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offenfé de la nouveauté de leurs dogmes. Il leur défendit fous peine de la vie de prêcher leurs erreurs dans les Etats, & fous la même peine d'en fortir au plus vîte. Mais ces Miffionnaires infolens ayant méprifé ce commandement & ces menaces, voulurent infinuer leurs maximes au peuple. Le Roy en étant informé les fit arrêter; il ordonna qu'on creufât une fofle profonde hors d'une des portes de la Ville, qu'il fit remplir de bois & Y mettre le feu; il obligea ces Prédicateurs d'y jetter leurs libelles, & les y fit jetter euxmêmes. Comme le Roy Jean n'étoit pas moins religieux, ni fon Miniftre moins zélé pour la foi Catholique, ils fermerent l'entrée du Royaume à toutes les erreurs nouvelles.

Ce n'eft pas une figure pour relever fa Religion par un en

droit fi remarquable, de bons Hiftoriens ont affûré que pendant que la doctrine de Luther fe répandoit en Allemagne, en Pologne, en Angleterre, & mê. me en France, par l'attention & les ordres de Martinufius ces nouveaux Docteurs n'oférent entrer en Hongrie ; ce ne fut qu'après fa mort, comme nous le verrons, que ces erreurs y furent prêchées, & y allumérent le feu de la difcorde, qui n'eft pas encore éteint.

Ce fut ainfi que

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Martinufius

rendit fon administration fi uti-
le & fi neceffaire ; que le Roy
fe repofa abfolument fur fes foins
des affaires d'état, & ne s'atta-
cha qu'à celles de la guerre, qu'il
foûtint toûjours avec gloire
la vigilance de fon Miniftre.Mais
ce Prince de fon côté étoit at-
tentif aux occafions de relever
& reconnoître ses merites. Enfin

par

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il s'en prefenta une telle qu'il la pouvoit fouhaiter, pour l'honorer d'une des plus grandes dignitez de l'Eglife, & du plus important Gouvernement duRoyaume: voici le fait.

Après que Soliman eut rétabli le Roy Jean fur le Trône, il laif fa auprès de lui, comme nous l'avons dit, Loüis Griti, fils d'André Griti un des plus fameux Doges de Venife. Loüis s'étoit établi depuis plufieurs années à Conftantinople, fous la faveur d'Ibrahim grand Vifir, Favori de Soliman, intime ami du Doge

fon pere, par la protection de ce premier Miniftre il avoit été employé dans plufieurs affaires importantes, dont il s'étoit bien acquitté : le Vifir l'avoit fait connoître à Soliman, qui l'honoroit de fa bienveillance. Cet Empereur, fage politique, pour fe conferver une espece de domination

en Hongrie, y avoit laiffé ce Louis Griti, comme fon Réfident avec ordre de lui donner avis de tout ce qui fe pafferoit. Ferdinand defefperant de chaffer le Roy Jean de la Hongrie par la force des armes. s'avifa d'employer les négociations; il propofa un accommodement qui pût lui être avantageux dans les fuites, & lui épargner les dépenfes d'une guerre ruineufe. Griti ne manqua pas d'en donner avis à la Porte, il fut rappellé à Conftantinople, & renvoyé prefque auffi-tôt qu'il y fut arrivé, avec de nouvelles inftructions. Il arriva en Valaquie avec un corps de Cavalerie & de Janiffaires, auquel il joignit en chemin des Compagnies d'Italiens & deHongrois, jufqu'à fept mille hommes. Si bien accompagné, il fe rendit à l'entrée de la Tranfilvanie, méditant de grands deffeins:

Il envoya publier dans la Province, qu'on eut à le reconnoître comme Lieutenant du Grand Soliman & Juge fouverain de toutes les affaires generales & particulieres.

Emeric Cibaco Evêque de Varadin, étoit Vaivode de Tranfilvanie, comme nous l'avons vû. C'étoit un Seigneur recommandable par fa naiffance, fon mérite & fa fidelité. Etant informé de la commiffion extraordinaire de Griti, & de fon entrée dans fon Gouvernement, il ne jugea pas à propos de paroître empreffe pour le recevoir, n'étant pas fatisfait de ces hauteurs, ni de ces entreprises, contraires à l'autorité Royale. Cependant il ne laiffa pas de faire quelques lieuës pour aller au devant de ce prétendu Lieutenant General. Il ċtoit accompagné de quelque Cavalerie, mais de beaucoup de Nobleffe,

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