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Plut. in Apophtheg.

P. 172.

La Cour Interrogavit fapientes .... & Darius. illorum faciebat cuncta confilio; il paioit de fa perfonne dans les combats, où il Efther, 1. 13. gardoit toujours fon fang froid, & il difoit de lui-même que le danger le plus vif & le plus preflant ne fervoit qu'à augmenter fon courage & fa prudence: enfin il y a eu peu de Princes plus habiles que lui dans l'art de régner, & plus expérimentés dans la guerre. La gloire de Conquérant, fi c'en est une véritable, ne lui manqua pas. Car, non feulement il rétablit & affermit entiérement l'Empire de Cyrus, qui avoit été fort ébranlé par Cambyfe & par le Mage: il y ajouta encore plufieurs grandes & riches provinces, & en particulier les Indes, la Thrace, la Macédoine, & les îles qui baignent les côtes de l'fonie.

Mais quelquefois ces bonnes qualités faifoient place à des défauts tout oppofés. Regonhoit-on la bonté & la douceur de Darius dans le traitement qu'il fit à ce pere infortuné, qui de trois fils qu'il avoit, le pria de lui en laisser un pendant que les autres le fuivroient dans les campagnes? Y eut-il jamais occafion où le confeil fût plus neceffaire que dans le deffein qu'il forma de porter la guerre contre les Scythes? & pouvoiton lui en fuggérer un plus fage que ce

DARIUS. lui que lui donna son frere? il ne l'exécuta pas. Paroit-il dans toute cette expédition aucune marque de fageffe, ou de prudence? & n'y voit-on pas par tout un Prince enivré de fa grandeur, réfifter peut qui croit que rien ne lui & en qui la folle ambition de se signaler par une conquête extraordinaire, étoufe tout ce qu'il avoit montré jufques-là de bon fens, de jugement, d'habileté même dans la guerre ?

Ce qui fait la folide gloire de Darius, c'eft d'avoir été choifi de Dieu même, aufli bien que Cyrus, pour être l'inftrument de fes miféricordes fur fon peuple, le protecteur déclaré des Ifraélites, & le reftaurateur du temple de Jérufalem. On en peut voir l'hiftoire dans Efdras, & dans les prophétes Aggée & Zacharie,

ab

CHAPITRE

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CHAPITRE SECOND.

HISTOIRE DE XERXES, 3. jointe à celle des Grecs.

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E régne de Xerxès n'a été que de douze ans, mais il eft rempli de grands événemens,

§. I. Xerxès, après avoir réduit l'Égypte, fe prépare à porter la guerre contre les (Grecs. Il tient confeil. Sage difcours -d'Artabane. La guerre eft refolue.

Av.J.C. 485

XERXES étant monté fur le trône, XERXES. emploia la premiére année de fon régne à continuer les préparatifs que fon pere AN. M. 1519. avoit commencés pour la réduction de Herod. lib. L'Égypte. Il confirma aux Juifs de Jéru- 7. cap. s. falem tous les priviléges qui leur avoient Jofeph Antiq. lib. 11. été accordés par fon pere, particuliére- cap. 1, ment celui qui leur allignoit le tribut de Samarie pour le fournir de victimes dans le culte qu'ils rendoient à Dien dans fon temple,

La feconde année de fon régne, il AN. M. 5520. marcha contre les Égyptiens & après Av. J.C. 484. avoir vaincu & fubjugué ces rebelles, 7. cap. 7.

Tome III.

H

Herod. Lib

XERXES. il appefantit le joug de leur fervitude; & aiant donné le gouvernement de cette province à fon frere Achéméne, il revint vers la fin de l'année à Sufe.

Aul. Gel.

Le fameux hiftorien Hérodote nalib. 15. cap. quit cette année à Halicarnaffe en Carie. Car il avoit 53 ans lorfque la guerre du Péloponnése commença.

23.

Av.J. C. 483.

AN. M. 3521. Xerxès, enflé du fuccès qu'il avoit Herod. lib. eu contre les Égyptiens, réfolut de faire 7.cap. 8-18. la guerre aux Grecs, (Il ne prétendoit Plut. in plus, difoit-il, qu'on achetât pour lui Apophth. P. des figues de l'Attique qui étoient ex173. cellentes, & ne vouloit en manger que

lorfque le pays lui appartiendroit.) Avant que de s'engager dans une entreprife de cette importance, il crut devoir affembler fon Confeil, & prendre les avis de tout ce qu'il y avoit de plus grands & de plus illuftres perfonnages à fa Cour. Il leur propofa le deffein qu'il ayoit de porter la guerre contre la Gréce, Ses motifs étoient, le defir d'imiter fes prédéceffeurs, qui tous avoient illuftré leur nom & leur régne par de nobles entreprises, l'obligation où il étoit de venger l'infolence des Athéniens, qui avoient ofé attaquer Sardes, & l'avoient réduite en cendres; la néceffité de réparer l'affront reçu à la bataille de Marathon, l'efpérance des

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grands avantages qu'on pourroit tirer XERXES.
de cette guerre, qui entraîneroit après
elle la conquête de l'Europe, le plus
riche & le plus fertile pays qui fût dans
l'univers. Il ajoutoit que cette guerre
avoit déja été réfolue par fon
pere Da-
rius, dont il ne faifoit que fuivré &
exécuter les intentions; & il finit en
promettant de grandes récompenfes à
ceux qui s'y diftingueroient par leur va-
leur.

Mardonius, le même qui fous Da
rius avoir fi mal réuffi, mais que fes
mauvais fuccès n'avoient pas rendu plus
fage ni moins ambitieux, & qui defi-
roit extrêmement d'avoir le commande
ment des troupes, parla le premier. Il
commença par élever Xerxès au-deffus
de tous les Rois qui l'avoient précédé,
& de tous ceux qui devoient le fuivre.
Il montra l'indifpenfable néceffité de
yenger l'injure faite au nom Perfan, Il
décria les Grecs, comme des peuples
lâches & timides, fans courage, fans
force, fans expérience de la guerre. Il
en apporta pour preuve la conquête
que lui-même avoit faite de la Macé
doine, qu'il exagéra avec des termes
pleins de fafte & de vanité, montrant
qu'il n'avoit trouvé aucune résistance,
Il ne craignoit pas d'allurer qu'aucun

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