un heureux augure de fon retabliffement. Ce Prince Religieux alla, fur le champ, en rendre graces à Dieu dans la grande Eglife de Tarnove, où il fit conftruire une Chapelle ma

gnifique, en memoire de fon exil & de fa victoire. Il embrasfa fon ami & fon hôte Tarnoviski, avec tous les témoignages poffibles d'eftime & de reconnoiffance; il marqua à l'Abbé George, qu'après la protection du Ciel, c'étoit à fes fages né.. gociations qu'il devoit de fi heureux commencemens, mais que fi Dieu permettoit qu'il remontât fur fon Trône, il lui donneroit toute fa confiance & ne se

conduiroit que par fes conseils.

Enfuite ce Roy à la tête de fon armée victorieuse, se rendit à Lipe pour attendre l'arrivée de Soliman. Là le concours des Grands & des peuples, qui vinrent le feliciter de fa victoire, & marcher sous ses enfeignes lui firent fentir le plaifir de connoître que fi Ferdinand occupoit les principales places de fon Royaume, il avoit l'avantage de

regner fur le cœur de fes fujets. Pour lors il fut plus vivement penetré des obligations qu'il avoit à la capacité & à la conduite de l'Abbé George, il fut infiniment fenfible aux importans fervices qu'il lui avoit rendu, & comprit bien ceux qu'il étoit capable de lui rendre. Ce Prince cependant remporta de grands avantages, qu'il auroit pouffe plus loin s'il n'eut été obligé d'aller joindre Soliman arrivé dans la plaine de Mohacs.

Le Roy partit de Lipe avec fon armée, & arriva au camp des Turcs; il y fut reçû par les principaux Officiers & conduit avec de grands honneurs à la tente du Sultan, accompagné d'une groffe fuite de Seigneurs Hongrois. Soliman le reçut fur un Trône & fous un dais : cet Empereur lui tendit la main, મે

7 laquelle le Roy joignit la fienne, & lui témoigna la reconnoiffance qu'il fentoit au fond du cœur de la magnanimité & de. la juftice de Sa Hauteffe d'être venu en perfonne à son secours; qu'il en garderoit un fouvenir éternel & un attachement inviolable. Soliman, fe dépouillant de cette fierté ordinaire aux Sultans, traita Jean en Roy, &, & en ani; il lui dit, qu'il ne «, devoit pas douter que fes armes « juftes toujours victorieuses, ne « fiffent la conquête de la Hon- « grie, & qu'il lui donnoit fa« parole Royale de lui rendre genereufement ce Royaume, Enfuite Jean fut conduit dans un quartier preparé pour lui & pour toute la Cour, il fut logé fous de riches pavillons & fervi avec pompe,

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Quelques jours après, Soliman étant en marche, Paul Var

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