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efpontons des Officiers, & des hallebardes des Sergens, qui fe trouvent plus près-après: ajoutez la profondeur de fes files; c'eft cette épaiffeur qui foutient les corps dans une union parfaite, & les empêche de flotter: car le flottement tant dans les efcadrons que dans les bataillons, me paroît la chofe du monde la plus dangereuse.

On peut regarder la Colonne comme un rempart mobile qui fe défend par lui-même; mais pour lui donner plus de force dans fon élancement ou dans fon repos, il faut, comme je penfe l'avoir dit, que les rangs & les files foient ferrées & en bon ordre: car l'attaque unie & condenfée eft celle qui rompt l'ennemi. Les Anciens la connoiffoient mieux que nous. Comme leur maxime étoit d'en venir d'abord aux coups de main, ils avoient foin que les foldats des premiers rangs fuffent les plus forts & les plus braves, parce que tout dépendoit des têtes. Ils voioient affez l'importance d'en empecher la perte; car lorfque quelqu'un vient à tomber, il fait perdre la force du choc. Outre leurs grands boucliers, qui étoient la principale arme défenfive, ils en avoient encore d'autres fort légers qui leur couvroient tout le corps, compofés de bandes de fer fur le modéle de nos taffettes & de nos braffards, ou de cottes de maille; ce qui eft encore moins embarrassant lorsqu'il faut agir & combattre. Cette arme défensive conviendroit fort à notre cavalerie: pourquoi lui donner des cuiraffes d'un poids énorme, fi on ne la voit prefque jamais aux mains contre l'infanterie? Car le feu de la cavalerie eft moins que rien, fon avantage n'étant que dans fon épée de bonne longueur. Le foldat étant armé de la forte, eft à l'abri de l'arme à feu; il s'en mocque & en va plus volontiers aux mains; il ne trouve plus d'autre reffource pour fe garantir du feu de l'ennemi, que de marcher droit à lui, & par là on lui enléve fon avantage. Ce que je dis ici s'adreffe autant à la cavalerie qu'à l'infanterie.

La Colonne nous met dans cette néceffité; car lorfqu'elle eft ébranlée pour joindre & pour le choc, il faut qu'elle enfonce & qu'elle perce tout ce qui s'oppose à fon paffage. C'eft un torrent qui paffe, & qui emporte tout ce qui ofe lui réfifter. Elle ne fçauroit reculer, les rangs s'entrepouffant les uns les autres. La tête du corps qui fuit, & qui s'unit à l'autre dans le combat, foutient & arrête la queue de celle qui la précéde. Les derniers preffent ceux qui font devant, & font caufe qu'ils vont & chargent avec plus d'impétuofité, d'union & de violence. Si la premiére fection est rompuë, les fuiards s'écoulent à droit & à gauche, & la feconde fection fraîche & en bon ordre fuccéde à celle qui vient d'être rompuë; c'eft un autre ennemi qu'il faut combattre, & en porter tout le poids & la violence.

Les Colonnes qui font entrelaffées entre des lignes de bataillons, doivent pártir de la ligne à vingt-cinq pas de l'ennemi, pour tomber brufquement deffus pendant que le refte fuit.

On m'objectera peut-être qu'un corps auffi épais & fuppreffe que la Colonne, fe trouve terriblement expofé au feu du canon, qui peut emporter des rangs & des files entiéres, & caufer de grands défordres; mais le canon n'eft redoutable que contre les corps qui rettent fixes, fans mouvement & action, comme nous l'avons vû affez fouvent dans bien des affaires, où les deux partis fe paffoient réciproquement par les armes, fans que l'un ni l'autre penfat, ou pour mieux dire, ofat en venir aux mains dans un terrain libre. Une canonade réciproque marque une grande fermeté dans les troupes qui l'effuient fans branler, mais trop de circonfpection, d'incertitude ou de timidité dans le Général: car le fecret pour s'en délivrer n'eft pas la magie noire. Il n'y a qu'à joindre l'ennemi, on évite par ce moien la perte d'une infinité de braves gens, & le Général fe garantit du blâme qui fuit ordinairement ces fortes de manœuvres. Mais indépendamment de ces raifons, nos bataillons ne courent-ils pas la même fortune? Je fuppofe qu'un boulet enfile & fracaffe tout un rang, ou emporte une file,

les bataillons n'y font-ils pas expofés plus que la Colonne, qui eft beaucoup moins en prife? Outre qu'on ne forme la Colonne, & que les fections ne fe joignent les unes à la queue des autres qu'au moment qu'on eft prêt d'en venir aux mains avec l'ennemi: d'ailleurs la Colonne, qui gît toute en action, n'effuie qu'un feu de paffage &d'un moment, parce que le propre de ce corps eft de joindre l'ennemi; & fi l'on n'en a pas envie, il eft inutile de fe former dans cet ordre. Elle fouffre bien moins de feu, parce que fon mouvement en avant eft d'un cours plus vif & plus accéléré. Les bataillons marchent d'un pas lent & grave, parce qu'ils ne peuvent aller autrement fans flotter & fans fe rompre, & par-là ils fe trouvent plus longtems expofés aux différentes bouches à feu; ce qui fait perdre aux foldats cette ardeur que la viteffe & l'élancement allument dans leur cœur, & qui les étourdit dans le péril, que le pas grave leur fait connoître: en effet l'ardeur s'éteint par la réfléxion que la lenteur des mouvemens nous donne le tems de faire dans les grands dangers.

Enfin pour derniére raifon, comme il fe trouve rarement des plaines affez larges & affez étendues pour qu'une grandée armée (telles qu'on en voit aujourd'hui) puiffe fe déplier, & combattre en pleine bataille, il me paroît qu'on ne fçauroit mieux faire que d'entrelaffer des Colonnes de deux ou de trois fections dans une ligne de bataillons. En effet je ne pense pas qu'il y ait rien de plus avantageux à un Général que de chercher les endroits reffèrrés, particuliérement lorfqu'il fe trouve plus foible, & qu'il n'a pas un grand nombre de régimens fur la valeur defquels il puiffe compter: car alors mettant ce qu'il a de bon à la tête de fes Colonnes, le refte va de foi-même, outre que ce mélange engendre l'émulation. Comme ce font les têtes qui donnent & qui décident, tout dépend auffi de leur choc, comme je l'ai dit plus haut. D'ailleurs dans ces lieux refferrés l'on fe trouve à l'abri du défordre qui furvient presque toujours, lorsqu'une armée combat fur un trop grand nombre de lignes: l'on voit aflez fouvent qu'au premier défavantage la premiére ligne étant enfoncée & pouffée vivement, elle fe renverfe fur la feconde, & la met en confufion, accident qui fe communique à toutes les autres fans qu'il foit poffible d'y remédier, particuliérement = pour un Général qui ne feroit pas des plus habiles, outre que le canon fait un défordre épouvantable dans ces lignes ainfi redoublées. L'ordre par Colonnes entrelaffées dans une première ligne, n'eft pas fujet à un fi grand défaut, l'effort d'une ligne ainfi · difpofée eft des plus violents & des plus furieux; l'on oppose un plus grand nombre de troupes à une ligne lorfque l'ennemi paroît fur une moindre; ainfi je la confidére non feulement comme la reffource infaillible des foibles, mais encore comme le falut d'un Chef qui manque de cette intelligence, & du coup d'œil que l'ordre trop compofé éxige: la fimplicité de ma tactique fuppléant au défaut de l'autre.

Je m'apperçois d'une objection qu'on peut me faire, & dont perfonne ne s'est encore avifé, qui n'eft pourtant qu'éblouiffante fans être folide, & dont on pourroit fort bien fe coeffer fans y prendre garde. On pourroit donc m'objecter, que fi l'on recevoit mon Syftême de tactique, on verroit ce qu'on n'a pas encore vû dans le nôtre, c'est-à-dire une perte & un meurtre épouvantable dans les deux armées ; à caufe de l'extrême profondeur de mes corps, dont les uns font fur huit de file, & les autres, véritablement en petit nombre, fur trente, fur quarante, & quelquefois fur quatreyingt de file, en joignant les fections de chaque bataillon à la queue les unes des autres. Un efprit peu attentif à l'éxamen d'une méthode, le penfera peut-être ainfi : nous penfons tout au contraire. Qu'est-ce que nos combats & nos batailles? Nous l'avons, ce me femble, affez bien expliqué: eft-ce autre chofe que des hommes rangés fans branler à une certaine diftance les uns des autres, & fur deux lignes d'une grande étendue, à caufe du peu de hauteur des bataillons qui fe voient expofés plufieurs heures à

un feu prodigieux & continuel de canon & de coups de fufils, d'autant plus meurtrier que les corps qui fe paffent ainfi réciproquement par les armes combattent fur un grand front, qui caufe en peu de tems la perte d'une infinité de monde; car fi tous les foldats étoient auffi-bien éxercés à tirer que des Flibuftiers, je pofe en fait qu'en deux heures de tems la perte de tous termineroit la journée, ou du moins ceux qui feroient les meilleurs tireurs remporteroient la victoire, parce que la perte des autres les obligeroit à quitter partie. N'est-ce pas là à peu près la méthode infenfée que nous fuivons aujourd'hui dans tous nos combats? Car cette baionette fi redoutable ne l'eft qu'aux yeux, & je ne vois pas qu'on la mette jamais en ufage, ou fort rarement, puifque la pratique de nos péres d'aller à l'ennemi & de le joindre nous eft aujour d'hui interdite, & que nos Généraux ne la veulent point. Il nous fuffit de combattre de loin, & fans aborder: c'eft pourtant cet abord qui convient le mieux au caractére d'une nation active, violente & fougueufe comme la Françoise, dont tout l'avantage confifte dans fa premiére ardeur; & dès qu'on prétend la retenir par une prudence mal entendue, & qu'on ne lui laiffe pas fon libre cours, c'eft une vraie poltronnerie, c'est tromper les foldats & leur couper les bras & les jambes. Avonsnous fait autre chofe pendant tout le cours de la derniére guerre ?

Il n'en est pas ainfi de ma maniére de combattre & de fe ranger, je laiffe là le feu, & je, n'en tiens aucun compte. Je connois l'humeur & le caractére de la nation, & je le fa's agir & combattre felon ce caractére, je ne la trompe point. Si je fournis des armes à nos ennemis par mes principes, comme on le prétend, j'en fournis de plus fortes à ma nation, parce que rien ne réfifte à fon impétuofité & à fa premiére ardeur, & que ma méthode lui convient beaucoup mieux qu'aux autres nations plus flegmatiques & moins ardentes, qui combattent pourtant avec plus d'avantage avec leurs bataillons minces contre les nôtres qui ne font pas plus épais, parce qu'elles font plus éxercées à tirer que nous ne le fommes, & que nous négligeons d'en venir aux mains, qui eft ce que nous avons de plus redoutable. Ce n'eft pas peu que de leur enlever l'avantage qu'ils ont dans leur feu, & particuliérement les Hollandois, en fuivant la méthode que je propofe, & l'on va voir que je ne leur enléve pas feulement ce rempart, mais encore tous leurs avantages.

1o. Parce que je marche droit à eux pour les joindre & les aborder, & que leur feu ne dure qu'autant de tems qu'il m'en faut pour arriver fur ces tirailleurs par pelotons. Ils feront une décharge d'un peu loin, j'y confens; ils en feront une feconde, je l'accorde: mais n'en attendez pas une troifiéme, je ferai fur eux, & leur feu n'a plus lieu dès l'inftant même qu'on eft fur eux; je perds donc beaucoup moins de monde que fi j'effuiois leurs feux fans les joindre, & fi je marchois à eux felon la coûtume, & non felon la mienne.

2o. Parce que mes corps étant rangés fur une moindre étendue, & fur plus de hau teur, font moins en prife au feu de l'ennemi, & ceux qui y feroient expofés en combattant felon la coûtume ordinaire, s'en trouvent à l'abri, à caufe que mes bataillons ont beaucoup moins de front & plus de hauteur; & quant à mes Colonnes, elles fe trouvent beaucoup moins expofées, par la raison qu'elles combattent fur un très-petit front, & fur une très-grande profondeur.

3°. Parce que mes manoeuvres font plus dégagées, plus fimples & plus promptes, que je fuis auffi-tôt fur l'ennemi, & que j'ôte le flottement des corps, & ce flottement eft la chofe du monde la plus dangereufe, & qu'on ne fçauroit éviter dans ceux qui combattent fur trois ou quatre de file.

4o. Parce que me trouvant en très-peu d'espace fur l'ennemi, la pefanteur du choc de mes bataillons eft telle que les autres ne fçauroient jamais y réfifter; & comme il fuffit

de

de percer en plufieurs endroits, & qu'on le peut par tout contre des bataillons minces, la journée est tout auffi-tôt terminée. Il y a donc moins de fang répandu, puifqu'il y a moins de feu de part & d'autre, que le combat eft moins obftiné, & qu'il n'y a que les têtes de mes corps qui donnent, outre que les rangs qui fuivent les trois ou quatre premiers de la tête ne fervent que pour les pouffer, & pour donner plus de poids & de force au choc de ceux qui les devancent, de forte que ces rangs ne peuvent fouffrir que du feu du canon: mais ce feu n'eft qu'un feu de paffage, qui ceffe dès qu'on en eft aux mains, au lieu qu'il est très-dangereux dans notre façon de combature: Malplaquet en eft une bonne preuve. D'ailleurs mes Colonnes rendent ce canon bien peu redoutable, parce que je mets le mien à la queue, qui tire fans ceffe, & marche toujours en fûreté à couvert des fections. C'est une remarque que plufieurs Officiers d'artillerie très-expérimentés ont faite, car ils ne défirent rien tant dans les batailles que d'être en état de fuivre les lignes, & de tirer au plus près lorsqu'ils fe sentent bien foutenus: nous ne fçaurions mieux l'être, difent-ils, que par ces Co

lonnes.

Suppofons maintenant que les deux partis combattent felon mes principes, car il ne faut point douter qu'on n'y vienne un jour: ceux qui ne les approuvent pas ne les ont pas entendus, & leurs décifions ne font pas article de foi, je foutiens qu'on perdra une infinité moins de monde.

1o. Parce que, comme je l'ai déja dit, on effuiera moins de feu de part & d'autre, la raifon eft qu'il n'y aura que les têtes qui donneront & qui fe trouveront expofées à l'arme blanche, & que la victoire dépendant uniquement de pénétrer & de percer quelque part, les Généraux y mettront toute leur attention.

2o. Parce que les Colonnes étant difficiles à découvrir à caufe qu'elles font enga gées dans les lignes, ou qu'elles peuvent fe former en marchant à l'ennemi, on fera toujours incertain de l'endroit où l'on veut faire le principal effort de l'attaque.

3o. Parce que le ralliement de celui qui eft ouvert devient impoffible ou très-difficile, à caufe du partage des Colonnes qui fe jettent à droit & à gauche fur les flancs des corps qui viennent d'être rompus, choc dont ils ne fçauroient fe garantir, attaqués qu'ils font en même tems de front par les bataillons d'entre les Colonnes; de forte que n'y aiant plus de reméde, la journée eft finie en fort peu de tems: car c'est le tems qu'on emploie pour la victoire & le feu continuel qui font périr tant de monde.

J'écarte une infinité de chofes que je pourrois dire fur la Colonne; car comme ces chofes embraffent ma tactique dans toute fon étendue, nous les traiterons felon l'occafion dans le cours de cet ouvrage, fans pourtant entrer dans le fond de cette tactique: les raifons que nous en avons font plus importantes que l'on ne pense, on peut être emploié; & lorfqu'on a perdu toute espérance de l'être, on ne perd pas celle de tout donner & de tout découvrir.

L

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Autorités & éxemples de la Colonne.

A plupart des gens qui ne s'appliquent pas, font fi prévenus en faveur de l'ufage, que tout ce qui lui eft contraire les révolte & les bleffe; les preuves, les raifons les plus fortes & les plus preffantes, les vérités les plus démontrées font à peine

Tome I.

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ch. 25.

probables: donnez-leur des autorités, ils ne s'en paient point; que faire avec de telles gens? Il faut, dira-t-on, les fatisfaire par quelque chofe de plus fort. I leur faut des faits, des éxémples de quelques grands hommes qui aient pratiqué ce qu'on propofe; nous les prendrons donc par cet endroit-là, puifque nous n'avançons rien par F'autre encore Dieu veuille qu'ils ne les révoquent pas en doute; en ce cas il n'eft pás jour en plein midi, comme dit Horace.

Une autorité comme celle de Céfar, feroit d'un grand poids dans le fujet que je traite mais il me paroît que la Colonne lui fut inconnuë, je n'en vois aucune trace dans fes Commentaires, aucun de ses Historiens n'en a parlé; mais Scipion, qui ne lui étoit pas beaucoup inférieur, s'en fervit avec avantage contre Annibal à Zama. Ce grand homme combattit fur une ligne de Colonnes parfaites à fon infanterie. Polybe, qui nous en donne la defcription en homme de guerre, eft celui de tous les Hiftoriens qui nous l'explique avec plus de précision & de clarté.

Le Prince Louis-Guillaume de Naffau nous a donné un plan de ce fameux ordre de bataille dans un ouvrage de fa façon qui eft affez rare, il ne me paroît pas que les raifonnemens qu'il fait fur cette bataille foient conformes aux vûes de Scipion, non plus que ceux de Polybe. Le Romain fe forma dans cet ordre, bien moins dans le deffein de fe garantir des éléphans, qu'Annibal avoit en grand nombre, que de trouver une difpofition capable de réfifter avec une armée de vingt-deux à vingt-trois mille combattans, contre une autre de cinquante mille, rangée fur trois groffes lignes d'infanterie, ou fur trois phalanges: c'étoit fait de Scipion s'il eût combattu felon la coûtume Romaine. Ce célébre Chef d'armée n'eft pas pourtant l'Auteur de cette façon de combattre par Colonnes. Régulus eft le premier qui la pratiqua en Afrique contre Xantippe, qui fut victorieux par la bévûe du Conful Romain, comme Scipion par celle d'Annibal. Régulus perdit la bataille pour avoir trop refferré les efpaces entre les Colonnes, comme Varron à Cannes, qui combattant fur les mêmes principes, tomba dans des fautes encore plus groffiéres par fon ignorance & fa mauvaife conduite. Scipion corrigea fon ordre de bataille, par ce qu'il remarqua de défectueux dans les deux autres.

Polyen rapporte un éxemple des Colonnes, que je ne me fouviens pas d'avoir lu dans aucun des Auteurs Grecs & Latins qui ont écrit des guerres des Romains. Il eft fi digne de remarque, & fi ancien, que j'en ai été tout furpris. Je le tire de Rome naiffante, on ne peut guéres remonter plus haut: il eft digne de la curiofité des Lecteurs. Le voici tel que le fçavant Bénédictin Dom Lobineau l'a traduit du Grec de Polyen, cette traduction eft encore manufcrite. Rapportons ce paffage.

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Polyen Romulus campa à dix ftades de la ville de Fidéne. La nuit il fit fortir fes trouLiv. VIII.,, pes des retranchemens. En aiant pris la moitié, il la fit marcher de front, & aiant ordonné aux autres de marcher en Colonnes, il marqua en fecret aux Chefs ce qu'ils avoient à faire. Pour lui, accompagné de quelques-uns des plus difpos, tous armés de haches, il fe préfenta aux murs, après avoir commandé au refte de ce corps d'armée de fe tenir en embuscade près de là. Au point du jour il fit attaquer les ,, portes à coups de hache. Les Fidenates troublés par la témérité de cette entreprise, ouvrirent les portes, & fondirent en défordre fur les ennemis. Les Romains lâchérent le pied. Les Fidenates ne voiant que ceux qui leur faifoient face, fans appercevoir les autres qui étoient derriére, mépriférent ce qu'ils voioient, & les poufférent vigoureusement, dans l'efpérance de les exterminer. Quand ils fe furent avan,,cés plus loin, les Chefs qui conduifoient les Colonnes couvertes par la ligne du ,, front, les firent approcher & s'affeoir à terre, afin que les ennemis ne les viffent ,, point. Cela fait, ceux de la ligne du front prirent la fuite, & s'étant coulés derriére les Colonnes, firent volte-face contre ceux qui les pourfuivoient. Alors ces

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