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plus longue habitation, tout les excepte, mais quarante lieues d'Aquéducs élevées pour la feule Ville de Lyon, douze mille toifes de bâtiffe pour apporter les eaux dans Mets. Des Amphithéâtres à Gand, à Paris, à Neris, à Doué, &c. Quelles preuves de la grandeur d'un peuple dans un pays conquis, & fi diftant de la Capitale? Si je quitte ces magnificences, & que je confidere la fituation, les travaux des Camps, fi j'observe les Ports de Mer, & principalemens les chemins, je trouve une infinité d'éclairciffemens pour l'intelligence des Auteurs fous le régne des Empereurs dans le bas Empire, & dans le temps de l'établissement de notre Monarchie. Je puis avouer fans aucune vanité le plus grand nombre de ces avantages, puifqu'enfin je les dois à l'établissement, & au bon ordre établi dans les Ponts & Chauffées, l'école formée par les foins & fous les ordres de M. Trudaine, le choix qu'il fait des fujets produifent des biens difficiles à comprendre, il fuffit d'imaginer que ce corps d'Ingénieurs répand dans toutes les parties du Royaume une cinquantaine d'hommes, qui joignent à l'objet de leurs talens celui de la connoiffance des Lettres & des Auteurs, on ne conçoit pas les lumieres que de pareils hommes répandent dans un pays; d'un côté ils concourrent à la communication facile des Provinces par les montagnes coupées, les vallées remplies, les chemins folides, & la conftruction des Ponts; de l'autre côté ils travaillent à donner le goût des connoiffances, ils facilitent l'ouverture de l'efprit, ils communiquent l'un & l'autre fans y penfer, & fans que ce foit leur miffion. Il eft fi rare de trouver des éloges véritables à faire, que je quitte celui-ci avec regret. Je dois ajouter à ce que j'ai dit fur la magnificence des Romains en tous les genres que leurs chemins hors de l'Italie, prodigieux par l'étendue im— menfe des pays qu'ils traversoient, étoient fort étroits ils ne peuvent même être comparés à cet égard à ceux que l'on conftruit à présent dans la France, je croirois

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que toutes ou du moins le plus grand nombre des voyes Romaines qui traverfoient les Provinces ne fervoient qu'aux troupes, & n'étoient deftinées qu'à leur usage, il eft vrai que leurs charois étoient beaucoup moins fréquens, quoi qu'il en foit, nos chemins font plus larges que les Via Appia & Flaminia qui traverTent Rome & l'Italie, qui font les plus beaux que les Romains ayent exécutés, nos chemins, dis-je, réuniffent tous ces avantages, & fervent au Fermier comme au Prince.

PLANCHE LXVII.

Je crois que tous ceux qui aiment l'antiquité fentiront comme moi le plaifir qu'on a d'apprendre qu'il fe fait de temps en temps des découvertes. Celle que je vais annoncer eft d'autant plus flatteufe, que c'eft en France même qu'elle a été faite, & qu'elle eft fort confidérable.

Tout ce qu'on m'a écrit à ce fujet avec le plus de détail n'eft pas comparable à la description de M. le Chevalier de Savaffe, Commandeur de l'Aumuffe près de Mâcon ; & quoique cette defcription foit fort étendue, & paffe les bornes d'une de mes explications ordinaires, je ne puis me refufer au plaifir de la rapporter en entier, perfuadé que mes Lecteurs la verront avec autant de fatisfaction que j'en ai éprouvé moi-même en la lifant. Elle a été écrite à M. de Montrichard, fon ami & le mien, qui a eu la bonté de me la communiquer en original. Elle cft conçue en ces termes, conçue en ces termes, à quelques retranchemens près que j'ai cru devoir me permettre.

"Je vais fatisfaire, M., votre curiofité fur le tréfor » trouvé à Mâcon le premier Mars 1764, près du gla» cis du chemin couvert vis-à-vis le milieu du rempart » où eft la promenade de la Ville. Ce tréfor fut décou» vert à huit ou neuf pieds de profondeur, par un Vi

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»gneron chargé de combler les cours intérieures de l'Hôpital qu'on conftruit avec beaucoup de magnificence » fur les plans de M. Soufflot. Il confiftoit en ftatues d'argent de la plus grande élégance, en plats ou pa» teres, & en médailles d'or & d'argent. On n'en trouve plus après le régne de Galien, ce qui prouve que ce » dépôt a été enfoui pendant la révolution des trente » Tyrans, qui obligea chaque particulier à fe précau»tionner fur les événemens. On pourroit croire qu'il " appartenoit à des femmes, parce qu'il contenoit une grande épingle d'or avec une tête plate formant une rose. » Il contenoit auffi un collier compofé de perles baro»ques, placées alternativement avec des primes d'Emé» raudes de la longueur de quatre lignes fur une & de» mie d'épaiffeur, taillées à pan affez groffierement, » tout enfilé dans un fil d'or formé en chaîne, dont chaque chaînon occupe l'intervalle des pierres, les » deux extrêmités font terminées par une agraffe en or. » Cet ouvrage d'ailleurs eft d'un très-mauvais goût, & » les perles des plus ternes ne font au plus que de la groffeur d'un pois, & ne font que des tubercules déta

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» chées de la Nacre.

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» Les médailles de ce tréfor étoient peut-être au nombre de trente mille. Je n'en ai eu que quatre en or, » & quoiqu'il m'en foit paffé plus de 6000 de potin fous "" les yeux moyennant environ 1800 liv. il n'en est resté "que 6oo. dans ma fuite; le reste a été difperfé & répandu dans différentes villes du Royaume, ou fondu " par les Orphévres. Il y en avoit peu de Confulaires, » aucune de Colonie ou des Rois de Grece, prefque tou» tes étant Impériales. Mais fi on avoit eu choix fur le » tout, l'on auroit pu former une collection plus com

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plete qu'aucun Cabinet de particulier, parce que les » rares s'y trouvoient en proportion avec les commu»nes, comme d'une à mille, plus ou moins. M. Aulas » Avocat à Mâcon, Procureur du Roi, Syndic de la Ville

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» en a environ quatre à cinq cents des premiers Empe»reurs, elles font d'argent fin. Il en a auffi fept en or, il a également fept ftatues en argent de la plus grande » beauté, elles ont environ cinq pouces de hauteur à » l'exception d'un Mercure qui en a au moins fept, & » dont le manteau a été doré, de même que celui d'un Jupiter brontée, dont le travail est admirable, ainsi » que celui d'une Cybele. Quant aux autres elles ont été dépouillées par les Orphévres qui les ont nétoyées, ou » par le Vigneron poffeffeur de la découverte, & qui » s'en eft groffierement acquité. Je ne puis vous dire ce » qu'elles repréfentent, n'ayant fait que les entrevoir. » Le même M. Aulas a fait auffi l'acquifition de deux patéres, dont le diametre eft d'environ huit pouces » avec un rebord arrondi de plus d'un pouce de hauteur. » Elles font très-minces, & il y a des trous confidérables formés par la vétufté, ou pour avoir été déta»>chées fans ménagement, car tout le tréfor ne formoit » qu'une masse étroitement liée par la terre & le verd » de gris, en forte que le Vigneron se servoit de toutes » fortes d'outils pour féparer les pieces, ce qui rompoit » souvent les médailles, fur-tout celles de bas alloi.

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» Mais ce que je regrette le plus de tout ce qui a été » fondu, & dont je fuis inftruit fuis inftruit par le témoignage d'un Orphévre, eft un Serpent qui fe mordoit la queue, » dont le diametre étoit d'environ dix-huit pouces, & qui fut mis en pieces pour entrer dans le creufet avec » une coupe taillée à pan d'environ un pied de diame»tre, & qui avoit un rebord plat de près de dix-huit » lignes ornée d'une moulure cizelée tout au pourtour. "Il paroiffoit qu'il y avoit eu des pieces foudées dans » le fond de ce baffin, difpofées en rond & foudées, le Vigneron les a probablement détachées. Je crois qu'el» les repréfentoient plufieurs petites Divinités à demi-cou» chées, & dont j'ai vû quelques-unes dans la fuite, elles » ont environ un pouce de longueur, & je crois qu'elles Tome VII. Hh

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représentoient la nôce de Thétis & de Pelée, car j'ai » vû dans le nombre un Paris tenant la pomme. J'ai » quatre de ces petites figures, & M. de la Vernet en a » une autre. Elles font affez groffierement traitées, ou le » temps les a fort altérées, quoiqu'elles fuffent d'argent fin; j'ignore le fort des autres. Outre les ftatues que • poffede M. Aulas, il a cinq piedeftaux également tra» vaillés & mêlés de dorures, ils ont environ deux pou» ces de hauteur fur autant de largeur, ils font taillés "" à pan avec des moulures, des filets & des côtes de Melons fur le bord fupérieur. Il a auffi un petit Autel quarré d'environ un pouce de hauteur, fur lequel la » flamme eft représentée, & le travail eft admirable. Ce » même Autel paroît gravé dans le milieu d'une des deux patéres dont j'ai parlé, & cette gravure repréfente un » Prêtre dont le bras eft élevé fur l'Autel allumé, & qui » tient une patére. Je n'ai pu avoir qu'une Chevre, que je crois celle d'Amalthée, elle a une longue corne pla» cée dans le milieu des deux oreilles, dont l'une eft fort » courte, ayant probablement été caffée. ( a ) Cette Che»vre des mieux traitées, a un pouce de hauteur fur autant » de longueur. J'ai auffi un petit Cocq de huit lignes de proportion en tout fens. Je poffède auffi une médaille » ronde, ou plutôt une plaque, car elle eft repouffée » par derriere, fon diametre eft de deux pouces & de» mi; elle paroît avoir été appliquée fur quelque corps » folide , par la raifon de quatre trous placés fur les » bords de la moulure, & ornée de feuilles d'Acanthe, » & traitée en boffe comme la figure de la Juftice que

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repréfente la plaque, & la totalité ne pese qu'un écu. » J'ai de plus un piedestal rond, avec une gorge dans le

(a) Il paroît par ce récit que cette Chevre n'a qu'une corne, & reffemble en cette partie au Taureau que M. l'Archevêque de Befançon a publié, & à un autre plus petit que l'on connoît encore dans la Franche-Comté.

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