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- 8. C'eft

fance à

ne paroître pas; mais que ce foit Dieu qui foit toute notre force, n'agiffant que par fon nom & en fa foi, afin que de quelque côté que notre ennemi se tourne, il ne trouve en nous que Dieu, auquel il ne peut jamais résister. Et ainfi notre tiran & notre bourreau fera contraint de céder à l'empire du Tout-puiffant. Dieu commandera, & le démon fuïra.

Mais afin que Dieu commande, il l'obéil faut que l'homme obéiffe, & qu'il Dieu qui demeure foumis.C'eft donc fon obéiffair no- fance qui fait fa force. C'estpour

tre for

9. La pénitence

parrie de

quoi le Prophéte dès la premiére entrée, & par la premiére parole du Pleaume, reconnoît la domination de Dieu, & protefte que ce fera lui à qui le démon aura affaire, s'armant ainfi de fon nom, qu'il met à la tête & au premier rang, en s'écriant fi haut, que toute la terre l'a entendu, Seigneur, &c.

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Ce qui m'édifie le plus dans cette extérieu- pénitence du Prophéte n'eft point le re, la jeûne, ni la cendre, ni le cilice, ni moindre fon lit, qu'il n'eût pas arrofé de fes celle de larmes, s'il n'eût été fort délicieux. On peut être auftére dans tout cela & n'être pas même pénitent. C'eft fon humilité que j'admire quand il met

David.

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té, fou

confian

priére &

toute fa gloire à demeurer foumis à Dieu, & à trembler devant lui. C'est 10. Vercette grande dépendance où il étoit, tu, en ne voulant rien que ce que vouloit confifte, fon Seigneur, dont la volonté étoit humili. toute la régle de la fienne. C'eft cette million grande confiance qu'il avoit dans fa à Dieu, fouveraine protection, affectant de ce, chan'oppofer que fon nom à fon ennemi, rité, C'est la charité fi ardente qui confu- crainte. moit ce cœur fi humilié, & qui le rendoit comme une fournaife d'amour, pour remplir de cette chaleur du ciel toutes fes actions & toutes fes paroles. C'eft la vigilance de cette même charité qui ne perd pas un moment tems, qui remplit fa bouche auffitôt qu'elle eft ouverte, du nom du Seigneur, & qui ne l'ouvre que pour dilater ce cœur fi pur qui étoit le temple du faint Efprit. C'est enfin cet Efprit de prière qui remplit & qui anime tous les Pfeaumes, & principalement ceux de la pénitence, qui est morte, quelque vivante qu'elle paroiffe, fans cet Efprit. Car on peut que tout ce qui est extérieur que comme le corps de la pénitence, & que la prière en eft l'ame. Tout pénitent qui ne prie point, n'eft point véritablement pénitent, ou il

de

dire

n'eft

ne le fera pas long-tems, étant impoffible de réfifter au péché & à tant de mauvaises habitudes, qui font comme des torrens qui nous emportent, fi l'on eft privé de ce fecours.

Toutes ces grandes vertus que je viens de nommer, font renfermées dans ce premier mot du Pfeaume, Seigneur. Mais il y en a encore une autre très-néceffaire à la pénitence, qui eft fi manifeftement indiquée par ce même nom, qu'on peut le prouver par l'autorité d'un autre Prophéte. C'eft la crainte, dont Dieu même nous dit dans Malachie, que nous lui fommes Mat. 1. redevables: Si je fuis votre Seigneur. où eft la crainte refpectueuse que vous me devez? David eft fi pénétré de cet11. Da- te crainte chafte & falutaire, qu'il ne vid ne craint rien que la colére de Dieu. Cetplus par- te crainte qui s'est rendu la maîtresse cequ'il de fon cœur, en a chaffé toute forte d'autre crainte. Il ne craint plus,-parcequ'il craint, c'eft-à-dire, qu'il ne craint plus les hommes, parcequ'il craint Dieu.

craint

Craint.

Ne me reprenez pas dans votre fureur. Voilà ce que craint le Prophéte; le refte lui eft indifférent. Il ne craint point de perdre la fanté, parcequ'il feroit bien aife de fouffrir & de mou

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rir. Il ne craint point de perdre fes grandes richeffes, la pauvreté étant même plus propre pour faire pénitence; ce qui eft la feule confolation qu'il trouve après fon péché. Il ne craint point de déplaire aux hommes, parcequ'il a déplû à Dieu, & que ce feroit même un moien de lui fatisfaire. Il ne craint que la colére de Dieu, & illa craint d'autant plus qu'il ne craint qu'elle. Toute cette grande paffion étant réunie dans fon cœur par cet amour unique qui l'éléve audeffus du monde, il en eft tout pénétré. Ce n'eft 12. Nous pas comme nous, qui aiant beaucoup épuifons de crainte pour tant de petites chofes crainte à où elle s'épuife, n'en avons plus en- mille pefuite pour craindre les plus grandes & jets. celles qui font les plus redoutables. David craint Dieu de tout fon cœur, ce qui eft caufe que l'expreffion dont il fe fert eft forte, parceque fa crainte eft grande. Seigneur pas dans votre fureur.

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notre

ne me reprenez

tits ob

Ceft l'idée terrible qu'il a de fon péché, qui le fait parler de la forte. Dieu n'eft point capable de colére ni de fureur: mais le péché qu'il a commis, en eft très digne. Il ne regarde donc point en cela ce que Dieu eft par fa nature, mais ce qu'il a mérité par

'13. Fa. reur de

Dieu, a

ner

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l'homme

firs.

fon crime outre que cette expreffion étant commune & ordinaire dans l'Ecriture, il étoit encore plus libre de s'en fervir. Car Dieu voulant être entendu des hommes, parle à nous comme s'il étoit homme. C'eft l'effet de fa bonté & de fa condefcendance, & c'en eft déja une grande à lui de vouloir bien parler à nous. La colére & la fureur ne conviennent donc pas à celui qui parle, mais à ceux à qui il parle. Ce mot de fureur ne pouvant convenir à Dieu felon fon idée commune, il faut entendre quelque chofe de fort différent & qui foit digne de Dieu; & il ne faut pas nous arréter à la lettre qui tuëroit, mais au fens qui eft toûjours édifiant quand on le connoit.

La fureur de Dieu, felon les Peres, eft lorfqu'il nous juge felon la granbandon- deur de nos crimes, & non pas felon la grandeur de fa miféricorde. C'est à fes dé- lorfqu'en nous abandonnant à nos défirs, il nous laiffe dans la puiffance de faire tout le mal que nous voulons fans que perfonne nous en reprenne, ou que nous en recevions aucun châtiment. Lorsque vous voie, dit faint Marc l'Ermite, que quelqu'un a commis un grand péché dont il n'a point fait

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