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pénitence, & qu'il ne lui arrive aucune adverfité, c'est une marque que Dieu le juge fans lui faire miféricorde, qui eft proprement ce qu'on appelle du nom de fureur.

de plus à

Quand le Prophéte demande donc à Dieu de n'être pas châtié dans fa fureur, il ne lui demande pas de n'être point châtié, mais au contraire il ne craint rien que de ne l'être de ne l'être pas. Il dé- 14. Rien fire d'être puni des peines de la miféricorde, & non pas de celles de la juf- que de tice. Cen'eft pas l'impunité qu'il cher- n'être che, c'eft la pénitence qui eft la feule châtié de vertu qui peut nous délivrer de fa fu- Dieu. reur & de fa colére.

craindre

point

Ces deux mots peuvent fignifier ici la même chofe, & feulement avec plus de force l'un que l'autre. Mais, comme faint Augustin les diftingue, Jaimerois mieux dire que fa colére confifte à nous laiffer dans toutes nos imperfections fans que perfonne nous en reprenne, & fans que nous nous en reprenions nous-mêmes, & que fa fureur confifte à nous laiffer dans nos crimes fans que nous en foions repris. La colére eft la négligence & l'impunité dans les moindres fautes; la fureur eft l'impunité dans les grandes. Mais comme il eft très-facile qu'une 5. Il ef

gence

Facile de perfonne paffe de la colére à la fureur, paffer de la négli- qui n'eft rien que la grandeur & l'excès de la colére, il eft auffi bien fades petites fau- cile de paffer de la négligence des petes à la tites fautes à la négligence des grannégli- des, & de celles qui donnent la mort. des gran. C'eftpourquoi il n'y a rien de meil

gence

des.

16. Le

Ditent

leur que de craindre la colére aufli

bien que la fureur, pour pouvoir s'éxemter de l'une & de l'autre. Et nous pouvons voir ici le progrès de la vertu du Prophéte. Après avoir tremblé par la crainte de la fureur, il ne s'arréte pas là, & il ne tremble pas moins enfuite par la crainte de la colére. Il craint les moindres fautes qui peuvent déplaire à Dieu; parceque, comme il l'aime, il ne craint que de lui déplaire.

. 2. Aie pitié de moi, parceque je fuis foible. Guériffez-moi, Seigneur, parceque le trouble m'a faifi jufqu'au fond des os.

Le vrai pénitent étant humble & vrai pé- convaincu de fonimpuiffance, ne fait ne fait jamais le fort avec Dieu. Il n'affronte jamais le point les maux & les tentations. Il a Dieu, recours en toutes chofes à la miféricorde de Dieu. Ayez pitié de moi, Seigneur, dit-il, parceque je fuis foible. Il reconnoît qu'il eft foible fans diftinc-.

fort avec

tion de tentations ni de dégrés de ten-
tations. Son aveu eft général à l'égard
de toutes, & des petites auffi bien que
des plus grandes: car fans le fecours
de Dieu nous ne fommes pas capables
d'en furmonter aucune. Il avoue donc
qu'il eft troublé dans la vuë de fa foi-
bleffe, & que ce trouble pénétre fes os,
c'est-à-dire ce qu'il y a de plus ferme
& de plus folide dans fon ame. Saname,
Domine, quoniam conturbata funt ofla
mea. Mais ce trouble néanmoins n'eft
point un trouble qui l'arréte dans lui-
même ni dans les créatures; ce n'eft
point un trouble qui l'agite par des
penfées inutiles ; c'eft un trouble qui
le porte à recourir à Dieu & à fa mifé-
ricorde. Sana me, Domine, quoniam
Conturbata funt offa mea.

.3. Mon ame est toute troublée :
Seigneur, jufqu'à quand

mais vous ,

différerez-vous?

Il avoue qu'il eft troublé jufqu'au fond de l'ame, parcequ'il fent fortement le mal du péché : mais il prie Dieu avec d'autant plus d'inftance, 17. Difqu'il eft plus troublé. Voilà l'effet na- férence turel des troubles que Dieu produit, bles hu& qui ne naiffent pas d'une crainte mains de purement fervile. Dieu ne les permet Dieu que pour redoubler l'ardeur de nos cause.

destrou

ceux que

prieres, &

pour nous faire dire, Seigneur, jufqu'à quand, &c.

. 4. Tournez-vous vers moi, Seigneur, & délivrez mon ame: fauvez-moi en confidération de votre miféricorde.

Un vrai pénitent ne demande à Dieu que le falut de fon ame, & ne fe met point en peine de celui du corps. Dé livrez mon ame, dit David: Eripe animam meam. Un pénitent touché de quelqu'autre crainte, n'eft pas encore tel qu'il doit être.

†. 5. Car nul dans la mort ne se souvient plus de vous: & qui publiera vos loüanges dans l'enfer?

Pour craindre l'enfer, comme il faut, il faut le craindre comme ce faint Pénitent. Il ne faut pas le craindre feulement parcequ'on y eft tour 18. Da- menté, mais parceque Dieu n'y eft vid point loüé, ce qui eft une crainte non le chafte. David ne craint pas le péché à péché, à caufe de l'enfer, mais il craint l'enl'enfer fer à caufe du péché.

craint

caufe de

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l'enfer à

mais . 6. 7e me fuis laffé à force de géCute du mir. fe laverai toutes les nuits mon lit péché, de pleurs, je l'arroferai de mes larmes. On peut entendre par la nuit, le pé

.

ché, parcequ'il caufe toûjours quelques ténébres dans l'ame. Ainfi chaque nuit c'est toutes fortes de péchés,

grands & petits, légers & importans. David dit donc que chaque nuit il lave fon lit de larmes, parcequ'il ne laiffe aucun péché fans en faire quelque pénitence qui foit le reméde de cette

nuit.

aucun

C'eft un avis important de ne né- 19. Ne gliger aucun péché fans s'en humilier négliger devant Dieu, & fans en gémir quand péché, on le connoît. Mais pour faire ainfi pénitence de chaque péché, il faut les

remarquer; & nous ne pouvons pas les remarquer fi nous ne veillons beaucoup fur nous-mêmes, & fi nous n'éxaminons avec foin toutes nos actions.

*. . 7. Mon œil a été troublé de fuyeur, j'ai vieilli au milieu de mes ennemis.

fe trou

Ce qui trouble l'œil de l'ame d'un 20. Ne véritable pénitent n'eft pas la colére bler que des hommes; c'est celle de Dieu irrité de la co par fon péché. Il ne fonge ni au mallée de que font les autres, ni à celui qu'ils peuvent lui faire. Il voit la colére de Dieu & fon péché, & il ne voit rien

autre chofe.

Les pé

Mais il voit fon péché dans toute 21. Voir fon étendue, & il n'eft pas moins chés en troublé du tems qu'il y a perfévéré, & qu'il a paffé dans l'impénitence, tendue.

toute

leur é.

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