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Sur ce que j'ai dit plus haut du corps des piques, on comprendra aifément que l'invention de cet excellent Chef de guerre étoit très-bien imaginée, & d'un homme fçavant & profond dans l'infanterie, & qu'elle eft auffi très-facile dans l'éxécution, puifqu'il y en a même des éxemples.

Ce que fit Fabien, Officier du régiment de Jacob, à la bataille de Ravenne, gagnée par Gafton de Foix, eft une action des plus hardies dont on ait jamais ouï parler.

Cet Officier, un des plus grands & des plus forts hommes qu'il y eût en Europe, dit le Pére Daniel, fauta au milieu des ennemis,& prenant par le travers une longue pique qu'il tenoit,la baisse avec tant de force (a) fur celles des piquiers Espagnols, au milieu defquels il étoit, qu'il donna le tems à ceux qui le fuivoient de fe jetter fur eux par cet cfpace; c'est-à-dire que les piques fe trouvant baiffées, & les fers contre terre, les Efpagnols ne pûrent les relever pour les préfenter à ceux qui venoient après, qui les mirent fous les pieds, & fe jettérent fur les piquiers. C'est ce que l'Hiftorien veut dire. C'eût été un miracle, fi celui qui fit un coup fi déterminé, n'y eût pas laiffé la vie. Si les piques des Efpagnols n'avoient pas été de la longueur ordinaire, ce brave Officier n'eût jamais penfé à une action fi hardie.

Il y a certaine proportion dans les armes blanches qui en fait le fort ou le foible, particuliérement dans la pique. Je m'imagine qu'il n'y en a pas de plus parfaite & de plus avantageufe que celle que je propofe. Il eft certain qu'une arme qui paffe douze pieds dans fa longueur ne vaut rien. Elle eft fans force, fans action & fort embarraffante, elle péfe à la main par la raifon du levier: celles du fecond rang font encore moins à craindre, & les autres prefque immobiles;, mes pertuifannes font plus courtes, & par conféquent plus fortes & plus aifées à manier, & les coups plus affûrés: il n'y a pas moien d'y parer, ni de s'en garantir. Qu'on ait retranché cette arme par les confeils de la multitude, cela ne me furprend point, la baionette pouvoit faire illufion pour un tems: mais qu'on continue dans cette erreur, voilà ce que je trouve de fort étrange.

(a) Je ne crois pas qu'il foit befoin d'une force fi extraordinaire pour faire ce que Fabien fit. Il ne faut que ne point ignorer ce que c'est que levier. Un enfant en feroit tout autant, l'extraordinaire fe trouve feulement dans la hardieffe &

Fin du Traité

dans l'intrépidité de cet Officier. Le plus grand homme de l'Europe eft fans doute un géant, & Fabien n'étoit pas un géant. L'Hiftorien eût pû emploier un autre terme qui donnât une idée un peu moins coloffale.

de la Colonne.

DES CHAPITRES

Du Traité de la Colonne.

p.

CHAP. II. De la Colonne, & de fes parties. Ce qu'on entend par cet

ordre,& cette maniére de combattre. Ses avantages fur le quarré à

centre plein.

CHAP. III. De l'ordre quadrangulaire opposé à la Colonne. Analyfe de
ces deux évolutions. Que le feu de la premiére eft inférieur à celui de
la feconde, quoique plus foible en nombre d'hommes.
p. lviij.
CHAP. IV. Huit bataillons, rangés en Colonne, réfifteront à une force
quadruple, ils feront même en état de l'attaquer. Preuves de cette
propofition.
P. 1xj.
CHAP. V. L'analyse de l'Embolon ou le Cuneus des Anciens, & leur
bataillon quarre ont donné lieu à la découverte de la Colonne. Ce
que c'est que le Cuneus. Ce qu'on penfe de cette maniere de com-
battre.
p. lxvj.

CHAP. VI. Suite du Chapitre précédent. Que la Tête de Porc, dont

les Auteurs de la moienne antiquité font mention, peut être le Cu-

neus des Grecs.
p. lxix.

CHAP. VII. Commandemens & manière dont on croit que les Anciens for

moient le Coin; s'il eft vrai qu'il fût de figure triangulaire. p. lxxv.

CHAP. VIII. Raifons qui autorifent la Colonne, & les avantages de
cette manière de combattre.

p. lxxvj.

p. lxxxj.

CHAP. XII. Des armes de l'infanterie. La pique en devroit être in-
Séparable. Avantage & défaut de cette arme.

p. xcvj.

DES CHAPITRES

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CHAP, VI. Les Romains paffent en Afrique, affiégent Afpis, & défolent la campa
gne. Régulus refte feul dans l'Afrique,& bat les Carthaginois devant Adis. Il pro-
pofe des conditions de paix, qui font rejettées par le Sénat de Carthage, IOI.

OBSERVATIONS fur la bataille d'Adis,

S. I. Fortune inégale de Régulus. Caractére des Carthaginois. Confiance qu'ils pren-
nent en Xantippe. Exemple unique,

S. II. Ordre de bataille des Romains & des Carthaginois,

ibid.

§. II. Loi des Athéniens pour la conftruction d'une flotte,& correction de cette loi, 201.

§. III. Les Athéniens, malgré leurs forces de mer, tombent en la puissance de La-

F. I. Que la plupart des hommes ne jugent du mérite des guerres qu'autant qu'elles fon gros-
fes,& les armées de part & d'autre puissantes en appareil & en nombre d'hommes, ibid.

S. II. Que le coup d'œil militaire produit le grand & le beau d'une guerre. Qu'il

peut s'acquérir par l'étude & l'application. Erreur de ceux qui prétendent que

c'est un préfent de la nature,

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