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Enfin ces opérations répétées fans aucun autre objet; produifent un Volume.

Le concours & la fucceffion de ces bonnes intentions, ou du moins de ces circonstances fimples & naturelles, fuffisent pour raffurer contre la prévention du Public, & pour lui perfuader que chaque particulier dont il eft composé, en auroit fait autant s'il eut été en ma place; après tout je me fuis occupé.

Je connois le ridicule de parler de foi, & d'en parler fi long-temps, mais dans cette occafion je ne pouvois parler d'aucun autre, ni m'excufer par témoignage d'aucun Ancien.

FIN.

le

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RECUEIL

D'ANTIQUITÉS.

PREMIERE PARTIE,

DES ÉGYPTIENS.

AVANT-PROPOS,

E ne fuis à portée de donner dans ce fupplément que des monumens d'un volume peu confidérable. Cependant on ne peut s'empêcher, quand on fe remplit de la grandeur des Egyptiens, de citer lorfqu'il eft poffible de les avoir avec certitude, la proportion des morceaux de granite qu'ils ont employés dans de certaines occafions. J'ai fait voir dans le vol. VI. les difficultés qu'il avoit fallu furmonter pour l'exécution des Chapelles d'une feule pierre que l'on voyoit dans le Temple de Saïs, & dans quelques autres. Tome VII.

A

Un examen de Diodore de Sicile fournit un autre preuve des travaux immenfes de ce peuple. Cet Auteur dit, pag. 104, Sect. I. de la Traduction de l'Abbé Terraffon, que le groupe d'Ofimandias, compofé de trois figures, étoit d'une feule pierre. C'eut été ne rien dire', ou du moins rien qui fut capable d'étonner, les dimenfions du bloc pouvant être de toute grandeur; mais il ajoute, que le pied de la plus grande des trois ftatues avoit fept coudées de longueur.

Avant que de donner peu près le poids énorme de ce bloc, je dois dire que Diodore en diftinguant la plus grande figure, certifie ce que j'aurois avancé de moi-même, c'est-à-dire, que felon tous les exemples que les monumens Egyptiens de toute proportion nous donnent, la figure principale, la plus grande, en un mot, celle d'Ofimandias dans cette circonftance étoit affife, & que les deux qui l'accompagnoient, foit fa femme & fon fils, ou fes enfans, étoient debout à fes côtés, & n'excédoient point fa hauteur, lui étant affis. Par conféquent il ne faut point faire entrer dans ce calcul le vuide qui fe trouve depuis la tête jufqu'au genoux, il faut fimplement calculer l'épaiffeur de trois figures du côté du doffier & du devant de la chaife. Ainfi je fuis beaucoup plutôt au-deffous du poids & de la proportion de ce groupe, que je n'excede l'un & l'autre ; mais en défalquant les vuides que donne la ligne tirée depuis la tête jufqu'aux pieds, en paffant les par genoux dans une attitude auffi exacte, auffi précise pour les angles que les Egyptiens la pratiquoient, & qu'on aura fans doute retranché dans la carriere même, pour éviter un poids abfolument inutile, il fera refté net 69972 pieds cubes. Et le poids étant de 200 livres pieds cubes, produit 13994400 livres cubes.

Le tranfport & les moindres mouvemens que ce Coloffe a exigé pour être mis en place, paroiffent inconcevables. Mais les Auteurs ont trop fouvent atteftés des faits pareils pour ofer les mettre en doute, & pour que

l'Histoire des Arts n'en faffe pas une éternelle mention: car les forces mouvantes ne peuvent être pouffées plus loin.

Après de pareils exemples qui font capables de nous étonner, comment peut-on confidérer les petits monumens? Cependant un bon efprit ne les dédaignera point. Souvent ils nous confervent la représentation des plus grands, qu'il nous eft impoffible d'avoir fous les yeux, ou qui ne fubfiftent plus ; ils nous familiarifent encore avec les ufages d'une Nation. Quel bonheur fi leur écriture devenoit intelligible! Cette découverte répandroit le plus grand jour fur l'Hiftoire des Egyptiens; leurs infcriptions démentiroient peut-être même des Auteurs anciens qui ont ofé les expliquer.

PLANCHE PREMIERE. No. I.

LE 18 Juin de l'année 1764, M. Majors, Graveur Anglois, m'apporta cinq petites figures Egyptiennes, & un bas-relief de marbre. Curieux de fçavoir d'où me venoit cet envoi, je l'interrogeai en conféquence; & comme on lui avoit recommandé le fecret, il ne s'expliqua point; & dans la crainte d'être féduit apparemment par mes inftances, il s'échapa & difparut: ce qui lui fut d'autant plus aifé, que j'étois retenu malade dans mon lit. Il m'avoit auparavant remis un billet dont il étoit également porteur. Je crus y trouver les éclairciffemens que je défirois, mais je fus détrompé lorfque je l'eus fait traduire. L'écrit portoit en fubftance qu'un Anglois, ami de la liberté, & dont la patrie s'étendoit fur tout l'Univers vouloit placer dans mon cabinet quelques antiquités Egyptiennes. Les expreffions les plus honnêtes & les plus polies relevoient la richeffe du préfent.

Pénétré de reconnoiffance d'un procédé fi noble & prefque fans exemple, j'ai employé tous les moyens poffibles pour connoître ce galant homme, je n'ai pu y réuffir, & voyant l'inutilité de mes recherches, j'ai été obligé de

recourir à la voye des Papiers publics de Londres. Il y a lu une partie de mes remercimens, & il a connu le defir & le befoin que j'avois de fçavoir en quels lieux le bas-re lief principalement avoit été découvert, & comment il avoit été tranfporté en Europe. J'ai obtenu promptement ce que je défirois. Le même Anglois, le même partifan de la liberté, le même Citoyen du monde, car c'est ainfi qu'il continue de fe nommer dans la feconde Lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire, m'a mandé que le bas-relief que je dois à fa générofité, a été apporté du Caire il y a environ quinze ans, par le Capitaine d'un Vaiffeau Anglois; qu'il fut remis à un Marchand de Londres qui s'en étoit défait, & que dans la fuite celui qui m'en faifoit le préfent en avoit fait l'acquifition.

Ce bas-relief exécuté fur une efpece de marbre gris fort tendre, nous conferve un Sacrifice pour remercier les Divinités. Il eft à mon fens un des plus rares puifqu'il rappelle l'enfance des Arts dans l'Egypte même. Le bas-relief cft en effet un peu faillant; mais les hieroglyphes font en creux. Ce marbre a été fait pour être encaftré, & son étendue pouvoit être plus confidérable.

Les cinq figures à genoux qui fuivent la figure principale, & qui font chargées où environnées des attributs qui doivent être néceffairement conféquens & dépendans de l'objet du Sacrifice, font placées fur deux plans féparés par un trait fans aucune espece de dégradation. Cette reffource a été celle de tous les temps de la Sculpture ignorante, qui n'avoit pas d'autre moyen pour multiplier les représentations des objets. D'ailleurs ce procédé est ici une des principales preuves de la haute antiquité que j'attribue à ce monument: cette idée pourroit cependant être contredite par la raifon que les figures dont il s'agit ont de l'action, & que leurs jambes & leurs bras font féparés.

Au refte, je ne puis me refufer à donner une explication

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