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plus en état de décrire la totalité, quoique je fois perfuadé que plufieurs bagatelles, dont les gens du monde ne font aucun cas, & qui font quelquefois les plus intéressantes, ont été diffipées; on en verra la preuve dans la planche fuivante.

No. I.

Cette Minerve de bronze eft traitée du meilleur goût, & le travail me paroît élégant & auftere, en un mot il me femble pouvoir être donné à la Grece. La figure eft très-bien confervée, il ne lui manque qu'un bras depuis le coude, & la crête du cafque qui paroît avoir été fort légere.

Hauteur cinq pouces & demi.

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No. II.

Cette autre Minerve également de bronze, dont le deffein eft plus manieré, & auquel on a voulu donner plus de mouvement eft beaucoup moins intéreffante. Les yeux de la figure font d'argent, ainfi que la tête de Médufe dont la poitrine eft ornée. Il ne lui manque qu'une main, & l'on peut remarquer en elle une chauffure qui couvre abfolument fes pieds.

Hauteur fix pouces dix lignes.

No. III.

Cette Diane de bronze très-bien confervée, à la réferve du pied fur lequel elle courre, ne préfente cependant aucun attribut de cette Divinité. Ses mains en étoient vraisemblablement chargées, mais elles ne subsistent plus. La légereté & la coupe de fon habillement font les feules marques de reconnoiffance dont on puisse être frappé, du refte le travail Romain eft fait avec foin. Les yeux de la figure font d'argent, ainfi que les quatre boutons, qui fur chaque partie de l'avant bras, retiennent la petite veste jufte, dont elle est en partie vêtue. D'ail

leurs il faut convenir qu'il y avoit une difpofition générale, & de convention tacite, fi l'on veut, adoptée à chaque ancienne Divinité.

Hauteur fept pouces moins deux lignes.

N°. IV.

Cet Amour de bronze n'eft couvert que d'une ceinture légere, agréablement difpofée, dont il paroît orné dans le deffein où il eft de parcourir fon Empire. Il est de la plus belle maniere, & fa confervation n'eft altérée que par le pied fur lequel il s'appuye & par une de ses aîles. On peut remarquer la maniere dont fes cheveux font renoués fur le devant de la tête.

Hauteur cinq pouces trois lignes.

Cet affemblage & cette répétition de ces mêmes Divinités, ont été le plus grand motif qui m'ont perfuadé qu'il falloit regarder la découverte de Châlons fur Saone, comme le fruit des recherches d'un des premiers curieux depuis le renouvellement des Arts.

PLANCHE LXXXI. No. I. & II.

Cet Efclave dont la tête est ornée par des yeux d'argent, eft au moins une des plus belles copies Grecques que j'aye vue, la bourfe que cette figure tient à la main n'eft point une raifon fuffifante pour le regarder comme un Mercure. Ce rapport eft le feul que cette figure puisse avoir avec le Dieu de l'éloquence; d'ailleurs le maintien & la difpofition écartent absolument cette idée, & fi de pareilles raifons ne pouvoient perfuader le Lecteur, je le prierois de confidérer au n°. II. l'efpece de calotte à huit échancrures placée fur le haut de fa tête. Je n'ai point encore rencontré cette parure fur aucun monument. La confervation de celui-ci ne peut être plus complette à tous les égards; il eft vrai que l'objet qu'il tenoit dans l'autre main ne fubfifte plus, il eft à présumer que c'étoit quelque chofe de néceffaire au fervice,

mais aucune main n'a été dans la difpofition où nous la voyons pour porter un attribut. On ne fçauroit prendre trop de précautions ni trop avertir que tous les monumens ne repréfentent pas des Dieux, ou n'ont pas le culte pour objet.

Hauteur quatre pouces huit lignes.

No. III. IV. & V.

Il est rare de trouver une figure de Negre, tenue dans une proportion fi fuelte & fi élégante. Je conviens que la contraction de fon mouvement est un peu outrée dans les hanches & dans les reins; mais il faut penfer que cet Efclave eft représenté fouffrant d'une bleffure qu'il a reçue au bras, & à laquelle il porte fon autre main. La tête deffinée au no. V, prouve avec certitude qu'il s'agit ici d'un Negre.

Ce monument eft fondu maffif, fes yeux font d'argent & concourent d'autant plus à produire l'effet de fa couleur naturelle : il eft de la plus parfaite confervation dans tous les genres, enfin il ajoute cette perfection au

mérite de fa rareté.

Hauteur fept pouces huit lignes.

Voici la liste des autre monumens trouvés à Châlons fur Saone, & que je n'ai point employés.

I. Minerve travaillée avec foin très-bien confervée, à la main gauche près, les yeux d'argent ainsi que la tête de Médule placée fur fon égide.

Hauteur fix pouces fept lignes.

II. Pallas d'un travail affez groffier, mais copiée d'après un monument Grec.

Hauteur cinq pouces fix lignes.

III. L'Amour bien confervé, il lui manque cependant une aîle & un pied : l'exécution en est belle, mais la difpofition eft commune.

Hauteur cinq pouces cinq lignes.

IV. Mercure nud traité à la Grecque, & peut-être

représenté comme Meffager des Dieux, le travail est médiocre, les aîles de fa tête & fes cheveux font argentés. cette fingularité eft fon plus grand mérite.

Hauteur cinq pouces trois lignes.

V. Mercure Dieu des Marchands, tel qu'il étoit dans le forum des Romains, il eft de la plus belle confervation, mais d'un travail médiocre.

Hauteur cinq pouces.

VI. Une Chaffereffe ou fuivante de Diane, il lui manque un pied, & le travail de ce monument est assez lourd.

Hauteur fept pouces.

VII. L'abondance Divinité tenant la patelle, elle est bien confervée, mais fa proportion est bien courte, & le travail bien Romain.

Hauteur cinq pouces une ligne.

VIII. Un Chien affez bien confervé, mais d'un mauvais goût de travail.

Hauteur un pouce onze lignes.

Les neuf morceaux gravés fur les trois planches que l'on vient de voir, & les huit morceaux énoncés ci-deffus, font les dix - fept qu'on a trouvé à Châlons sur Saone.

PLANCHE LXXXII. No. I.

Ce Jupiter ne ne méritoit pas d'être diftingué du nombre infini de monumens pareils, ou qui préfentent fort peu de différence, que l'on rencontre fans peine, & qui par conféquent font très-connus; mais la forme de la chaife fur laquelle il eft affis, & la confervation de tout le monument m'ont engagé à le faire graver, d'autant qu'il eft rare de trouver Jupiter dans une difpofition bien éloignée de l'attitude des Divinités, dont la dignité est prouvée par le marche-pied qui foutient leurs pieds, celle dont il s'agit fous ce numéro, n'a jamais été difpofée pour des avoir à terre, On pourroit dire que fon

attitude donne une idée de l'air, car on trouve des raifons, ou plutôt des moyens pour établir tout ce que l'on veut expliquer. Cette figure eft d'un travail Romain, & fes yeux font d'argent.

Voici les proportions de la chaife, elles indiquent celles de la Divinité.

Hauteur totale quatre pouces fept lignes.
Largeur deux pouces fix lignes.

No. II. & III.

Ce Muficien, ou plutôt ce Poëte qui s'accompagne avec fa Lyre, eft représenté dans une attitude fixe & repofée, telle qu'il devoit paroître fur un théâtre ou dans une falle à l'extrêmité d'une table: ce monument des plus rares à rencontrer, rappelle des idées qui le rendent un des plus agréables qui me foit parvenu. On ne On ne peut douter que cette figure ne nous ait confervé la représentation d'un de ces hommes fi célebres dans l'antiquité, & qui chantoient leurs propres vers, en accompagnant leur voix de la Lyre; il tient cet inftrument de la main gauche & de la droite le plectrum, ou ce qu'on a quelquefois confondu avec un archet, il eft vêtu d'une longue robbe, en un mot je crois voir Orphée décrit dans ces beaux vers de Virgile.

Threicius longâ cum vefte Sacerdos Obloquitur numeris feptem difcrimina vocum : Jamque eadem digitis, jam pectine pulfat eburno.

Malgré la reffemblance frappante dans ces vers du Poëte Latin, nous voyons peut-être ici le Demodocus, ou le Phemius de l'Odyffée, dont on auroit copié à Rome quelques ftatues apportées de la Grece, mais il est toujours conftant qu'on peut attribuer à cette figure ce vers d'Homere, prenant en main la Lyre, il préludoit avant que de chanter les airs charmans qu'il alloit faire entendre.

Enéid. liv. 6.

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