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débarquement, ils fe retirérent, & rentrérent dans la place avec toutes leurs forces, défefpérant, après la perte qu'ils venoient de faire de leur foffé revétu de paliffades, de pouvoir empécher que la contrevallation ne fût pouffée jufqu'à la mer.

Cependant les Athéniens, qui s'étoient contentés de conftruire un fimple mur dans les hauteurs d'Épipole, & au travers des endroits efcarpés & de difficile accès, étant defcendus dans la plaine, commencérent à élever au pié des hauteurs un double mur, qui devoit être prolongé jufqu'à la mer : favoir, un mur de contrevallation contre les affiégés, & un autre mur de circonvallation contre les troupes Syracufaines du dehors, & contre celles des alliés qui pous voient venir au fecours de la ville.

Depuis ce jour Nicias, qui étoit resté feul Général, conçut de grandes efpérances. Car plufieurs peuples de Sicile, qui jufques-là n'avoient point encore pris de parti, vinrent fe joindre à lui, & de tous côtés il lui arrivoit des vaiffeaux chargés de provifions pour fon armée, chacun s'empreflant de fe déclarer en fa faveur, parce que fes affaires avoient pris le deffus, & qu'il avoit Eu en tout un bonheur extraordinaire,

NOTHUS

DARIUS Déja même les Syracufains, fe trouvant bloqués par terre & par mer, & n'efpérant plus de pouvoir défendre leur ville, lui faifoient des propofitions d'accommodement. Gylippe, qui venoit de Lacédémone á leur fecours', aiant appris en chemin l'extrémité où ils étoient réduits, & croiant toute l'île perdue, continua fa route, non plus dans le deffein de défendre la Sicile, mais pour conferver aux peuples d'Italie les villes qu'ils y avoient, s'il en étoit encore tems, & fi cela étoit poffible. Car la renommée avoit répandu de tous côtés que les Athéniens étoient déja maîtres de tout, & qu'ils avoient à leur tête un Capitaine, que fa prudence & fon bonheur rendoient invincible. Nicias lui-même, devenu, contre fon naturel, plein de confiance en fes forces, & enflé par fes heureux fuccès, perfuadé d'ailleurs par les nouvelles fecrettes qu'il avoit tous les jours de Syracufe, & par les gens qu'on lui envoioit, qu'inceffamment il alloit avoir ville par compofition, ne fit aucun compte de l'approche de Gylippe, & ne prit aucunes précautions pour l'empécher d'aborder, fur-tout depuis qu'il eut appris qu'il avoit fort peu de vaiffeaux avec lui; & il le traitoit de cor

pas

faire & de pirate, qui ne méritoit qu'on s'en mît en peine. Un bon Général doit bien fe donner de garde de relâcher fes foins & fa vigilance dans les bons fuccès, la moindre négligence étant capable de tout ruiner. Que Nicias eût envoié le plus petit détachement pour s'opposer à l'approche de Gylippe, il étoit maître de Syracufe, & tout étoit fini.

§. XIII. Syracufe fonge à capituler. L'arrivée de Gylippe change la face des chofes. Nicias, forcé par fes Collégues, donne un combat fur mer, & eft vaincu. Ses troupes de terre font auffi battues.

XIX. Année de la guerre.

NOTHUS.

LES ouvrages des Athéniens étoient Thucyd. lib: prefque entiérement achevés, & ils 7. pag. 485489. avoient tiré un double mur de la lon- Plut. in gueur de près d'une demie lieue le long Nic. p. 535. de la plaine & du marais vers le grand "Diod. lib. port, & il s'en faloit peu qu'ils n'y fuf- 13. pag. 138. fent arrivés. Il ne reftoit plus auffi du 139. côté de Trogile qu'une petite partie du mur à achever. Syracufe étoit donc près de fa ruine, & fe voioit fans reffource, n'étant point en état de réfifter par elle

DARIUS même aux ennemis, & n'efpérant plus de fecours. Ainfi on réfolut de fe rendre. On convoqua l'assemblée pour régler les articles de la capitulation qu'on devoit présenter à Nicias, & plufieurs étoient d'avis qu'on hâtât la conclufion de cette affaire, avant que la ville fût entiérement enfermée.

Jéges.

C'est dans ce moment là même, & dans l'extrémité la plus preffante, qu'un Officier, nommé Gongyle, arriva de Corinthe fur une galére à trois rangs de rames. A son arrivée, toute la ville s'affemble en foule autour de lui. Il déclare à haute voix que Gylippe arrive inceffamment, & qu'il est suivi de plufieurs autres galéres qui viennent à leur fecours. Les Syracufains étonnés ou plutôt étourdis de cette nouvelle, n'ofent y ajouter foi. Pendant qu'ils étoient ainfi flotans & incertains, furvient un courier de Gylippe, qui leur annonce fa venue, & leur ordonne de fortir avec toutes leurs troupes au devant de lui. Lui-même, après avoir pris en paffant un * fort, marcha en bataille droit à Épipole; & étant monté par Euryele, comme avoient fait les Athéniens, il se mit en état de les attaquer par attaquer par dehors, pendant que les Syracufains les attaqueroient de leur côté avec les forces de Sy

racufe & les fiennes. Les Athéniens, fur- NOTHUS. pris de cette venue plus qu'on ne peut le dire, fe rangérent en bataille fous leurs murs à la hâte & avec peu d'ordre. Pour lui, mettant bas les armes quand il fut proche, il leur envoia dire par un Héraut: Qu'il leur donnoit cinq jours pour fortir de la Sicile. Nicias ne daigna pas faire la moindre réponse à une telle propofition. Quelques-uns des foldats fe mettant à rire, demandérent au Héraut: Si la préfence d'une cappe Lacédémonienne & d'un méchant bâton pouvoit apporter quelque changement à l'état préfent de la ville. On fe prépara donc au combat de part & d'autre.

Gylippe emporta d'affaut le fort de Labdale, où il fit main baffe fur tout ce qui y étoit. Le même jour une galére Athénienne fut prife en entrant dans le port. Enfuite les affiégés tirérent un mur en montant de la ville vers Épipole, pour couper le mur fimple des Athéniens vers l'extrémité, & leur ôter toute communication avec les troupes poftées dans les retranchemens qui environnoient la ville du côté du nord vers Tyque & vers Trogile. Les Athéniens, après avoir achevé le mur qui alloit jufqu'à la mer vers le grand port, étoient remontés fur les:

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