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achevé de détruire; nous voyons les maladies qui nous ont privés de nos amis, mais nos amis n'ont pu ni les prévenir ni les foutenir, & dans le temps même qu'ils convenoient d'en être attaqués, ils ne les ont point regardées comme étant auffi funeftes qu'elles l'ont été.

Ces grandes réflexions politiques ne conviennent point à ce genre de recueil, ils conviennent encore moins à leur Auteur. Je vais propofer, pour remplir cet avant-propos, un de mes fujets d'étonnement.

Nous avons plufieurs monumens abfolument Egyptiens, chargés même d'hieroglyphes, & conftamment faits & exécutés à Rome, & pour fon ufage. Je me contenterai de donner la Table Ifiaque pour exemple, elle fuffit pour faire croire que le culte Egyptien étoit connu des Romains, & que les caracteres étoient lus & entendus au moins par quelques perfonnes en Italie. Dès-lors il cft fingulier que nous ayons abfolument perdu des notions qui ont été familieres à Rome devant & après le régne d'Adrien ; je fçais que l'on objectera à mon étonnement le peu de critique des Grecs & des Romains, & le peu de curiofité qu'ils ont témoigné pour les langues qui les ont précédé ; je confens à croire qu'ils n'auroient point été chercher ces objets d'étude hors de chez eux, mais comment fe peut-il que les ayant fous la main, les sçachant pour ainfi-dire malgré eux, ajoutez qu'ils étoient liés avec un objet de culte qui a toujours rendu les hommes plus intéreffés & plus empreffés à être & à paroître inftruits, comment fe peut-il, dis je, qu'aucun Auteur n'en ait parlé, ou n'ait au moins fait mention de quelque Romain qui en ait été frappé ? J'avoue ce filence abfolu m'eft incompréhensible. Ammien Marcellin rapporte une explication abrégée d'un Obélifque, mais il la tenoit d'un Prêtre Egyptien. Ainfi du temps des Romains les hiérogliphes étoient entendus en Egypte, mais il y a beaucoup d'apparence que les Romains ne fe Lont jamais appliqués à ce genre de connoiffance.

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PLANCHE XXXIX.

On convient généralement que le Public doit être non-feulement refpecté, mais ménagé, cette vérité est fi fimple, qu'elle eft devenue un lieu commun de la converfation. Cependant je ne vois rien de plus rarement pratiqué, je n'en fuis pas moins perfuadé qu'on doit s'y foumettre jufques dans les chofes de la moindre importance, telle est celle dont il s'agit.

J'ai pensé qu'il y auroit de l'indifcrétion à vouloir obliger les perfonnes qui ont fait la dépense de l'enluminure des trente exemplaires de peintures antiques qui viennent d'être publiées d'après les deffeins Coloriés de Pietro - Sancto - Bartoli, d'avoir par forme de fupplément à cet ouvrage quatre morceaux du même genre & de la même main, que le hazard m'a fait encore trouver dans Paris. Les propriétaires établis dans les Pays étrangers pourroient n'être pas inftruits de cette augmentation, & ils auroient la mortification d'avoir leurs exemplaires imparfaits, plufieurs autres les ont fans doute déja fait relier, & ce feroit leur caufer un embarras, dont je ne veux point mériter le reproche: je prends donc le parti, pour ne point priver le Public de ces morceaux, qui peuvent lui plaire & l'intéreffer, de leur donner place dans ce fupplément; mais comme il fe pourroit que quelque curieux voulut les faire enluminer, ou du moins fçavoir quel étoit l'effet de ces peintures, j'en indiquerai toutes les couleurs dans le plus grand détail au hazard de paroître ennuyeux aux autres perfonnes qui ne jugeront pas à propos d'en profiter.

Je dois ajouter que les planches gravées d'après les quatre derniers deffeins, ne font point de la grandeur des originaux, comme celles de la grande fuite, mais qu'elles font réduites confidérablement pour être placées fans plis dans l'in-quarto.

Cette figure peinte en grifaille, & d'une couleur approchanre de celle que donne le bistre, eft fur un fond blanc, elle est renfermée dans une bordure ronde peinte en vermillon, elle repréfente la Déeffe Hébé à demidrappée, & comme volant en l'air. On juge par cette difpofition que ce morceau a dû faire partie d'un plafond, & entrer dans quelque compofition d'ornemens dont il étoit enrichi. Quelques figures dans de femblables attitudes qu'on a pu voir dans le Recueil des peintures anciennes citées ci- deffus favorisent cette opinion.

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Le même ménagement pour le Public m'engage encore à rapporter dans ce fupplément cette petite figure de Pietro-Sancto-Bartoli. Elle auroit très-bien tenu fa place dans les eftampes que j'ai fait graver & enluminer, mais ainfi que les quatre précédentes, on les trouvera dans le volume de tous les originaux que j'ai remis au Cabinet des eftampes de la Bibliothéque du Roi.

Cette petite Divinité de l'air qui tient un flambeau ne peut produire aucune explication marquée, elle eft drapée, mais fes pieds & fes bras font nuds. Le haut & le bas de l'efpace qu'elle occupe font remplis par deux traits d'ornement fantastique qui ne veulent rien dire, & qui convenoient apparemment à la compofition particuliere de ce morceau & à celle de la totalité dont il faifoit partie, c'est toujours une preuve de la magnificence que les Romains employoient dans leurs Temples & dans leurs maisons.

PLANCHE XLI.

Je n'ai rien à dire fur les deux morceaux qui fuivent P'un & l'autre font des plafonds. La compofition & la diftribution des ornemens & des cartouches occupés par des bas - reliefs de genre différent, parlent fuffifam

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ment à l'efprit. Il eft vrai que le choix des couleurs & l'éclat produit par leur pureté, ajoute beaucoup à leur agrément. Plus on examine les morceaux de cette peinture, plus on peut dire que les Romains ont fçu la pouffer à un grand degré de perfection.

Voici quel eft l'arrangement des couleurs que préfente l'original.

La figure qui occupe le centre eft couverte d'une draperie jaune, & le voile qu'elle tient des deux mains est d'un rouge pâle. Des quatre autres figures qui font aux angles dans les tableaux ovales, celle qui tient un thyrse eft vêtue de jaune, la fuivante qui porte une corne d'abondance a une draperie rouge, & le voile qui voltige est blanc ; ensuite la draperie de la troifieme figure eft verte, & le voile rouge; celle de la derniere figure eft rouge, & le voile en eft jaune, tous les champs de ces cinq petits tableaux font bleus, ceux des quatre petits basreliefs oblongs font peints en vermillon, & les bordures en font peintes en vert entre deux liftels jaunes, il en eft de même du tableau rond qui eft au centre. Les différentes zones qui l'environnent font alternativement jaunes, rouges & vertes, vient enfuite une bordure chantournée, elle eft peinte en rouge liferée de jaune, tous les rinceaux d'ornement font de couleur d'or, & rachetent en quelques endroits des fleurs rouges, les guirlandes qui y font attachées font vertes, cette derniere couleur a été employée dans le champ de la bordure quarée qui environne toute la compofition, & autour de laquelle courent trois liftels couleur de vermillon

PLANCHE XLII.

Cette marche de Bacchus content & triomphant, présente une idée des Monochromata, ou peintures d'une feule couleur, dont Pline fait mention, & dont j'ai donné l'explication dans le XXVe Volume des Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres pag. 149. C'est le noir seul Tome VII.

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qui produit tout l'effet, on a seulement réservé des nervures blanches dans l'intérieur des corps pour les rendre plus diftincts & plus légers; ce goût de travail est trèsancien, les Etrufques l'ont connu, & j'ai rapporté une vignette dans le premier Volume de ces antiquités, abfolument pareil.

L'infcription qu'on lit au bas de la planche, ne laisse aucun doute fur la deftination de ce monument, on voit que c'est une représentation du pavé du Temple de Bacchus, qui fait aujourd'hui l'Eglife de Sainte Conftance, hors de la Porte Pie à Rome.

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Cet ouvrage eft fembable à celui de la XXXII© planche du Recueil des Peintures antiques.

PLANCHE XLIII. N'. I, II. & III.

Adam l'aîné Sculpteur de l'Académie, étoit à Rome à la penfion du Roi, dans le temps de l'Ambaffade du Cardinal de Polignac à cette même Cour; il fut chargé de la reftauration de plufieurs des figures trouvées dans les fouilles que le Pape avoit permis au Cardinal de faire dans quelques endroits de l'enceinte de Rome. Les principales & les plus recommandables de ces figures étoient celles d'Achille & de la famille de Lycoméde, que le Roi de Pruffe a achetées dans la fuite. Adam profita de plufieurs morceaux qui étoient inutiles au Cardinal, & reueillit quelques autres fragmens, il les joignit aux marbres que M. de Polignac fit conduire à Paris. Il les a reftaurés pendant le cours de fa vie, il en a même publié un Catalogue accompagné de planches & d'explications, pour engager les curieux à en faire l'acquifition, mais il eft morr fans avoir placé aucun de ces morceaux, & j'ai acheté chez lui l'Autel triangulaire que préfente le n°. I. Cette forme, affez rare pour un Autel, eft agréable & d'une heureuse décoration, en admettant même les pieds de bronze, qui pofent fur une base triangulaire,

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