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Phot.ibid.

mens. Flavien écrivit une lettre aux fidelles de la province d'Ofroëne où étoit Edeffe, pour les informer de ce qui s'étoit paffé: & il y marquoit, que les heretiques avoient été battus & anathematisez. Les évêques d'Ofroëne remercierent Flavien, & aprouverent fa conduite: toutefois il ne laiffa pas de demeurer un grand nombre de Maffaliens en Syrie.

Ceux qui en furent chaffez, fe retirerent en Pamphylie. Mais S. Amphiloqué évêque d'Icone en Lycaonie, voifine de cette province, en délivra le païs, & affembla contre-eux un con cile à Side metropole de la Pamphylie, où vingtcinq évêques fe trouverent avec lui. Ils écrivirent à S. Flavien d'Antioche une lettre fynodale, pour l'informer de ce qui s'étoit paffe. Dans les actes de ce concile, S. Amphiloque avoit fait inferer les propres paroles des heretiques, qui montroient clairement la difference de leur doЄtrine. Letoïus évêque de Melitine en Armenie, écrivit auffi à S. Flavien, pour s'informer Theod iv. des Maffaliens; & aprit comme ils avoient été condamnez en concile. Surquoi Letoïus animé de zéle, & voyant plufieurs monafteres infectez de cette erreur, les brûla & chaffa les heretiques. Mais ils trouverent de la protection auprés d'un autre évêque d'Armenie, à qui S. Flavien fut obligé de s'en plaindre.

hift.c.11.

Schifme

XXVII. Le fchifme d'Antioche duroit toûjours. L'éd'Antio- vêque Paulin mourut vers l'an 389. mais le peu che. Con- ple de fon parti ne voulut pas pour cela recon cile de noître Flavien: ils avoient un autre évêque, fçaCapoue. voir le preftre Evagre ami de S. Jerôme, fils Secr... 15 de Pompeien, d'une famille illuftre à Antioche. Soz.VII. c.15.Hier. Paulin feul l'avoit établi dés fon vivant, violant Chr.an. en cela plufieurs canons. Car il étoit défendu à un évêque d'ordonner fon fucceffeur: tous les évêques de la province devoient eftre appellez à

273.

Theod.v.c.

23.

l'or

l'ordination, & trois au moins devoient y affifter. Les Occidentaux ne laifferent pas de reconnoître Evagre pour évêque d'Antioche, & de communiquer avec lui, comme ils avoient fait avec Paulin. Car ceux de ce parti reprochoient toû jours à Flavien qu'il avoit violé fon ferment; pretendant qu'étant preftre, il avoit juré avec les autres, de ne point donner de fucceffeur Melece pendant la vie de Paulin. Ainfi de part & d'autre, chacun s'appuyoit plus fur les dé fauts de l'ordination de fon competiteur, que fur la regularité de la fienne. Il fe tint un concile à Ibid. n. z. Capoue en Italie, où on accorda la communion à tous ceux qui profeffoient la foi catholique, & quant au differend d'Evagre & de Flavien, on en renvoya l'examen à Theophile d'Alexandrie & aux évêques d'Egypte : parce qu'ils ne paroiffoient point préoccupez, n'ayant embratfé la communion d'aucun des deux.

V. Not in

12.anath.

Le même concile de Capoue renvoya le juge- Epiffynd. ment de Bonose évêque de Sardique aux évê-ap. Ambr ques voisins, principalement à ceux de Mace- 6.5.76. 35. doine, avec Anyfius de Theffalonique leur me- Ambr.de tropolitain. Bonofe attaquoit comme Jovinien inftit. virg. la virginite perpetuelle de Maric, pretendant Mar. Merc. qu'elle avoit eu d'autres enfans aprés la naillance differt.de de e J. C. dont il nioit même la divinité commen. 15.p.128. Photin, enforte que les Photiniens furent depuis Sup.n.40. nommez Bonofiaques. Les évêques de Mace-Gennad. doine voulurent renvoyer aux évêques d'Italie catal.c.14. ad Audent le jugement de Bonofe. Mais ceux-ci leur répondirent: Puis que le concile de Capoue vous a donnez pour juges, nous ne le pouvons plus eftre: c'est vous qui avez l'autorité du concile. On voit ici un exemple de la déference des évêques pour leurs confreres, & de leur crainte d'entreprendre les uns fur les autres; & cet exemple eft: d'autant plus remarquable, que Cc 4

quel

Holfen. collect. R. P. 189.

Innoc. I.ep. 22.3.5.

56.

32. 3.

quelques-uns- même entre les Romains, attribuent au pape Sirice cette lettre des évêques d'Italie. Anyfius de Theffalonique & les autres évêques de Macedoine, jugerent enfin la cause de Bonofe; & refolurent que l'on recevroit ceux qu'il avoit ordonnez par attentat, aprés avoir été interdit de fes fonctions. Les évêques de Macedoine firent ce decret contre les regles, par la neceffité du temps: de peur que fes clercs demeurant avec Bonofe, n'augmentaffent le fcandale.

Evagre preffoit l'execution du concile de Capoue; mais Flavien n'y vouloit point fatisfaire, ni se foûmettre au jugement des évêques d'Egypte au contraire il recommençoit à prefenter des requeftes à l'empereur, & en obtenoit des refcrits. Theophile d'Alexandrie en écrivit à S. Ambroise, qui lui répondit en ces termes : Evagre n'a pas fujet de preffer, & Flavien a fujet Ambre de craindre; c'eft pourquoi il évite le jugement. Qu'ils pardonnent à nôtre jufte douleur: tout le monde eft agité à caufe d'eux; & toutefois ils Ane compatiffent point à nôtre affliction, & ne prenent point un parti conforme à la paix de J. C. Et enfuite: On fatiguera encore de vieux évêques, ils quitteront les faints autels pour paffer les mers ceux à qui leur pauvreté n'étoit point à charge, feront reduits à la fentir, ou à ôter les fecours aux autres pauvres. Cependant Flavien feul fe croit affranchi des loix: ni les ordres de l'empereur, ni l'affemblée des évêques ne le peuvent obliger à fe prefenter. Nous ne donnons pas pour cela gain de cause à nôtre frere Evagre: car nous voyons avec peine, que chacun s'appuye fur le défaut de l'ordination de fon competiteur, plûtôt que fur la regularité de la fiere. Et enfuite: Il faut donc que vous préffiez encore nôtre frere Flavien: afin que s'il

n. 4.

n. 5. 2. 6,

con

continue dans fon refus, nous confervións la paix avec tous, fuivant le concile de Capoue, fans que la fuite de l'une des parties rende fon decret inutile. Au refte nous croyons que vous devez faire part de ceci à nôtre faint frere l'évêque de Rome: parce que nous ne doutons pas que vôtre jugement ne foit tel, qu'il ne puiffe le defaprouver; & c'eft le moyen d'établir une paix folide, fi nous fommes tous d'accord de ce que Vous aurez decidé.

17..

Le pape fe plaignit encore à l'empereur de la Theod v. conduite de Flavien. Vous abatez, difoit-il, les hift. c. 2. tyrans qui s'élevent contre vous, & non pas ceuxqui attaquent les loix de J. C. Theodofe incon-tinent aprés fon retour à C. P. en Novembre. 391. y avoit déja fait venir Flavien, & lui avoit ordonné d'aller à Rome; voulant fatisfaire aux inftances du pape & des autres évêques d'Occident, qui le preffoient de faire ceffer le fchifme. d'Antioche. Flavien s'excufa pour lors fur l'hiver, & s'en retourna chez lui, promettant d'y aller au printemps prochain. Sur les nouvelles. inftances du pape, l'empereur manda encore Fla-vien, & le prefla.de partir pour aller à Rome. Alors Flavien lui dit hardiment: Si l'on m'accufe d'errer dans la foi, ou de mener une vie indigne du facerdoce, je ne veux point d'autres. de juges que mes accufateurs s'il ne s'agit que mon fiege & d'une difputé de préféance, je ne me défendray pas, & je cederay la premiere. place à qui la voudra prendre.. L'empereur tou-ché de cette generofité, le renvoya gouverner fon églife. Evagre mourut peu de temps aprés; Sor.v.c.155. & Flavien fit enforte que l'on n'en mit plus d'autre à fa place: mais ceux qui avoient de l'averfion“ pour Flavien continuerent de tenir à part leurs affemblées.

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L'évêque Theophile s'appliquoit cependant à XXVII.

Cc 5

Sedition

1

drie.

SocT.V.c.16.

des païens détruire l'idolatrie en Egypte, où elle étoit fi d'Alexan- enracinée. Il y avoit à Alexandrie un ancien Ruff 11. temple de Bacchus, tellement negligé, qu'il ne hift.c.22. reftoit d'entier que les murailles. Theophile ju Sox VII. gea à propos de le demander à l'empereur TheoC. IS. dofe, pour augmenter le nombre des églifes, à proportion de l'accroiffement du peuple fidelle. L'ayant obtenu, il commença à le faire nettoyer, & en ôter les idoles. Dans les lieux foûterrains & fecrets, que les payens nommoient en grec Adyta, & qu'ils eftimoient facrez; on trouva des figures infames que les grecs nommoient Phallaous, & d'autres feulement ridicu les, que Theophile fit exprés montrer en public & x promener par la ville, pour faire honte aux payens de leurs myfteres. Ils ne le purent fouffrir. Les philofophes en furent offenfez : le peuple entra en fureur; & non content des cris féditieux, ils en vinrent aux mains, & prirent les armes. Plufieurs combats furent livrez dans les rues, & il en demeuroit fur la place de part & d'autre mais les Chrétiens, quoique plus forts, étoient retenus par la modeftie de la religion; & les payens aprés en avoir tué plufieurs, fe retiroient au temple de Serapis, comme à leur fortereffe. Ils en fortoient tout d'un coup, & y traînant les Chrétiens qu'ils pouvoient furprendre, ils les forçoient à facrifier fur les autels; & s'ils le refufoient, ils leur faifoient fouffrir les tourmens les plus cruels, les crucifioient, leur caffoient les jambes, & les jettoient dans des caves, bâties exprés, pour eftre les égouts du fang des victimes & des autres immondices, qui etoient les fuites des facrifices fanglans.

:

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D'abord les payens commettoient ces violences avec crainte: enfuite ils s'enhardirent, & enfin n'ayant plus rien à ménager, ils agirent en defefperez, & fe conferverent quelque temps dans

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