Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Commandemens & manière dont on croit que les Anciens formoient le
Coin; s'il eft vrai qu'il fut de figure triangulaire.

Outes les fois qu'on vouloit former le Coin, il n'étoit pas néceffaire de marquer les divifions. Chacune fçavoit ce qu'elle avoit à faire, la phalange étoit toujours d'un nombre pair de 4096. hommes à 16. de profondeur. Elle étoit com- Une pofée des Oplites, qui étoient des foldats pefamment armés, tous piquiers; car les armée armés à la légére, comme archers, frondeurs & dardeurs, ne faifoient pas corps avec étoit Gréque la phalange.

compo

ges, qui

la faifoient 16384.

Lorfqu'on vouloit former le Coin, il me paroît qu'on devoit divifer la phalange en fée de plufieurs fections inégales, les unes plus fortes que les autres, ce qui fuffifoit pour quatre toujours. Chacune devoit être de quatre, de fix ou de huit files plus forte que celle phalanqui précédoit: c'eft-à-dire que la premiére fection étant par éxemple de 22. files, feconde devoit être de trente, la troifiéme de trente-huit, & ainfi des autres. On obfervoit que ce fut un nombre pair, pour que les files de chaque fection dé- piquiers. bordaffent également aux aîles celle qui la précédoit. On ne formoit pas feulement le Coin d'une feule phalange, mais de toutes les quatre, felon les occurrences; alors ce Coin prenoit la figure d'un trapeze vuidé, au lieu que celui dont je parle eft plein. La fection la plus foible A, formoit la tête du Coin de 22. files à 16. de profon deur, ce qui faifoit le nombre de 352. hommes. La feconde fection B, devoit être de 480. La troisième C, de 608. La quatriéme D, de 736. La cinquiéme E, de 864; & la fixiéme F, de 4096. hommes, ou Oplites. On devoit augmenter ou diminuer les fections felon le terrain, ou le païs où l'on marchoit. Paffons aux com mandemens.

Avous Phalange pour former le Chin.

Attention.

Que la divifion de droite ne bouge.

Demi Tour à droit.

Marche.

A ce commandement, & tout d'un tems, chaque fection partira de fon terrain G. La feconde section H ira fe pofter à deux pas plus bas, & à côté du dernier rang de la premiére A, & fera halte.

La troifiéme K fe mettra deux pas plus bas que la feconde H, & ainfi des autres: les mouvemens étant marqués par les lignes ponctuées L. Cela étant fait, voici lé commandement pour former l'évolution.

A gauche formez le Coin.
Marche.

A ce commandement la feconde fection H, marchant par fon flanc, fe mettra derriére la premiére A, la troifiéme K derriére la feconde, & ainfi des autres, obfervant

[ocr errors]

que les files des fections, à la queue les unes des autres, débordent également des deux côtés...Cela fait, on fera ce commandement.

Remettez-vous.

Le Coin fe trouve alors rangé, comme on voit dans la figure A.

. On peut former cette évolution d'une autre maniére, qui me paroît plus rapide dans fon mouvement. Les divifions étant marquées, on fait marcher la fection de la droite en avant, en même tems qu'on fera ce commandement aux autres.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

A ce commandement les divifions feront à droit, marchant par leur flanc fur la même ligne, & doubleront les unes derriére les autres. La premiére marchera toujours en avant, & d'un plus grand pás, pour laiffer du terrain derriére elle; la feconde qui fuit, aiant doublé à la queue de la premiére, fera à gauche, & fuivra cette premiére, & ainfi des autres, qui aiant toutes doublé, feront halte pour se dreffer & fe mettre en ordre.

Voilà cette fameufe évolution, ou cet ordre de bataille dont il eft tant parlé dans les Hiftoriens de l'antiquité: fuppofé quelle formât un trapéze, je n'en vois point de plus légére & de plus prompte après la Colonne. Il n'eft pas difficile de comprendre qu'on peut fe former ainfi en préfence de l'ennemi; fi les Grecs ont pratiqué cette évolution comme les Romains, elle valoit infiniment plus que le bataillon, & cet infiniment plus ne conclur pas que cette figure fût fans défauts,

CHAPITRE

VIII.

』;

Raifons qui autorifent la Colonne, & les avantages de cette maniére de combattre.

[ocr errors]
[ocr errors]

"Ai démontré les inconvéniens & les défauts des corps qui compofent notre infanterie dans la maniére dont elle combat aujourd'hui. Je n'ai pas non plus épargné la méthode des Anciens dans ce que j'y trouve à reprendre, cela eft néceffaire lorfqu'il s'agit d'établir & d'élever fur des principes tout nouveaux, & de combattre les yieux: car la vérité ne fe fait jamais mieux fentir que par l'oppofition des deux mé thodes.

Pour peu qu'on éxamine notre Colonne avec attention, on reconnoîtra fans peine qu'elle eft fondée fur une étude méditée de l'infanterie. Mille raifons l'autorifent, & les avantages qu'on en peut tirer font fans. nombre.

La Colonne formée felon nos principes, eft plus prompte & plus difpofée à toutes fortes de manoeuvres. Elle peut les faire en fe confervant entiére & par fections. Elle fe rompt & fe remuë en un inftant, fe partage de tête à queue, & double felon les

[blocks in formation]

J

occurrences, par des mouvemens rapides & fubits dans l'Action même & les affaires les plus engagées.

Tout terrain lui eft propre, elle défile & fe forme par un feul commandement, fans que les mouvemens qu'elle fait puiffent donner à l'ennemi le tems & l'occafion de la charger, tant eft grande la promptitude de fes manoeuvres: les corps qui la compofent peuvent attaquer & fe défendre indépendamment les uns des autres, & par eux-mêmes; enfin la Colonne a plus d'action & plus de force dans le choc qu'aucune évolution qui ait été inventée. Elle a la folidité & l'impulfion de la phalange doublée dont parle Polybe, fans en avoir le foible; fes armes font parfaites, comme nous le ferons voir en fon lieu. Nous faifons confifter cette perfection dans leur diverfité en les entremêlant ensemble, afin que l'une fe trouve foutenue par l'autre.

Il est moralement impoffible qu'une Colonne puiffe être jamais rompuë. Qui eft le corps de cavalerie, quelque fupérieur qu'il puiffè être, qui ofe fondre & s'abandonner fur une maffe armée & ordonnée de la forte, & pénétrer cette forêt d'efpontons, de hallebardes, de pertuifannes & de baionnettes au bout du fufil, & foutenir encore un feu prodigieux, réglé & uniforme qui ne change point? La Colonne n'a rien de foible, elle peut faire tête de toutes parts, & fe remettre aifément : c'eft un fagot d'épines qu'on ne fçait par où prendre, & dont l'ébranlement, la folidité, la pefanteur & la force eft fi violente, qu'il n'y a rien qui puiffe fe refufer à fon paffage; rien qu'elle n'ouvre & qu'elle n'enfonce: d'ailleurs, comme je l'ai fi fouvent répété, tout terrain, toute fituation lui eft propre. Elle fouffre toutes fortes de changemens, on la varie, on la change felon les différens cas, & fà force eft en elle-même; fes mouvemens font fimples, légers & rapides. C'eft là le feul ordre qui nous faffe connoître la force de l'infanterie, c'eft enfin avec le fecours de cet ordre que l'on peut faire de nouvelles découvertes dans la tactique, fi on veut la tirer de fes véritables principes, & la traiter avec la fimplicité néceffaire pour la mettre à la portée des plus fimples: il y a pourtant plus d'art qu'on ne penfe dans la maniére de la former; mais l'étude & la connoiffance de cet art font une affaire de peu de jours aux efprits les plus communs, & cetre connoiffance nous méne, fans prefque aucune étude, aux changemens & aux différentes variations des ordres de bataille, que les différentes fituations de terrain & de païs réglent.

On peut juger, par ce que je viens de dire de la force de la Colonne, qu'elle ne fçauroit être attaquée que par une difpofition & des armes femblables, je veux dire par des corps égaux, & qui combattent felon mon systême. Car comment réfifter contre une maffe d'infanterie dont on ne voit pas la profondeur, de quelque côté qu'on l'attaque? Suppofant la Colonne de trois fections ou bataillons les uns derrière les autres, On fupà la diftance de trois pas, & fur 24. où 30. files, les grenadiers féparés, il eft certain pofe le que fi l'on attaque cette Colonne par la tête, on fe trouve avoir affaire à 50. rangs ou bataillon plus felon la force des corps. Je laiffe à penfer fi c'eft une chofe bien aifée de réfilter, de 500. fufeliers, contre un corps difpofé de la forte, avec des bataillons fur cinq de profondeur, ou pour mieux dire fur quatre: car il eft rare aujourd'hui que l'on combatte fur plus, tant on compris fait peu attention à ce qui fait la force de l'infanterie. les gre

Si on l'attaque par fes flancs, ou par fes faces, il faut fe réfoudre à combattre un front nadiers. bien plus étendu, & à percer 24. ou 30. rangs; mais ce qu'il y a de bien redoutable, c'eft d'affronter un corps qui fe trouve tout hériffé d'armes de longueur, & d'où il part un feu qui ne finit point, & défendu par les armes blanches qui le bordent, & contre lefquelles la cavalerie la plus intrépide ne fçauroit approcher. L'infanterie rangée felon la coûtume d'aujourd'hui, réfifteroit-elle contre un corps difpofé de la forte? Il n'y a point de bataillon qui ne s'y brifat, bien loin de l'ébranler & de le rompre : il difparoltroit même contre un feu fi violent, & contre l'effort des pertuifann es, des

k ïïj

« AnteriorContinuar »