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que raifonnable qu'il paroiffe, il y a toujours des dirconftances qui forcent à en déroger. Je m'étois impofé la loi, de ne parler des petits monumens, qu'après les avoir vus, pour les décrire avec plus de vérité & donner leur jufte proportion. J'ai dit ailleurs les raifons qui peuvent engager à prendre ces précautions; mais j'ai reçu il y a fix mois les plus grandes poli

teffes de M. le Marquis de la Canada retiré dans fes Terres au Port de Sainte Marie, dans les environs de Cadix, & j'ai trouvé en lui le poffeffeur d'un trèsbeau Cabinet d'antiquités, pour lequel il a fuivi les erremens de M. fon pere. Non-feulement cet affemblage de curiofités dans tous les genres, m'a fait plaifir à trouver en Efpagne, où cette étude n'eft pas commune; mais le lieu de la découverte de plufieurs de ces morceaux prouve, que fi l'on vouloit fouiller, ou que fi l'on avoit apporté autrefois quelques confidérations pour les monumens que l'on a pu découvrir, l'Espagne nous auroit inftruit autant, & plus peut-être qu'aucun autre pays.

Parmi ce grand nombre de deffeins copiés du Cabinet de M. le Marquis de la Canada; bronzes, terres cuites, marbres, pierres gravées de reliefs, &c. j'avoue que j'ai été fort étonné de n'y rencontrer aucun monument Punique; d'ailleurs tout s'y trouve avec choix & profufion. J'ai permiffion de faire ufage de ces deffeins, mais comme ils font prefque tous Romains, le plus grand nombre reffemble à ceux que j'ai déja rapportés, & j'en peus d'autant moins douter, que l'envoi de ces deffeins eft accompagné d'une explication qui ne peut être ni plus éclairée, ni mieux vue; il eft vrai que les proportions ne s'y trouvent pas rapportées; dans toute autre circonftance je ne les aurois peut-être pas fait graver, j'avoue cependant que l'envie de re

connoître

connoître les politeffes de M. le Marquis de la Canada, le plaifir de faire mention d'un Cabinet raffemblé en Espagne, & la fatisfaction de citer plufieurs Villes, dont les Antiquaires ont au moins très - peu parlé, font autant de raifons qui m'ont déterminé à donner une idée du Cabinet, & des découvertes que l'on peut faire en Espagne.

N°. I.

Une Vénus en pied, accompagnée de l'Amour & d'un Dauphin, elle est d'un très-beau marbre transparant, mais le travail n'en eft pas recommandable. Elle a été trouvée dans les fondemens du Collége Royal des Nobles à Madrid. La plus grande fingularité de cette figure confifte dans un mouchoir qui la coeffe à la Turque, & fur-tout dans la plume qu'elle a derriere la tête.

N°. II.

Ce numéro préfente un Hercule de bronze, qui n'eft pas mal confervé, mais qui ne préfente rien d'extraordinaire; il eft coeffé de la peau d'un Lion, & la criniere de l'animal fimule fes cheveux. Il n'eft pas du plus bel ouvrage, il a été trouvé en 1631, dans les ruines du fameux Temple d'Hercule à Cadix du côté de Sainte Petai, qui font couvertes ordinairement par la Mer, & qui furent cette année à fec pendant fix heures, une grande tempête ayant fait retirer la Mer. Les Curieux, profiterent de cette circonftance pour ramaffer beaucoup de choses.

No. III.

Un Neptune représenté en pied, & dont la figure. eft de la plus grande beauté, & de la plus belle confervation. Elle a été trouvée dans le même endroit,. & dans le même temps que la précédente. Cette figure a Tome VII.

Tt

pour attribut un poiffon que je ne connois point, & que je crois un cheval marin.

N°. IV. & V.

Ce vafe de marbre, eft du plus beau travail, il eft deffiné du côté qui portoit une infcription. Les anfes étoient formées par deux têtes de Jupiter Ammon, mais il n'y en a plus qu'une qui fubfifte. Les feuillages & les ornemens font auffi bien travaillés le que refte, & le couvercle eft rapporté au numéro V. pour faire juger de la richeffe & de la magnificence de ce monument. Il a été trouvé en 1755 peu de jours après le grand tremblement de terre qui fe fit fentir dans l'Iftme, qui joint Cadix avec la terre ferme, environ à un quart de lieue de la Ville, dans la partie qu'on appelle la Porte de Terre, auprès d'un Moulin à eau, qui appartient aux PP. de la Merci. Ces Moines prétendoient qu'il y avoit une plaque de bronze incrustée dans le quarré de ce marbre, mais je n'en fuis nullement perfuadé; il me femble que les Anciens écrivoient fur le marbre, & qu'ils évitoient toujours d'allier différentes matieres pour ne point attaquer la folidité. On peut croire feulement par la magnificence de ce monument, que s'il a renfermé des cendres, elles étoient celles d'une perfonne confidérable.

Il paroît par des figures trouvées à Séville, que le culte Egyptien s'eft étendu jufques-là.

On a découvert à Malaga, un Tombeau qui repréfente un Sénateur & fa femme, avec un Autel à leur côté, mais du plus mauvais travail, une pierre gravée à Tarragone, un Camée trouvé dans une baffe-cour des Recolets de Medina - Sidonia, un beau Tombeau de marbre, ou Cercophale auffi à Medina-Sidonia, dans l'Eglife

des Recolets.

FIN

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