Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 362. firmer. Cette loi eft du quinze des calendes de Juillet fous le confulat de Mamertin & de Nevitta, c'est à dire du dix-feptiéme de Juin

Theod. III.

8.

6.18.

6.16.

362.

Les vrais motifs de cette défense étoient les grands avantages que les Chrétiens tiroient des livres profanes, pour combatre le paganisme: foit par l'abfurdité des fables, en elles-mêmes, foit par les raifonnements que Platon & les autres philofophes avoient employés, pour en monSexom. v. trer les fuites pernicieufes foit par la methode de parler & de raifoner que l'on aprend dans ces auteurs. Il y entroit auffi de la jaloufic que Julien avoit conceue contre plufieurs Chrétiens favans, comme S. Bafile, S. Gregoire de Nazianze, le jeune Apollinaire & plufieurs autres Socr. 111. tant Catholiques qu'Ariens. Cette défenfe excita les deux Apollinaires à composer divers ouvrages utiles à la religion. Le pere qui étoit grammairien, écrivit en vers heroïques & à l'imitation d'Homere, l'hiftoire fainte; jusques au regne de Saul, en vingt-quatre livres intitulés des vingt-quatre lettres de l'alphabet grec. Il imita Menandre par des comedies, Euripide par des tragedies, Pindare par des odes; prenant des fujets de l'écriture fainte, & fuivant le caractere, & le ftile de chaque poëme, afin que les Chrétiens fe puffent paffer des auteurs profanes pour aprendre les belles lettres. Le fils qui étoit fophifte, c'est à dire rheteur & philo→ Sez. v.11. fophe, fit des dialogues à la maniere de Platon,

pour expliquer les évangiles & la doctrine des
apôtres. Il écrivit auffi contre l'empereur &
contre les philofophes payens, un ouvrage inti-
tulé de la verité: où il montroit leur erreur tou-
chant la divinité, fans employer aucun paffage des
faintes écritures. Car l'empereur pour se moquer
des livres facrez, avoit écrit aux plus celebres evê.

ques

!

:

:

ques ces trois mots grecs: Anegno, egnon, categnon: AN. 362. c'eft à dire j'ai leu, j'ai compris, j'ai condamné fe joüant fur la rencontre des mots. On lui répondit fuivant le même jeu, qu'une autre langue ne peut exprimer : Tu as leu, mais tu n'as pas compris car fi tu avois compris, tu n'aurois pas condamné. Quelques-uns attribuoient cette réponse à S. Bafile. La perfecution de Julien dura fi peu, que les ouvrages des Apollinaires furent inutiles & on revint à la lecture des auteurs profanes; dont les Chrétiens s'étoient fervis librement dés le commencement, pour en tirer ce qu'ils ont d'utile. Auffi n'avons-nous plus ces ouvrages des Apollinaires, excepté la paraphrafe des pfeaumes.

[ocr errors]

Ecebole fameux sophiste à C. P. ceda au temps, Socr.111. & fe rendit aux careffes de Julien, à qui il avoit c. 13. enfeigné la retorique. Il avoit paru Chrétien fervent fous Conftantius: fous Julien il fut ardent payen: aprés fa mort il voulut revenir au Chriftianifme, & fe profternant à la porte de l'églife, il crioit: Foulés-moi aux pieds, comme le fel infipide. Telle fut la legereté d'Ecebole. Mais la plupart des profeffeurs Chrétiens ai- Orof.v11. merent mieux abandonner leurs chaires que leur. 30. religion. On remarque entre les autres Proëre

fius & Victorin. Le premier étoit un fameux Eunap. in fophifte d'Athenes, qui quitta volontairement Progref fon école, bien que Julien qui avoit étudié sous P. 153. lui, l'exceptât de la loi generale, & lui permit Hier. Chr. d'enseigner.

An. 363.

Victorin étoit Africain, & enfeignoit à Rome la retorique depuis long-temps; il avoit veu entre fes difciples les plus illuftres fenateurs, & on Aug. vIII. lui avoit érigé pour fon merite une ftatue dans conf.c.2. la place de Trajan: mais il étoit demeuré idolá- &c. tre jufques à la vieilleffe. A la fin il fe convertit. Hier. Chr. Il lifoit l'écriture fainte, examinoit foigneufe- An. 355.

ment

:

AN. 362. ment tous les livres des Chrétiens; & difoit en fecret à un ami Chrétien qu'il avoit, nommé Simplicien Sachés que je fuis déja Chrétien. Simplicien répondoit: Je n'en croirai rien, que je ne vous voye dans l'églife. Victorin fe moquoit de lui, en difant: Sont-ce les murailles qui font les Chrétiens? Ils fe redirent fouvent la même chose de part & d'autre : Car Victorin craignoit de choquer les amis puiffans qu'il avoit entre les idolâtres. Enfin s'étant fortifié par la lecture: il eut peur que J. C. ne le renonçât devant les faints anges, s'il craignoit de le confeffer devant les hommes; il vint trouver Simplicien lors qu'il s'y attendoit le moins, & lui dit: Allons à l'églife: je veux devenir Chrétien. Simplicien tranfporté de joye l'y conduifit. Vi&torin receut les ceremonies du catecumenat, & donna fon nom peu aprés pour être baptife, au grand étonnement de Rome & au grand dépit des payens. Quand fe vint à l'heure de faire la profeffion de foy que l'on prononçoit à Rome d'un lieu élevé, à la veuë de tous les fidelles: les preftres offrirent à Victorin de la faire en fecret, comme on l'accordoit à quelques-uns que la honte pouvoit troubler: mais il aima mieux la prononcer en public. Lors qu'il monta pour reciter le fymbole, comme il étoit connu de tout le monde, il s'éleva un murmure univerfel, chacun difant tout bas pour s'en réjouir avec fon voifin: Victorin, Victorin: un moment aprés le defir de l'entendre fit faire filence, Il pronon ça le fymbole avee fermeté; & chacun des affiftans le mettoit dans fon cœur par l'affection & la joye. Telle fut la conversion de Victorin, & peu de temps aprés, l'édit de Julien lui donna occafion de quitter fon école de retorique. Il a voit traduit en latin plufieurs livres des Platoni ciens ; & depuis fa converfion, il écrivit de la

Trinité

[ocr errors]

Trinité contre les Ariens quatre livres que nous AN. 362. avons, & des commentaires für S. Paul: mais Aug. ibid. avec peu de fuccez, parce qu'il s'étoit appliquéier. de trop tard à l'étude des faintes lettres.

Script. &

proëm, in

Gala.

civit. c. 82.

Julien ne défendit pas feulement aux Chré-p tiens d'enfeigner les lettres humaines, mais en-epift. ad core de les apprendre: ne voulant pas que leurs enfans étudiaflent les poëtes, les orateurs & les Aug XVIII philofophes ni qu'ils frequentaffent les écoles Socr. III. de ceux qui les enfeignoient. Pretendant qu'il c.12.Theod. ne devoit être permis qu'à ceux qui fuivoient la 111.6.8. religion des anciens Grecs, de s'apliquer à leurs Sexom. v. études, & même de parler purement leur lan- Greg. Naz. gue; que les Galiléens devoient demeurer dans or. 3. p. sI. Pignorance & la barbarie que les Grecs leur re-P.97. prochoient, & fe contenter de croire fans raifonner.

[ocr errors]

C. 18.

VII.

Julien

Sozom.v.

C. 16.

Mais quelque mépris qu'il témoignât pour les Chrétiens, il fentoit l'avantage que leur donnoit veut imi la pureté de leurs mœurs & l'éclat de leurs ver- ter les tus. Il voulut donc les imiter & profiter de leur Chrétiens. exemple, pour reformer le paganifine: qui faifait peu de progrez, nonobftant fa puiffante protection. Voici comme il s'en explique, écrivant Jul. epift. à Arface fouverain pontife de Galatie: L'Helle-49. nisme ne va pas encore comme il devroit & c'eft par nôtre faute. De la part des dieux tout eft grand & magnifique, au deffus de tous les fouhaits & de toutes les efperances. Soit dit fans les offenfer: qui eût ofe, il y a quelque temps. efperer un tel changement? Quoi donc, croyonsnous que cela fuffife? fans regarder ce qui a le plus accrû l'atheïfme, fçavoir l'hofpitalité, le foin des fepultures & la feinte gravité des mœurs: nous devons pratiquer tout cela veritablement. Et il ne fuffit pas que vous foyez tel, tous les pontifes de Galatie le doivent eftre. Perfuadezleur d'être gens de bien par raifon ou par crain

te,

AN. 362. te, autrement privez-les des fonctions du facerdoce s'ils ne fervent les dieux avec leurs femmes, leurs enfans & leurs domeftiques; & s'its fouffrent que dans leurs familles il y ait des Galiléens. Avertiffez-les enfuite qu'un facrificateur ne doit point aller au theatre, ni boire dans un cabaret, ni exercer un métier vil ou honteux. Honorez ceux qui obéïront, & chaffez les

autres.

Etabliffez en chaque ville plufieurs hôpitaux, pour exercer l'humanité envers les étrangers: non feulement d'entre les nôtres; mais envers tous, pourvû qu'ils foient pauvres. J'ai déja reglé le fonds neceffaire pour cette liberalité en commandant que l'on donnât tous les ans par toute la Galatie trente mille boisseaux de bled, & foixante mille feptiers de vin : dont je veux quele cinquième foit employé pour les pauvres qui fervent les facrificateurs : le refte diftribué aux étrangers & aux mendians. Car il eft honteux qu'aucun Juif ne mendie: que les impies Galiléens, outre leurs pauvres nourriffent encore les nôtres ; & que nous les laiffions fans fecours. Aprenez aux Hellenistes de contribuer pour ces œuvres, & à ceux de la campagne d'offrir aux dieux les prêmices des fruits. Montrez-leur que ces liberalitez font de nos anciennes maximes. Odyffxiv. Enfuite il raporte trois vers de l'Odyffée, où Homere faifant parler Eumée, reprefente l'obligation d'affifter les étrangers & les pauvres, comme envoyez par Jupiter.

2.56.

Julien continue ainfi Voyez rarement les gouverneurs chez eux : écrivez-leur le plus fouvent. Quand ils entrent dans la ville, qu'aucun facrificateur n'aille au devant : mais feulement quand ils viennent aux temples des dieux, & qu'il demeure au dedans du veftibule: qu'aucun foldat n'y entre devant eux; mais qui voudra les

fuivre.

« AnteriorContinuar »