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PLANCHE LXXXVII,

Dans le deffein de décrire, ou de rapporter quelques monumens de Périgueux qui fubfiftent encore, je com

mencerai par dire que, felon M. l'Abbé Belley, dans

le XIXe Volume des Mémoires de l'Académie des BellesLettres, que cette Ville étoit de la feconde Aquitaine du temps des Romains. Vefuna Civitas Petrocoriorum cette dénomination cft placée dans la lifte des Villes de la Gaule qui ont pris le nom des peuples.

Dans un monument fur Auguftoritum, & que l'on trouve dans le XIXe Vol. de nos Mémoires, M. l'Abbé Belley fait encore mention, mais en général, & ne fait que nommer, pour ainfi-dire, quelques-uns des monumens de Périgueux, dont je vais parler, il me fuffit de les avoir cités. On peut voir auffi dans le XXIIIe Volume quelques remarques fur les antiquités de Périgueux, données par M. l'Abbé le Bœuf, mais comme elles n'ont aucun rapport au monument dont je fuis occupé, & qu'ils ne font pas du même genre, je n'en dirai pas davantage. Le même Abbé le Boeuf a encore expliqué dans le XXVII Volume une belle infcription découverte à Périgueux en 1750. Elle appartenoit à un Aquéduc conftruit vers le temps des Antonins. Je fuis donc à mon aife pour faire ufage de ces traditions générales du pays qu'on m'a communiquées, & des fecours que j'ai encore reçus à cette occafion de Meffieurs des Ponts & Chauffées, & principalement de M. Lallié de la Tour, établi pour lors à Périgueux.

L'ancienne Ville étoit autrefois dans la partie qui fait aujourd'hui la Cité, & c'eft dans ce terrein que font placés la Tour de la Véfune, & l'Amphithéâtre renfermé dans le Jardin des Religieufes de la Vifitation.

Il ne refte aucune apparence des chemins faits & pratiqués par les Romains.

Il feroit difficile de décider par qui, & en quel temps

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la Ville de Périgueux a été fondée, il est vraisemblable que les Romains l'ont trouvée bâtie lorfqu'ils font arrivés dans les Gaules. Le nom de Vefuna qu'elle portoit ne s'oppose point à cette conjecture. La Tour qui a confervé cet ancien nom eft un des monumens dont les Modernes ont été le plus occupés. Il y a beaucoup d'apparence que cet édifice de forme circulaire avoit été confacré pour un Temple. Je rapporterai l'infcription de la Tour du Véfune d'après M. le Beuf, qui l'a retrouvée dans la cour des Cafernes.

TVTELAE AVG.
VESVNAE
SECVNDVS

SOTA F. DIC.

Ce Secundus Soter, qui confacra ce monument étoit peut-être celui, qui après avoir été Efclave de Néron, parvint à être Proconful de cette Province. On peut conjecturer avec plus de vraisemblance que cette Tour éroit un Temple confacré à Vénus, par la raison qu'il y a près de cinquante ans que l'on trouva dans les environs une ftatue de marbre blanc qui repréfentoit cette Déeffe, malheureusement elle fut mife en picces par le zele indifcret des filles de la Vifitation dans le terrein desquel, les elle avoit été trouvée.

Le diametre de ce Temple circulaire eft de 48 pieds, & fa hauteur de 60. Cependant les anciens Auteurs lui en donnent plus de 80. L'examen des derniers cordons fupérieurs, que le temps a beaucoup moins mutilés, fembleroit le perfuader. Cette différence pourroit être attribuée à l'exhauffement du transport des terres dans les environs; d'ailleurs la conftruction indique que la fondation doit avoir été profonde. On voit à une certaine hauteur de petites ouvertures ou fenêtres, fort artistement travaillées en briques, mais elles n'ont jamais eu d'autre

objet

objet que la décoration extérieure, car elles ne pénetrent point dans l'intérieur. On remarque auffi plufieurs rangs de pointes de fer ou de cuivre qui fortent de la muraille, & qui femblent la traverfer. Il eft facile de s'appercevoir d'un autre rang de quartier de pierres grifes, fort dures, & qui augmentent la folidité de l'édifice. Les pierres quarrées qui font le revêtement du refte de la Tour n'ont que quatre pouces d'épaiffeur, & la muraille n'eft épaiffe que de deux pieds & demi. Il y a environ un quart de cette Tour qui eft ruinée du côté du Levant. Il faut encore remarquer que cet intérieur eft crêpi avec du ciment fi dur, qu'il en refte encore plufieurs parties. Le 24 Mars 1759, ce dernier article eft figné par M. Jourdain de la Fayardie, Ecuyer & Académicien de Bordeaux.

II.

L'Amphithéâtre de Périgueux étoit appellé les Arenes, comme en plufieurs autres Villes de la Gaule; il en eft fait mention Epitom. Epifcop. Petragor. Biblioth. Labb. T. II. p. 739, Locus Arenarum Petragore. Le contour que formoit autrefois cet Amphithéâtre, eft très-bien marqué par les ruines, ou par une élévation qui régne autour de l'enceinte, & qui n'eft formée que par les débris de cet édifice. La direction de fon grand diametre étoit précisément du Nord au Sud, & celle du petit du Levant au Couchant. Il fubfifte encore fix maffes informes, ou plutôt fix mafures de ce bâtiment, elles font confidérables, ifolées, & fort éloignées l'une de l'autre ; mais comme ces ruines ne préfentent que des portions de voûtes & de pilliers formant des fouterrains. qu'il ne fubfifte aucune partie dont le defein puiffe instruire ou plaire, je n'entrerai point dans un plus grand détail.

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&

Je dois dire en général que cet édifice paroît avoir eu 1 200
Tome VII
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pieds de circonférence, & que la bâtiffe eft en général conftruite en moëlons menus de plufieurs efpeces liés par du mortier fimple, tandis que les pierres parées qui font le revêtement font des cubes de quatre pouces, exactement pofés par lits paralleles & par jointures alternatives: ces pierres blanches & d'une médiocre dureté, fe trouvent par-tout aux environs de Périgueux. Les ceintres font formés de ces mêmes pierres qui paroiffent fciées en forme de briques, mais on ne voit aucune véritable brique dans tout cet édifice, tandis que les autres bâtimens Romains des environs qui font peut-être plus anciens que cet Amphithéâtre, en font remplis felon l'usage de cette nation. On a trouvé dans quelques endroits de l'enceinte plufieurs fragmens de colonnes canelées & de craye, elles paroiffent, à juger par les reftes des chapiteaux de la même pierre, avoir été de l'ordre Corinthien. Il fubfifte encore dans l'Aréne de cet Amphithéâtre à quinze pieds de profondeur un Aquéduc, ou plutôt un égoût de cinq pieds de largeur, & de fix de hauteur, il étoit coupé & traversé par un autre dont les proportions étoient les mêmes; l'un & l'autre fervoient apparemment à écouler les eaux de l'Aréne, & prouvent la dépenfe & les foins avec lefquels les Romains conftruifoient leurs bâtimens publics. J'ajouterai feulement que la principale ruine, préfente encore trente-deux pieds de face, & que la porte d'entrée qui fe trouve directement au Midi, (comme je l'ai déja dit) a 6 pieds de largeur & 13 pieds 6 pouces de hauteur, fon épaiffeur & fon enfoncement eft de 15 pieds 6 pouces. Les ruines de cet Amphithâtre fe trouvent également dans les jardins des Religieufes de la Vifitation.

III.

Je ne puis gueres parler des proportions du camp des Romains, marquées fur cette Carte, & dont on voit

une coupe féparée au bas de la même Carte, que conféquemment à la Carte générale de cette Ville & de fes environs, je ne puis donc donner qu'une idée générale de fon étendue, il étoit à plus de 600 toifes de la Ville, l'efpace qu'il occupoit pouvoit en avoir 200; mais le choix de cet emplacement confirme la pofition que les Romains préféroient pour leurs campemens, ils les plaçoient toujours auprès des Villes, fans permettre à leurs troupes, quelque rigoureux que puffent être la faifon & le climat de fe mettre à l'abri dans leurs enceintes. Cette févérité jointe aux travaux auxquels les foldats Romains étoient obligés, & aux poids qu'ils devoient néceffairement porter, entretenoient la discipline, & fuffifoit feule pour former des foldats. Les Romains en ont donné la preuve à toutes les nations de l'Europe, mais leur exemple, quelque frappant qu'il foit, n'a pas fait une grande impreffion. Il eft vrai que les procédés font affez égaux, & qu'une nation moderne n'a pas beaucoup à cet égard de reproches à faire à l'autre.

On travaille depuis long-temps à une hiftoire particu liere de la ville de Périgueux, on m'a fort affuré qu'elle feroit bonne, & qu'elle étoit faite par un homme de mérite & du pays. La facilité des recherches mefait espérer, qu'étant plus éclairé, l'Hiftorien relevera fans doute les fautes qui me font échappées, non certainement sur ce que j'ai dit d'après M. Lallié de la Tour, auteur de la Carte ci-jointe, mais d'après les Mémoires particuliers que j'ai reçus.

PLANCHE LXXXVIII. No. I.

Je reffens toujours un nouveau plaifir, quand je trouve en France des veftiges d'antiquité dont on n'a point fait mention, ou dont on n'a donné ni le plan ni les élévations, ni la position avec jufteffe; les monumens qui rempliffent cette planche font placés au-deffous de Tours, fur la droite de la Loire, à fix mille toifes de la

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