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n.

Maris répondit: je rends graces à mon Dieu de AN. 362. ce que je fuis aveugle, pour ne pas voir un apostat comme toi. Julien paffa outre fans rien dire, pour montrer fa moderation. Il ordonna que la coudée dont on fe fervoit pour mefurer l'accroiffement du Nil fi important à l'Egypte, Sap. liv.xx. fût reportée dans le temple de Serapis, d'où 33. Conftantin l'avoit faite ôter pour la mettre dans l'églife. Julien honoroit particulierement Serapis, Ifis & Anubis, comme l'on voit pas ses médailles. Il eft fouvent reprefenté en Serapis avec le boiffeau fur la tefte, & à côté fa femme Helene en Ifis. Il écrivit plufieurs fois aux communautés des villes pour les exciter à l'idolatrie, favorifant celles qu'il y voyoit portées, & leur offrant tout ce qu'elles demanderoient. Au contraire, il témoignoit toute forte d'averfion contre les villes Chrétienes: il n'y entroit point dans fes voyages, & ne recevoit ni leurs députations ni leurs plaintes.

Il avoit en tefte deux grandes entreprises, d'a- Iv. batre les Chrétiens au dedans de l'empire & les Rapel des Perfes au dehors. Les Chrétiens lui tenoient exilez.

or. 3. p. 79.

Soc. 111. C.

plus au cœur: mais il n'ofoit les attaquer ouver- Greg. Nax. tement, fachant leur prodigieufe multitude. D. Id. p.80. Elle étoit telle qu'on ne pouvoit les attaquer mê 4.p.133. me en fecret, fans expofer l'empire au hazard D.! d'un renversement univerfel: c'eft ainfi qu'en parle S. Gregoire de Nazianze. D'ailleurs Julien, craignoit de paffer pour tyran & de fe rendre odieux: au contraire il affectoit de paroître doux & humain, comme un philofophe qui ne fe gouvernoit que par raifon. Il cherchoit donc tous les moyens d'attirer l'affection des peuples, en Greg Naz, revoquant ce que Conftantius avoit fait de dur & p. 72. d'injufte, rappellant les bannis, rendant les biens confifqués, donnant à tous la liberté de leur religion. Enfin il favoit que les Chrétiens ne craignoient

A 6

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AN. 362. gnoient ni la mort ni les tourmens; & il ne vouloit pas leur procurer l'honeur du martyre: connoiffant pas l'experience des perfecutions paffées, que plus elles étoient cruelles, plus elles fortifioient le Chriftianifme. Ce ne font pas feuleLiban.or. ment les auteurs Chrétiens: c'eft Libanius payen 10. p. 290. & grand admirateur de Julien qui explique ainsi fes motifs.

Chr. Paft.

6. 4.

Soz. 111

6. 3.

Sap.liv.

A

Il voulut donc attaquer plus finement les Chrétiens. Il rappella tous les évêques & tous les autres qui avoient été exilés fous Conftantius à caufe de la religion, fans diftinction d'heretiques & de Catholiques. Il en fit même venir quelquesuns dans fon palais, & les exhorta à fuivre hardiment chacun fa religion avec une entiere liberté. Ce procedé avoit un bel exterieur de clemence: mais Julien en ufoit ainfi, dit Ammian Marcellin, afin qu'ayant augmenté la divifion par la licence, il fût délivré de la crainte qu'il avoit euë d'un peuple réiny.

Les évêques Catholiques profitant de cette liberté, S. Melece revint à Antioche; Lucifer & Thcod. 111. S. Eufebe de Verceil partirent de la Thebaide pour revenir à leurs églifes: mais S. Athanafe n'ofa fortir encore de fa retraite, parce que Georges étoit toûjours le maître à Alexandrie. Les Āriens eurent la même liberté de revenir, & Aëtius en particulier fut rappellé avec honeur, parce que C'étoit l'amitié de Cefar Gallus frere de Julien qui lui avoit attiré la haine de ConftanPhiloft. 18. tius. Julien lui écrivit une lettre fort obligeante, le priant de le venir trouver, & lui donna Iul. ep. 31. même une terre auprés de Mitylene en l'Ile de Lesbos. Ilécrivit auffi à l'herefiarque Photin une lettre où il le loüoit de ce qu'il nioit la divinité de J. C. & s'emportoit furieufement contre Diodore preftre d'Antioche, & depuis évêque de Tarfe. Il ordonna fous groffe peine à Eleufius

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6.4.

Facund.

fib. 4.
p. 163 164

Sexem, LII. 4. 6.

de

de Cyzique de faire rebâtir dans deux mois, l'é- AN. 362. glife des Novatiens qu'il avoit abatue fous Conftantius. Il favorifa les Donatiftes en Afrique,

& prit le parti de tous les heretiques, non feule-Inf.n. 31. ment contre les Catholiques, mais contre les autres heretiques.

V.

verte.

Ecebal

Toutefois, ceux qui profiterent le plus de cette liberté, furent les Catholiques; & les A-Perfecuriens qui dominoient auparavant furent abaiffez. tion cou-Julien ayant apris que les Ariens avoient maltraité les Valentiniens à Edeffe, écrivit en ces Ep.43. termes: J'ay refolu d'ufer avec tous les Galiléens d'une telle humanité, qu'aucun d'eux en quelque lieu que ce foit ne foufre violence; qu'il ne foit ni traîné au temple ni maltraité en aucune autre maniere contre fa religion. Mais les Ariens infolens de leurs richeffes ont attaqué les Valentiniens, & ont commis à Edeffe des excés qui n'arriveront jamais dans une ville bien policée.. Donc pour leur aider à pratiquer leur admirable loy, & leur faciliter l'entrée du royaume des cieux, nous avons ordonné que tous les biens de l'églife d'Edeffe lui foient ôtez, l'argent pour ê-tre diftribué aux foldats, les fonds de terre pour eftre réunis à nôtre domaine; afin que devenant: pauvres ils foient plus fages, & ne foient pas privez du royaume celefte qu'ils efperent.. Tel fut le caractere de la perfecution de Julien la douceur apparente & la dérifion de l'évangile. Il dit dans une autre lettre: Par les dieux, je ne Epiß. 7. veux point que l'on faffe mourir les Galiléens, Artabio. qu'on les frappe injuftement, ni qu'on leur faffe foufrir aucun mal: mais je fuis d'avis qu'on leur prefere les ferviteurs des dieux. La folie des Galiléens a pensé tout perdre; fi la bonté des dieux ne nous avoit confervez. Et dans une autre lettre: Nous ne permettons point de les traîner aux autels au contraire nous leurs declarons net- Soz. v. c. So

:

A 7

te

Epift. 52.

Beftr.

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B. Jul. epift. 11. Byfant. so. cod.

AN. 362. tement, que fi quelqu'un d'entre-eux veut de fon bon gré participer à nos libations; il doit auparavant offrir des facrifices d'expiation & fe rendre les dieux propices. Tant nous fommes éloignez de vouloir ou de penfer qu'aucun impie prenne part à nos faints facrifices, avant qu'il ait purifié fon ame par les prieres addreffées aux dieux, & fon corps par les purifications legitimes. Un homme qui parloit ainsi, pouvoit bien avoir cherché les moyens d'effacer fon baptême. Mais en épargnant le fang des Chrétiens, il ne laiffa pas de les attaquer directement. Premierement il s'efforça de leur donner un nom méprifable en les appellant Galiléens, & il l'ordonGreg. Naz. na même par une loy. Enfuite il revoqua tous or.3.p.81. les privileges que les empereurs Chrétiens avoient accordés en faveur de la religion: comme l'exemption des charges publiques, dont les clercs joüiffoient, quoique decurions. Il ôta les penfions que Conftantin leur avoit données, auffi bien celles des vierges & des veuves que soll. Luftr. l'églife nourriffoit: car Conftantin en reglant Soz. v. c. s. les affaires des églises, leur avoit affigné un entretien fuffifant fur le revenu de chaque ville. Julien ôta ces penfions, ordonnant même la reftitution du paffé, dont l'exaction fe fit avec une extreme rigueur: mais tout fut rétabli aprés fa mort. Il fit auffi enlever l'or, l'argent, les va fes precieux & les autres richeffes des églifes: fous prétexte de faire pratiquer aux Chrétiens Ibid. p. 94. la pauvreté évangelique; & parce que l'évangile ordonne de foufrir les injures & de fuir les honeurs ; il défendit aux chrétiens de plaider, de fe défendre en juftice & d'exercer des charges Défenfe publiques. d'enfei-.. Il paffa plus loin, & défendit aux Chrétiens gner & d'enfeigner les lettres humaines: nous en avons encore l'ordonnance où il en rend cette raison.

The de

decur. l.1. ibid. de

Greg. Naz. er.3.p.86.

D.

C.

Sox.v.c.18.

VI.

d'érudier. Amm. XXV.

6.4.

que

Que

Que ceux qui enfeignent doivent eftre de bon- AN. 362. nes mœurs, & conformer leurs fentimens aux Epift. 42. maximes publiquement receuës, & à ce qu'ils enfeignent eux-mêmes. Qu'il eft de mauvaise foi d'expliquer aux jeunes gens les anciens auteurs, les leur propofant comme de grands perfonages, & condamner en même temps leur religion. Homere, dit-il, Hefiode, Demofthéne, Herodote, Thucydide, Ifocrate & Lyfias ont reconnu les dieux pour auteurs de leur doctrine: les uns ont crû eftre confacrés à Mercure, les autres aux Muses. Puis qu'ils vivent des écrits de ces auteurs: ils fe declarent bien intereffés, de trahir leur confcience pour un peu d'argent. Jufques icy il y a eu plufieurs raisons de ne pas frequenter les temples; & la terreur répanduë par tout, étoit une excufe de ne pas découvrir les fentimens les plus veritables touchant les dieux: mais puis qu'ils nous ont eux-mêmes donné la liberté, il me paroît abfurde d'enseigner ce que l'on ne croit pas. Si ceux-cy eftiment fage la doctrine des auteurs, dont ils font les interpretes: qu'ils commencent par imiter leur pieté envers les dieux. S'ils croient qu'ils fe font trompés fur ce qu'il y a de plus important, qu'ils aillent expliquer Matthieu & Luc dans les églifes des Galiléens. Il ajoûte que cette loi n'eft que pour ceux qui enfeignent; & que les jeunes gens ont la liberté d'aprendre ce qu'ils voudront. Il feroit jufte, dit-il, de les guerir malgré eux comme des frénetiques: mais je leur fais grace, & je croy qu'il faut inftruire les ignorans & non pas les punir. Cecy nous explique une loi de Julien, L. 5. Col. qui porte que les profefleurs doivent exceller, Theod. de premierement par les mœurs; & qui ordonne Med. & qu'en chaque ville, celui qui veut enseigner foit prof. examiné par le confeil; & que s'il eft aprouvé le decret foit envoyé à l'empereur pour le con

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firmer.

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