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SEPTIEME GROUP E.

Je ferois d'autant plus perfuadé que l'Autel du groupe précédent, est une offrande, que celui que je vais décrire représente le même fait avec des circonstances à peu près pareilles. Le Soldat que l'on voit ici fur un genou, & qui porte un cafque blanc, léve la main gauche, & offre de la droite une plante, qui peut être l'Agroftis. Diodore femble autorifer cette idée, il nous apprend que les Egyptiens ont vécu dans les commencemens de l'herbe nommé Agroftis. En mémoire de l'utilité qu'ils en ont retirée, ils en portent, dit-il, dans leurs mains quand ils vont faire leurs prieres aux Temples.

Ce nom d'Agroftis me paroît donner une idée générale. Car on voit dans la huitieme génération de Sanchoniaton, un homme nommé Agros, un autre Agroueros ou Agrotes ; & dans les notes de Philon, Agrotés est traduit par un homme de la Campagne. Ce nom Grec me paroît n'indiquer ici qu'une plante champêtre, & produite fans culture. On peut même faire d'autant moins de fond fur cette façon de parler pour retrouver l'efpece de nourriture qu'elle exprime, que ce terme est vague & général. Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'elle ne peut être une herbe, comme Diodore l'avance, mais une plante, dont la graine ou la racine doivent avoir de la confiftance, & qu'on ne doit chercher que dans les farincuses. Ce fait eft d'autant plus vrai, que Diodore luimême en parle comme étant falutaire pour les animaux, & bonne pour leur engrais; il femble même qu'elle étoit employée de fon temps à cet ufage. Un Voyageur Botaniste en donnera quelque jour la connoiffance à l'Europe, & pourra, felon les apparences, attribuer toutes les propriétés de cette plante au Lotus, dont Ifis ou Ménés inventerent la manière de faire du pain. Je reviens à la defcription. Le Soldat fe trouve féparé par un Autel du Lion, que toutes fortes de raifons doivent faire regarder Tome VII.

regarder

Liv. I.

Sect. II,

Diod, Liv. I.

rid.

comme l'objet de ce culte. Cet animal affis fur fon train de derriere, & dont la tête d'Epervier eft couverte d'un chaperon qui retombe fur fes épaules, a derriere lui un Serpent qui fort d'un difque blanc, & traversé par une petite baguette. L'attitude de ce Lion convient aux hommages qu'on lui rend, il a devant lui une plante à trois branches qui s'éleve d'un vafe, & cette efpece d'attribut me paroît une preuve conftante de culte & d'adoration. L'Autel préfenté au Lion, eft de la forme en ufage chez les Egyptiens, & porte deux vafes d'offrande, defquels on voit fortir une plante à neuf feuilles. Au milieu de ces deux vafes on a placé une figure qui reffemble à une piramide, ou peut-être à un compas pofé fur fes pointes, formant un angle très-aigu. Les deux Sceptres dont les extrêmités font arrondies, font placés en fens contraire, & repréfentent une forte de niche qui renferme l'Autel.

Ce compas pourroît peut-être faire ici quelque allufion De Ifid. & Oh- au triangle que Plutarque dit être la puissance de Pluton de Bacchus & de Mars. Je croirois affez, non-feulement à caufe des noms qui ne font point Egyptiens, mais à caufe du paffage fuivant du même Auteur, que cette premiere citation cft une traduction Grecque; car il ajoute plus bas, on pourroit croire que les Egyptiens ont voulu comparer la nature de l'Univers au triangle qui eft la plus belle de toutes les figures. Cette idée qu'il n'avance cependant que comme une conjecture, me paroît plus conforme à la maniere de penfer fage & profonde des Egyptiens.

HUITIEME

GROUPE.

Le Soldat à genou qui a les cornes de Bouc fur la tête, présente un gobelet d'offrande de la main gauche, & adore de la droite les trois Divinités fuivantes. La premiere no. 27, repréfente l'Hirondelle fur une plinthe, elle a une tête de femme furmontée d'un retable

d'ornement; deux aîles de Scarabée éployées partent de fon col, & l'accompagnent par-devant & par derriere. A la fuite de cet oifeau on voit une Grenouille pofée fur un Autel; au-deffus de l'animal on diftingue lê même fymbole qu'on a vu auprès de la Chatte n°. 1, duquel il fort de plus en cette occafion une feuille recour bée. Enfin à la fuite de cette Grenouille on a placé fur une plinthe un Lion no. 26, il eft chaperone & couché fur le ventre, & a un croiffant fur la tête, & tient entre fes pattes un gobelet d'offrande; un Scarabée volant portant le bâton armé d'une pointe, eft placé derriere lui, & devant lui on voit une petite colonne qui porte un vafe dans lequel il y a trois plantes. Les quatre figures de ce groupe ont des caracteres facrés écrits devant elles.

On doit fe fouvenir par rapport à la defcription dans laquelle on voit ces figures, de l'inconvénient dans lequel les profils font néceffairement tomber, j'en ai rendu compte au commencement de cette description.

NEUVIEME GROUP E.

Les quatre animaux qui compofent ce groupe, ne font point adorés. Le Soldat de la compofition précédente leur tourne le dos, ainfi que celui qui commence la bande inférieure. La plus fimple defcription eft par conféquent la feule reffource. Le premier objet no. 28 eft un Lion paffant, & pofé fur un Serpent de l'efpece ordinaire, il a la tête d'Épervier avec le chaperon & des aîles de Scarabée ; il tient une branche féche dans la patte gauche, & fuit un Ibis no. 29, qui a quelques caracteres écrits auprès de fa queue, ainfi qu'à la hau teur de fon bec. Derriere cet Ibis on voit un Scarabée volant avec un bâton ceintré fans pointe, & devant une efpece de colonne courte qui porte des fleurs, & qui paroiffent lui être confacrées; il eft précédé par un de ces larges Serpens nommé Thebam Naffer n°.

30,

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lié fur le plan par le milieu du corps; il a une tête de femme dont la coëffure eft blanche, & qui porte des aîles de Scarabées éployées; cet animal a devant lui un vafe qui contient deux plumes arrondies; enfuite on a représenté un Autel fur lequel on a posé un vase avec une croix, pareil à celui du n°. 23, fans autre différence qu'il fort une fleur de plus de chaque gobelet d'offrande. Cet Autel enfermé entre deux Sceptres arrondis à leurs extrêmités, & placé en fymétrie avec celui du commencement de cette bande latérale, eft précédé par le Faucon pêcheur que j'ai décrit plus haut. Celui-ci femble foutenir ou porter un Sceptre ou bien un bâton mais d'une médiocre longueur, & dont l'extrêmité est ornée d'une plume. Il eft vraisemblable que c'est un attribut, mais il ne fe rencontre pas fréquemment, & je ne l'ai point vû ailleurs. Au refte l'oiseau a derriere lui un de ces Serpens autour d'un difque blanc, celui-ci eft traverfé d'une baguette.

L'Ibis eft fi fort liée avec les idées Egyptiennes, qu'on ne peut trop donner d'éclairciffement à fon fujet. J'ai dit plus haut ce que Belon en a rapporté avec beaucoup de jufteffe; mais j'ajouterai que l'efpece blanche dont parle cet Auteur, paroît avoir beaucoup de rapport à celle qui habite le Sénégal, & dont on trouvera la defcription dans le curieux & fçavant voyage que M. Adanson a fait dans cette partie de l'Afrique. C'est ici le lieu de répéter ce que Diodore dit au fujet de cet oifeau, que de quelque maniere qu'on le tuât, quelqu'involontairement que ce fut, on étoit puni de mort; l'Epervier jouiffoit du même privilége.

DIXIE ME GROUP E.

La figure numérotée 32, me paroît le principal objet de ce groupe, je crois qu'elle représente Orus avec la plante Perfea, telle qu'on voit fa représentation aux lettres KK & TT. Ce jeune Dieu est couché sur le ven

;

tre, & fait corps avec un grand retable qui porte la figure d'un Chien, ou peut-être d'un Lion pofé fur fes quatre pattes. Trois Canopes font placés entre les jambes de ce Chien ; l'un a la tête de femme furmontée des cornes du Bouc, l'autre en a une d'Epervier, & la troifieme de Loup. Quelques Auteurs ont prétendu que la réunion de ces Canopes défignoit l'inondation du Nil. Perfonne n'ignore que tout Canope étoit l'image de l'eau divinisée en général, & principalement de celle du Nil. Mais à quoi pourroit nous conduire en cette occafion une idée fi compofée? La figure d'Orus a quelques hieroglyphes, & un Scarabée volant au-deffus du dos, dont les antennes portent le bâton armé d'une pointe. On voit devant cette figure une Grenouille pofée fur un Autel, & audeffus d'elle le Serpent, dont la tête & la queue dépaffent un difque blanc traverfé par une baguette: cette Grenouille regarde un Soldat pofé fur un genou, il a un cafque blanc furmonté des cornes de Bouc; il léve la main gauche, & tient de la droite une piramide, dont on fçait que la forme étoit fymbolique & réverée. Au refte tout indique que ce Soldat eft celui qui intercéde ces trois Divinités. Car derriere l'Orus il y a un de ces grands Thebam Naffer, il a la tête d'une femme & deux aîles de Scarabée étendues, il est attaché fur le plan par le milieu du corps, comme le font tous ceux que préfente ce monument. Il a devant lui un vase d'où fort une plante à neuf feuilles; enfin derriere lui on voit un Soldat fur un genou, auquel ces trois figures adorées tournent le dos. Je ne fçais quelle peut être la cause de fa difgrace; fa coëffure blanche eft pareille à quelques égards à celle de la figure 00, déja citée; il offre un gobelet de la main gauche, & de la main droite il éleve un de ces bâtons recourbés à leur extrêmité, il est peutêtre représenté comme un exemple de ceux dont les Divinités n'exaucent point les prieres.

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