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le culte du Bélier marqué F, & beaucoup plus
encore pour le Chien défigné par un E. Ainfi l'objet de
l'adoration demeure indécis: quel qu'il foit, il eft commun
aux trois figures. La proportion des deux animaux est éga-
lement diminuée, mais l'un eft placé au haut de la di-
vision, & l'autre au bas. Le Bélier n'a aucun hiérogly-
phe qui puiffe lui être rapporté. Le Chien eft affis fur un
dez quarré long, orné de petits cercles, & pofé sur le
plan général. Il a la patte gauche élevée en figne de pro-
tection ou de commandement. Le croiffant qu'il a fur la
tête cft furmonté d'un difque blanc, au milieu duquel
l'on voit une feuille recourbée. Le Bélier, ou l'emblême
de Jupiter Ammon, eft représenté marchant, il eft pofé
fur une plinthe chargée de trois fleurs. Cette offrande
est une preuve de culte & de Divinité; il a des cornes
placées comme on les voit ordinairement au deffus de
chaque oreille, mais il en a deux autres au-deffus de
la tête, elles font applaties, affez mal formées, & ne
reffemblent point à celles que la nature donne à cet ani-
mal quand elle lui en fait porter quatre: elles pourroient
avec affez de vraisemblance, préfenter le fymbole du
Bouc, ou de Priape, ou de Pan, adorés à Mendés fous
cette figure. Selon Diodore Bacchus prit ctte forme quand
les Dieux fe retirerent en Egypte. Hérodote nous donne
quelqu'idée fur la raifon pour laquelle on adoroit Jupiter
fous la figure d'un Bélier, il dit que les Thébains, &
tous ceux qui n'immolent point de Béliers, difent que
c'eft une Loi établie entr'eux pour les raifons fuivantes.
Hercule vouloit voir Jupiter, & Jupiter ne vouloit pas
être vû; enfin Jupiter fe laiffant fléchir, coupa la tête d'un
Bélier, le dépouilla de fa peau dont il fe revêtit, & fe
montra a Hercule dans cet état. C'eft pour cette raifon
continue-t-il, que les Egyptiens firent le Simulacre de
Jupiter avec une tête de Bélier, & en cela ils furent imi-
par les Ammoniens, defcendus des Egyptiens & des
Etihopiens.

tés

Liv. I.

Liv. II.

La figure D repréfente un Soldat qui offre un oifeau vivant, dont les aîles font éployées, & qu'il tient par les cuiffes; la tête de cet oifeau eft chargée d'une aigrette, qui m'engageroit à le prendre pour une efpece de Canard huppé ou de Vanneau ; de la main droite cette figure D porte un dard armé de fa pointe. Cet homme, qui me paroît un Soldat, marche avec plus d'action qu'on n'en voit ordinairement dans les figures Egyptiennes, & pourroit être regardé comme un des Hermotybies ou Calafiriens, qui felon Hérodote Liv. 9, faifoient feuls profeffion de porter les armes. Il eft vrai qu'on ne lui voit point ici le grand bouclier de bois qui couvroit tout l'homme entier, & que Xénophon donne aux Egyptiens lorfqu'ils étoient dans l'armée des Perfes; mais il fe peut faire qu'ils ne portaffent point d'arme défensive dans les Temples de leur pays. Xénophon ajoute à ces grands boucliers de longues piques & des fabres courts.

La femme marquée G tient un de ces vases ou gobelets d'offrande, elle le porte de la main droite, & elle leve la gauche à hauteur égale en figne d'adoration. Les hieroglyphes placés au-deffus de la tête du chien, & par conféquent au milieu des deux figures, me feroient croire que l'une & l'autre lui adreffent leurs vœux en commun, quoiqu'il y ait quelque répugnance à croire qu'on n'eut pas plus de confidération pour le Bélier; mais la bizarrerie du culte, la variété des motifs pour les prieres, enfin la néceffité des circonftances permettent d'imaginer des actions plus déplacées ou plus difficiles à concevoir. Cette femme G qui porte les deux bandes, est fuivie d'un homme devant lequel on voit des caracteres facrés, il préfente un gobelet d'offrande de la main gauche & de la droite une plume arrondie à fon extrê

mité.

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L'habillement des deux Soldats de ce groupe marqué D & H eft fort léger, il ne confifte que dans une parure de col affez large qui retombe fur les épaules, & dans

un tonnelet attaché fur les hanches, & qui ne descend pas au genou; ils ont l'un & l'autre une ceinture qui tombe à la cheville de leur pied. Leurs parures de tête s'éleve fur leurs bonnets noirs, & font établies fur deux cornes de Bouc applaties, les deux plumes font droites dans la coëffure de celui qui porte le Javelot, l'autre les porte arrondies. Un difque blanc eft placé fur ces plumes, & les petites feuilles recourbées qui excedent les deux côont très-peu de différence entre elles. Le Soldat armé porte une efpece de cafque. J'avoue que je n'avois pas encore apperçu ces fortes d'objets fur aucun monument de cette nation.

tés

L'habillement de la femme marquée G, & qui eft placée entre ces deux hommes, eft femé d'étoiles, & recouvert fur la hanche par une peau d'animal qui pend à fa ceinture. Cette peau qui n'est pas fort grande, pourroit mener loin dans le pays des conjectures. Mais Minerve & fon Egide étoient trop inconnues aux Egyptiens, pour regarder cette figure comme étant confacrée à cette Déeffe ; & fi tant eft qu'on en ait eu quelque connoiffance en Egypte ( car les Grecs n'ont inventé aucune Divinité principale) cette peau ne pourroit indiquer que l'Egis ou la peau de Chevre que les femmes étoient dans l'ufage de porter dans de certains pays. D'ailleurs cette peau, dont on trouvera plufieurs exemples fur cette table, eft toujours mouchetée; le rapport qu'elle paroît avoir par cette raifon avec la peau de Faon donnée à Ofiris, pourroit indiquer une fuperftition dépendante de ce Dieu. Le Cerf étoit confacré au Soleil, on fçait les Liv. I rapports de ces deux Divinités, & par une conféquence auffi fimple que vraisemblable, cette peau que l'on remarque plus d'une fois fur ce monument, fe trouveroit expliquée par une dévotion particuliere à Ofiris. Cette même femme marquée G porte une coëffure femblable à celle de l'homme qu'elle précéde, avec la feule différence que les plumes font placées fur un retable orné de

Diod. de Sic.

moulures, & terminé par un plateau, & que la boule au lieu d'être unie, eft remplie par une étoile, ou par la figure du Soleil. Les hieroglyphes qui accompagnent ces trois figures, font écrits derriere elles contre l'usage le plus généralement fuivi fur ce monument.

SIXIE ME GROUPE.

que

Le nombre de trois, qui m'a paru la distribution réelle de ce monument, fera toujours confirmé par un rapport général, dont la différence ne consiste dans les pofitions, les parures & les objets de culte. Cette féparation d'action eft conftamment marquée par la premiere figure de chaque groupe, qui tourne toujours le dos à celle qui fe trouve la premiere du groupe fuivant : & par la raifon du profil des figures, il y en a toujours deux dans le nombre de trois qui fe fuivent, ce qu'elles font indifféremment d'un côté ou d'un autre. Le deffein, la composition & la maniere des Egyptiens ne leur permettoient pas de conftater autrement leurs ordonnances; c'étoit au moins leur ufage quand elles avoient rapport à la Religion ou bien aux cérémonies; car nous ne pouvons juger de la représentation de leurs autres actions

le

temps ne nous en a point conservé; il est même à préfumer que les Egyptiens fe font beaucoup abftenus de compofitions civiles & hiftoriques; car dans le nombre prodigieux de monumens que l'Egypte fournit encore on ne trouve ni portraits, ni figures repréfentant des actions communes, du moins ces derniers font infini

ment rares.

Les figures IKM me paroiffent rendre un culte marqué au Sphinx, ou Lion que l'on voit à la lettre L, il eft affis fur un dez quarré long & orné. Cet animal emblêmatique eft placé en regard & en distance égale dans la totalité de l'efpace avec le chien du groupe précédent, marqué E, non-feulement ce Lion eft fingulier par fes aîles arrondies, que je crois de Scarabée, mais il l'est

encore par fa tête noire, qui me paroît celle d'un Epervier; elle eft furmontée d'un difque de même couleur, au milieu duquel on voit une étoile blanche. Ils honorent le Lion, dit Plutarque, & ornent les portes de leurs Temples De Ifid. & Ofir. avec des têtes de Lion ayant les gueules ouvertes, parce que le Nil déborde lorfque le Soleil paffe par le figne du Lion. Sans m'étendre fur les remarques & fur les obfervations néceffaires pour connoître, diftinguer & nommer les fignes du Ciel, nous voyons que celui du Lion, révéré d'abord fimplement, a reçu des augmentations emblêmatiques. Ces allégories & ces fymboles ont été constamment le principe & la fource des hiéroglyphes; mais l'union de ces différens attributs a conduit les Egyptiens à rendre leurs Divinités monftrueufes. Les Grecs & les autres nations ont pris une autre voie pour exprimer ces mêmes attributs; ils ont préféré celle de représenter auprès de leurs Dieux, ou de leur faire tenir l'arme ou l'inftrument dont on leur fuppofoit un ufage plus fréquent. La femme défignée par un I, tourne le dos à la derniere du groupe précédent, elle a fur fa tête unde ces grands Serpens dont j'ai parlé, mais celui-ci a le tête d'un Epervier, fur laquelle on diftingue un croiffant : cette femme qui a les deux bretelles, préfente de la main droite une plante affez touffue, elle tient un bâton de la gauche, dont la recourbure fimple commence fort audeffus de fa tête, & décrit en avant une portion de cercle affez confidérable. La figure de l'homme défignée par un K a le même habillement que la figure A, & précéde la femme marquée I, fon bonnet différe de forme & de couleur d'avec ceux qu'on a vûs jusques ici ; ils font noirs, & le bonnet de celui-ci eft blanc, couvert de petits cercles, & furmonté de deux grandes plumes droites, au bas & fur le milieu defquelles on voit un corps blanc & circulaire. Cette figure tient de la main droite le tau, & de la gauche un bâton terminé par une tête de huppe, comme la figure A, avec laquelle celle-ci a beaucoup de

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