feparés de Dieu, dit Ifaïe; comme dit encore Ezechiel en parlant du pecheur: Parce qu'il a· confideré fon état, parce qu'il S'eft détourné de toutes les œuvres d'iniquité qu'il a commifes, il vivra. Suppofant donc une fois cet obftacle levé, le Sacrement ne fçauroit manquer d'avoir fon effet, & de produire l'entiere & pleine juftification.

X L.

gnement

nation au

J'aurois fans doute ici bien des chofes à dire fur la nature de l'at- Pobjection Réponse à trition, fi je me propofois de dif- où l'on traicuter cette queftion, fuivant les te de l'étoifentimens des Théologiens tant de Dicu & anciens que modernes ; & je de- de l'inclimanderois d'abord fi c'eft par elpeché. le-même, & comme conçue par Quels font la feule crainte; ou fi ce n'eft les remedes point par la force de ce qui l'accompagne, & des autres chofes qui y font jointes, que l'attrition exclut la volonté de pecher; fi

de l'un &

de l'autre.

Serm. 161. num. 8.

toute fa force ne fe réduit pas uniquement à ce que dit faint. Augustin, qu'en laiffant l'hom

Aug. Tom.s me dans la volonté de pecher, c'eft-à-dire très-certainement pécheur par fa volonté, elle ne permet pas de paffer jufqu'aux actes éxtérieurs & plus marqués : fi quand on fuppoferoit même que la force de la crainte peut aller jufqu'à bannir la volonté de pecher, elle peut avoir cet effet d'une maniere durable fans le fecours de cette trifteffe qui, parce qu'elle eft felon Dieu, dit l'Apôtre, opere une pénitence ftable &folide; ou fi dans cette fuppofition tout l'effet de la crainte ne fe réduit pas à ne mettre dans l'ame qu'une difpofition mobile, chancelante & paffagere,qui laiffelepecheur toûjours prêt à retomber,& bientôt retombant en effet dans fes défordres avec autant d'inclination

'd'inclination que de promptitude. Mais pour ne pas donner trop d'étendue à ce Traité que nous nous fommes propofé de rendre court & précis, & de ne l'appuyer que fur les decrets du Concile de Trente; laiflant la premiere Propofition pour ce qu'elle eft, je nie la feconde, c'eft-à-dire, que pour être juftifié dans le Sacrement de Pénitence, il fuffife de n'avoir pas la volonté de pecher; & je la nie fur l'autorité du Concile, qui n'a jamais dit que cette exclufion fuffit, mais feulement qu'elle difpofe, & qu'elle prépare la voie à la juftice, comme nous l'avons prouvé tant de fois, non feulement par l'autorité des actes du Concile, mais encore par la feule teneur des paroles dont il a formé fes decrets.

Ce qu'on ajoûte de l'obstacle

n'eft pas

qu'il fuffit, dit-on, de lever, moins frivole; car il y a deux obstacles dans le peché par rapport à la justice, le pre mier l'éloignement de Dieu, & le fecond eft l'attache à la créàture. Que cette attache foit donc levée peut-être par l'exclufion de la volonté de pecher, je veux bien le fuppofer; mais l'éloignement de Dieu peut-il l'être par quelqu'autre chofe que par le retour à lui, c'est-à-dire amour Cette exclufion de la volonté de pecher, bien loin de lever tous les obftacles,ne leve donc pas le plus grand de tous. Car par rapport à la juftice l'obftacle capital eft l'éloignement de Dieu, ou le peche entant qu'il l'offenfe: ce que faint Tho mas a parfaitement prouvé par

par

fon

Suppl. q. 3 cette réfléxion; que puisque a.i.ad quare l'homme est obligé d'aimer Dies

зит.

plus que foi-même, il est auffi plus obligé de détefter le peché, parce qu'il offenfe Dieu, , que parce qu'il a de contraire au bien de l'homme ; ce qui dé montre que le véritable & le plus grand des obftacles du cœur, par rapport à la juftice, ne peut être jamais levé que par quelque commencement d'amour.

On dira que l'exclufion de la volonté de pecher laiffe à la vérité fubfifter l'éloignement de Dieu, mais feulement dans l'habitude, & par conféquent que l'habitude contraire de la charité qui nous eft donnée dans le Sacrement, fuffit pour lever cet obftacle. Mais je répond à cette inftance, que cette habitude fuf fit non comme habitude, mais entant qu'elle eft accompagnée de quelques actes du faint amour. Car fi la charité ne nous étoit

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