Imágenes de páginas
PDF
EPUB

M. de Meaux, que l'efperance pouvoit fubfifter fans le motif de la charité.

Ce n'eft pas tout: il a vû au même endroit que M.de Meaux décide que c'eft une très-grande erreur , que c'eft détruire l'efperance chrétienne; & ailleurs, que c'eft faire un vice de cette vertu, que d'y faire prévaloir un autre motif que celui de la charité, & à plus forte raifon de la féparer entierement du motif de la charité. Cependant il fupprime & diffimule tout, pour s'envelopper dans l'équivoque du terme de charité commencée, afin de faire dire à M. de Meaux à la faveur de cette équivoque, le contraire de ce qu'il dit au même endroit; & de lui faire accroire que ce qu'il appelle une très-grande erreur, n'eft plus une erreur, mais une

verité importante; & que ce qu'il regarde comme un vice n'eft plus un vice, mais une trèsgrande vertu.

C'eft ainfi que M. l'Archevêque de Sens en ufe perpetuellement à l'égard de M. de Meaux. Il change, il fupprime, il diffimule ce qu'il trouve de plus clair & de plus décifif dans fes écrits, pour le faire enfin tomber dans fes erreurs. Mais ces écrits de M. de Meaux demeurent en leur entier ; & ils fe concilient eux-mêmes si parfaitement & fi clairement, que M. de Sens n'en fçauroit citer un feul endroit qui ne fuffife pour refuter ce qu'il veut lui faire dire, fans qu'il foit befoin de recourir aux autres endroits où il le refute en termes exprès. C'est ce qui paroît manifeftement dans ce paffage même qui paroît

paroit à ce Prélat fi triomphant pour lui, & fi affommant pour moi. Car fans rappeller celui qui précede immediatement, où nous venons de voir que c'eft une trés-grande erreur & détruire l'efperance, que de la féparer du motif de la charité, & cet autre où M. de Meaux dit que c'eft la rendre vicieuse & défordonnée, que d'y faire prévaloir un autre motif, à ne confiderer que le paffage meme allegué par M. de Sens, rétabli en fon entier, on en conclura contre ce que cet Archevêque veut établir, que l'efperance chrétienne ne peut être fans le motif de la charité.

En effet, n'eft-il pas certain que rien ne précede cet amour de préference qui eft l'acte for

mé de la charité commencée,ou la charité actuelle formée, que

h

la foi & l'efperance? Peut-on fuppofer que cet amour de préference fe forme tout à coup dans le cœur? Il n'est que trop la foy & l'efperance

[ocr errors]

vrai que qui font donnés pour former cet amour ne l'enfantent ordinairement qu'après de longs & de violens efforts. Il a donc fa préparation & fon commencement dans ces deux vertus. Et comment en effet le pourroient-elles produire, & de là parvenir à la charité parfaite, fi elles n'y tendoient pas ellesmêmes de leur nature? Et des mou

que

peut-on concevoir vemens qui font tendre à la charité, puiffent être fans le motif de la charité, & fans quelque commencement de cette vertu? Ainfi le vain triomphe. de M. de Sens fe tourne à la confufion de fes Theologiens.

XXI.

aux autre

On conclura encore de ce paffage contre ce que M. de Réponse Sens foutient, que M.de Meaux objectionss reconnoît un amour de pré- de M. de ference du fouverain bien qui Sens qui ne juftifie pas par lui-même ; deuxieme puifque cet amour de préfe- degré de la rence dont il parle dans ce paf- charité afage n'eft encore que la charité féme

commencée, & non la charité parfaite.

En effet c'est ce qui s'enfuit enfin de tout ce que nous avons établi fur les trois principaux degrés de la charité. Il s'enfuit, dis-je, que cet acte formé de la charité commencée, ou cet amour actuel de préference du fouverain bien, n'eft pas la charité habitante & juftifiante, c'eft-à-dire cette charité qui eft répandue dans nos cœurs par le S. Efprit qui habite en nous, par laquelle nous de

confond le

vec le troi

« AnteriorContinuar »