pouvoit être s'il n'eut été très-re cueilli. C'eft peut-être pour nous appren- 11 eft pé dre qu'il eft périlleux de parler de rilleux dit de parler tions in ces communications intimes de Dieu, des comcomme remarque faint Bernard, qui munica que Dieu fe plaît dans le fecret. times de Et il n'arrive que trop fouvent qu'on Dieu. les perd en le difant, afin de nous montrer qu'on les conferve en fe tai÷ fant. Cela nous apprend auffi qu'il n'y a rien que les pénitens doivent fuir davantage que le trouble du cœur, parceque d'ordinaire il commence de s'affoiblir en fe troublant : Cor meum conturbatum eft in me, dereliquit me virtus mea. com mence bliffe .11. Mes amis & mes proches fe font élevés & déclarés contre moi. Les pénitens ont befoin d'être éxer- Trouble, cés, afin que leur pénitence foit plus folide. Ainfi, tant s'en faut qu'ils doi- ment vent s'attrifter quand ils fouffrent de d'affoi puillantes contradictions, & que leurs ment. amis mêmes les abandonnent, qu'au contraire ce doit être le fujet de leur joie, s'ils ont un défir fincére de faire pénitence, & de fatisfaire à Dieu pour leurs péchés. Dieu ne leur imputera plus de ce qu'ils l'ont abandonné, s'ils fouffrent de bon cœur que les autres les abandonnent. Dieu acheve leur pénitence par la perfidie de leurs amis, & par l'animofité de leurs ennemis qui fuppléent à ce qui lui manque. Elle fe feroit trouvée trop foible fans ce fecours. . 12. Ceux qui étoient proche de moi, s'en font tenus éloignés ; & ceux qui cherchoient à m'ôter la vie, ufoient de violence à mon égard. Les pénitens ne doivent rien regarder comme fortuit dans tout ce qui leur arrive; puifqu'en effet, c'eft Dieu lui-même qui régle tout, & qui ordonne jufqu'aux moindres événemens. La foibleffe des amis qui fe rencontre avec la violence des ennemis, eft un coup de Dieu, qui veut abréger leur pénitence, & la rendre plus parfaite par ce concours. Ils font obligés de faire profit de tout, comme on dit d'ordinaire; parceque comme ils ont tout perdu, ils ne peuvent trop gagner. Ils doivent donc ménager pour leur falut jufqu'au refroidiffement de leurs amis, & ne s'en point offenfer, ni même ne s'en point trop étonner. Car après que nous avons abandonné Dieu, il feroit jufte que tout le monde nous abandonnât. Et comme tous les jours nous témoignons fi peu de zèle pour le 13-Ceux qui cherchoient à m'accabler de maux tenoient des difcours pleins de vanité & de mensonge, & ne penfoient qu'à des tromperies pendant tout le jour. Les calomnies de nos ennemis font aufi une partie de notre pénitence ; & Dieu eft fi bon qu'il compte jufqu'aux Paroles qu'on dit contre nous; afin qu'étant jointes à notre filence, elles puiffent fervir à réparer celles que nous avons dites contre lui, en parlant fans néceffité, en parlant imprudemment & en bleffant même la charité. 2 , Quand même on ne parleroit pas contre nous; fi nous fouffrons avec patience & avec douceur plufieurs difcours ridicules que des perfonnes du monde, ou très-imparfaites, tiennent devant nous, quand nous ne pouvons pas les éviter, & principalement quand elles nous ont offenfé, ou qu'elles ont peu d'inclination pour nous ils contribuent auffi à notre pénitence, & c'eft imiter en quelque chofe la pénitence de Lot, dont les oreilles, comme dit faint Pierre, étoient continuellement offenfées par les difcours des habitans de Sodôme: ce qui contribuoit à le rendre jufte devant Dieu : auditu juftus. C'eft auffi imiter la pénitence de David, qui nous dit ici qu'on tenoit de vains difcours devant lui. Ce ne font pas feulement les difcours de nos ennemis, qui peuvent nous fervir beaucoup pour rendre notre pénitence plus parfaite; mais leurs penfées mêmes nous font utiles, Lorfque ne pouvant pas douter qu'ils ne méditent fans ceffe quelque fourberie #. les Ce verfet peut nous mettre devant yeux de l'efprit plufieurs vérités dont la pratique eft très-importante pour rendre la pénitence plus parfaite. 1. Un pénitent doit être fourd & muet, c'eft l'avis qu'un grand Abbé donnoit à un homme qui vouloit fe faire Religieux dans fon Monaftére, comme le rapporte Caffien. Lorfque l'on a du reffentiment de ce qu'on dit contre nous, ou qu'on tâche de s'en défendre, il eft vifible qu'on eft peu touché de fon péché, puifqu'on eft touché de fi peu de chofe. pas 1. Non feulement, il ne doit avoir du reffentiment de ce qu'os |