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Mais elles avoient moins de fuccez à Milan où il prêchoit plufieurs fe plaignoient qu'il relevoit trop la virginité; & les meres enfermoient leurs filles, de peur qu'elles n'affiftaffent à fes inftructions, ou qu'elles n'allaffent fe confacrer entre fes mains. Les difcours qu'il avoit fait fur cette matiere ayant eu tant de fuccez, fainte Marcelline fa fœur qui avoit depuis long-temps fait vœu de virginité à Rome, l'en felicita par lettres: & le pria de les lui envoyer, puifqu'elle ne pouvoit le venir entendre. Ce fut donc à fa priere qu'il recueillit en trois livres intitulez des vierges, les fermons qu'il avoit fait fur ce fujet: dont le premier contient l'éloge de fainte Agnés, parce qu'il fut prononcé le jour de fa fefte. Il y marque que les vierges de Boulogne étoient au nombre de vingt; qu'elles travailloient Eod.c.10. de leurs mains, non feulement pour vivre, mais pour faire des liberalitez; & qu'elles avoient un żele & une induftrie finguliere, pour attirer d'au tres filles à cette fainte profeffion. Il exhorte c.11. les filles à fe confacrer, même malgré leurs parens. Dans le troifiéme livre, il raporte le dif-111. De cours que le pape Libere avoit fait à fainte Mar- virgin. 6. L celline, en lui donnant l'habit de vierge dans l'église de S. Pierre le jour de Noël. Elle ne vivoit pas en communauté, mais avec les parens, comme plufieurs vierges en ce temps-la. Elles Id. Deviravoient à l'églife leur place feparée par des plan-gin.lapf... ches, & on y voyoit des fentences de l'écriture fur les murailles pour leur inftruction. ››

Le livre des veuves fuivit peu de temps aprés, à l'occafion d'une femme, qui fous pretexte qu'il l'avoit exhortée à quitter le deuil, & à fe confo ler de la mort de fon mari, avoit voulu fe remarier ayant déja des filles mariées. Il y releve l'indecence de ces mariages: mais il prend grand foin de declarer, qu'il ne condamne point les

fe

-6.7.

c. 5.

6.11. fecondes noces: comme dans les livres des vier1. De virg. ges, il ne manque pas d'établir la fainteté da mariage. Dans le livre des veuves, il parle ainfi c. 9. n. 55. de l'invocation des faints: Il faut prier les anges, qui nous font donnez pour nôtre garde & les martyrs, dont les corps femblent nous eftre des gages de leur protection: ils font les infpecteurs de nôtre vie & de nos actions. S. Ambroise écrivit un peu aprés un traité de la virginité: où il fe défend contre ceux qui l'accu foient de la perfuader, & de défendre le mariage aux filles confacrées à Dieu. Il avoiie hautement le fait mais il montre que la virginité n'eft ni mauvaise, ni nouvelle, ni inutile. On fe plaint, dit-il, que le genre humain va manquer. Je demande, qui a cherché une femme fans en trouver, quelle guerre ou quel meurtre on a veu pour une vierge? ce font des fuites du mariage de tuer l'adultere, de faire la guerre au raviffeur. Le nombre des hommes eft plus grand dans les lieux où la virginité eft plus eftimée. Informez-vous combien l'églife d'Alexandrie, celles de tout l'Orient & d'Afrique ont accoûtumé de confacrer des vierges tous les ans : il y en a plus que ce païs-cy ne produit d'hommes.

c. 6.

6.7.

XXXIX.

11. Offic.c. 15.n.70.

Les ravages des Goths dans la Thrace & dans Charité l'Illyrie s'étendirent jufques aux Alpes, & donnede S. Am-rent matiere à S. Ambroife d'exercer fa charité. broife. Il s'appliqua à racheter les captifs, & y employa même les vafes de l'églife, qu'il fit brifer & fondre pour cet effet: mais feulement ceux qui n'étoient point encore confacrez, refervant Ibid. c 28. ceux qui l'étoient pour un plus grand befoin. Les Ariens lui en firent un reproche, dont il ne fe défendit, qu'en foûtenant qu'il étoit plus avanta geux de conferver à Dieu des ames que de l'or. Car en rachetant ces captifs, on ne fauvoit pas feulement la vie aux hommes & l'honneur aux

fem

femmes; mais la foi aux enfans & aux jeunes gens, qu'ils auroient contraint de prendre part a leur idolatrie. S. Ambroise dit à cette occafion: L'église a de l'or, non pour le garder, mais pour le diftribuer & fubvenir aux neceffitez. Et enfuite: Je reconnois que le fang de J. C. répandu dans l'or n'y a pas feulement brillé, mais qu'il y a encore imprimé la vertu de la redemption. On void ici ce qu'il croyoit de la liqueur contenue dans le calice: on void qu'il y avoit des vafes confacrez, & d'autres qui ne l'étoient pas : on void enfin que les églifes étoient richement fervies, puis qu'il ne parle que de va fes d'or.

En cette même occafion, comme les peuples Epift.2. al d'Illyrie fuyant les barbares fe retiroient en Ita 19.%. 28. lie, S. Ambroife écrivit à Conftantius nouvel évêque de la Romagne; & entre plufieurs inftructions qu'il lui donna, il l'avertit de fe donner de garde de ces Illyriens la plufpart infectez de l'Arianifme, à caufe de Valens, d'Urface & des autres évêques heretiques qui y avoient fi longtemps regné. Il lui recommande donc de ne pas permettre qu'ils aprochent des fidelles. Il ajoûte que la vigueur de la fageffe eft de ne pas croire legerement; & toutefois il veut que Conftantius foit facile à recevoir ceux qui voudront revenir, pour ne les pas éloigner: mais que fans s'y fier entierement, il leur laifle croire qu'il eft content d'eux. Je vous recommande, dit-il, l'égli- n. 27. fe de Forum Cornelii: on croit que c'eft Imola; afin qu'étant voifin, vous la vifitiez fouvent, jufques à ce qu'on y ordonne un évêque. L'occupation que me donne l'aproche du carême, m'empêche de me tant éloigner. Cette occupation du carême étoit fans doute l'inftruction des catecumenes. Il s'y appliquoit tellement, qu'au Paulin.Vito, { temps de fa mort cinq évêques purent à pei- n. 38.

ne

Admonit.in

ne remplir ce qu'il avoit accoûtumé de faire feul.

XL. Vers le même temps il perdit Satyre fon freMort de re, fur qui il s'étoit déchargé du foin de toutes S.Satyre. fes affaires temporelles. Satyre voulut paffer en lib. de exc. Afrique, pour faire payer un nommé Profper, Sat. Ambr. qui s'aplaudiffoit, dit S. Ambroife, croyant que dé Exc.Sat. mon facerdoce lui feroit une occafion de ne me n. 24. pas rendre ce qu'il m'avoit pris. Satyre s'étant embarqué en hyver & dans un vieux bâtiment fit naufrage & penfa perir. Il n'étoit pas baptifé, Ibid. n. 43. & pour ne pas mourir entierement privé des SS. myfteres, c'eft à dire l'euchariftie, il la demanda à ceux qui étoient baptifez. Mais comme il n'étoit pas permis même de la voir à d'autres qu'aux fidelles; il la fit enveloper dans un orarium: c'étoit une espece de long mouchoir, que les Romains portoient au col en ce temps-là. Il le prit fur lui, fe jetta ainfi dans la mer fans chercher de planche pour fe foûtenir, & arriva le V. Greg. premier à terre. On voit ici que les Chrétiens 111.dialog. portoient avec eux l'euchariftie dans les voyages,

c. 36.

B. 46.

n. 47.

& la regardoient comme un prefervatif dans les perils. Satyre étant échappé de celui-ci, & perfuadé que le facrement qui l'avoit ainfi protegé, lui feroit bien plus utile quand il le recevroit au dedans, fe preffa de fe faire baptifer. Il fit donc venir l'évêque du lieu, & pour s'affurer de fa foi, il lui demanda s'il communiquoit avec les évêques catholiques, c'eft-à-dire avec l'églife Romaine. Ainfi parle S. Ambroise, de qui nous tenons tout ce recit. Satyre trouva que l'église de ce lieu étoit du fchifme de Lucifer: apparemment c'étoit en Sardaigne. Et il aima mieux s'expofer à la mer encore une fois, que de recevoir le baptême de la main d'un fchifmatique, quoique ce fchifme ne fût accompagné d'aucune er ≈ 48, 52. reur dans la foi. Etant abordé en païs de catho

liques,

1.17.19.

n. 59.

liques, il reçeut la grace du baptême, & la conferva.jufques à fa mort. Il fe propofa même de garder la continence: mais il en faifoit un fecret à fon propre frere. Il mourut à fon retour à Milan entre les bras de S. Ambroise & de fain-" te Marcelline, & leur laiffa la difpofition de fon bien fans faire de teftament. Ils crurent qu'il ne les en avoit fait que difpenfateurs, & donnerent tout aux pauvres. Les funerailles de S. Satyre n. 78. furent faites avec folemnité, & S. Ambroise y prononça fon oraifon funebre, en presence du corps expofé à découvert. Le feptième jour d'aprés on revint au tombeau pour y faire les prieres accoûtumées; & S. Ambroife y prononça encore un difcours, pour montrer comme on doit fe confoler de la perte des perfonnes les plus cheres, par la foi de la refurrection. L'église honore la memoire de S. Satyre le dix-feptième Martyr. de Septembre.

Rom.

XLI.

Dans cet intervalle, entre la mort de Valens Concile & l'élection de Theodofe, il fe tint un concile de Rome à Rome d'un grand nombre d'évêques de toutes pour S. les parties d'Italie, qui adrefferent une lettre aux Damase. deux empereurs Gratien & Valentinien. Ils les remercient de ce que pour reprimer le fchifme T. 2. Conc. d'Urfin dés le commencement, ils avoient or-P1001. donné que l'évêque de Rome jugeroit les autres évêques, enforte qu'ils ne feroient point fujets au tribunal des juges laïques ; & que les caufes ecclefiaftiques feroient examinées en confcience, & par la confideration des mœurs des parties, non par les formalitez judiciaires & les rigueurs de la queftion. Ils fe plaignent enfuite qu'Urfin, quoique relegué depuis long-temps, ne laiffoit pas de folliciter la lie du peuple, par les clercs qu'il avoit ordonnez contre les regles: qu'à fon exemple quelques évêques déja condamnez par le jugement du pape, ou craignant avec raifon

de

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