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dit contre lui; mais il ne doit pas même y prendre garde, & c'est fou. vent une imperfection de l'avoir remarqué. Saint Anfelme dit qu'il y en a qui croient faire un grand facrifice à Dieu, de fouffrir de certaines chofes en patience pour l'amour de lui; au - lieu qu'ils doivent craindre d'être punis de ce qu'ils ont cru qu'il y avoit à fouffrir en fi peu de chose.

3. Un pénitent ne doit avoir aucune curiofité de favoir ce qu'on dit, ou ce que font les autres. Toute fon attention doit être tellement renfermée entre Dieu & lui, qu'il ne fe mette en peine que de ce qu'il doit faire pour plaire à Dieu, & pour faire pénitence.

Il doit être tellement ami du filence, que d'ordinaire il ne foit pas même tenté de parler. David ne dit pas qu'il ne parloit point, mais qu'il eft devenu comme muet.

5. Mais il ne faut pas espérer d'être muet, quand on n'eft quand on n'eft pas fourd. Si nous ne fommes pas véritablement mortifiés, ce qui eft le feul moien de devenir fourd, quelque réfolution que nous faffions de nous taire, dans les occafions nous parlerons.

15. te fuis devenu semblable à

un homme qui n'entend point, & qui n'a rien dans la bouce pour répliquer. Lorfque les pénitens font obligés d'écouter ce qu'on leur dit, ils y doivent prêter l'oreille comme ne l'écoutant point; & de même, lorfqu'ils. ne peuvent fe difpenfer de parler ils doivent parler comme ne parlant point, afin d'accomplir le précepte de l'Apôtre, qui dit qu'il faut ufer du monde comme n'en ufant point. 1. Et cela nous apprend qu'il n'y a que ceux qui favent bien fe taire qui fachent auffi bien parler de même qu'il n'y a que ceux qui n'ont point de curiofité pour entendre quelque chofe qui puiffent bien entendre.. David avoit dit qu'il étoit comme fourd; & il dit ici qu'il eft comme un homme qui n'entend point. Ce qui eft moins que d'être fourd; pour Bous apprendre que c'eft encore une plus grande vertu de ne prendre point. de part dans ce qu'on entend ou ce qu'on dit, que de ne rien entendre & de ne rien dire. D'où vient qu'ik dit: Sicut non audiens; après avoir dit: Sicut furdus.

2. On peut auffi conclure de ce paroles, que c'est une excellente pénï tence de vouloir paffer pour coupa

bles, & que l'on croie effectivement que nous avons fait quelque chofe que nous n'avons pas faite: & que les pénitens ne doivent s'excufer & fe défendre que quand la néceffité les y contraint.

3. Que c'eft une action de pénitence de ne point répliquer, afin de donner lieu à la colére de notre frere, comme dit l'Apôtre, & de ne donner point lieu à une autre contention ; & Be filen- que les pénitens doivent être bien aible vaut fes que l'on croie qu'ils n'ont rien à mieux dire lorfqu'en effet ils pourroient dire bonnes plufieurs bonnes chofes: car fouvent chofes le filence doit être préféré à ces bonReut di. nes chofes, parceque l'humilité vaut xe, encore mieux.

ce hum

que les

qu'on

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menter

la con

. 16. Parceque j'ai efpéré en vous, Seigneur; c'est vous qui m'éxaucerez, Seigneur, mon Dieu.

1. Les pénitens n'espérent jamais de d'en- plus en Dieu, que lorfqu'ils ont plus doit aug- d'ennemis, & qu'ils font dans de plus grandes afflictions, parcequ'ils croient fiance. que Dieu leur pardonne quand il les châtie. Il eft remarquable que David ne nous parle de cette grande confiance qu'il avoit en Dieu, qu'après nous avoir parlé de l'illufion de fes reins, de la lâcheté de fes amis, & de tou

tes les violences & les calomnies de fes ennemis ce qui eft un fujet de défef poir aux impénitens, & de relâchement aux pénitens tiédes & moux, eft ce qui donne plus de courage & plus d'ardeur aux véritables péni

tens.

2. On voit par là que la ferme efpérance en Dieu dans les plus grands: maux eft une excellente prière pour des pénitens, quand même ils ne pourroient faire d'autre priére. Car remarquez que David ne parle ici que de cette prière d'efpérance; & qu'après avoir dit qu'il a espéré, il ajoûte immédiatement après, qu'il fera éxaucé.

Mais il faut que cette espérance: foit telle, qu'elle empêche les pénitens de douter de la miféricorde de Dieu, & qu'elle leur faffe dire avec David: Seigneur, mon Dieu, vous m'éxaucerez.. Car ce n'eft point affés de dire en priant: Exaucez-moi, s'ils ne difent encore: Vous m'éxaucérez, parl'immobilité de l'efpérance qu'ils ont en lui, comme parle l'Apôtre: Immobiles à fpe Evangelii.

.17. Parceque je vous ai deman dé que mes ennemis ne triomphent point de joie fur moi; eux qui aiant vû mes

piés ébranlés, ont parlé avec orgueil fur mon fujet.

Les véritables pénitens, dans la crainte de fuccomber & d'offenfer Dieu, font moins touchés de leur intérêt que de fa gloire. Tertullien dit que les démons font un trophée de la chûte des pénitens, qui aiant été à eux & puis à Dieu, le quittent enfuite, & reprennent leurs premiers maîtres, comme le jugeant préférable Pénitens par ce choix. C'eft cette joie de l'encrai- fer, que craignent les pénitens, & Joie des non pas celle des gens du monde, démons. dont ils aiment mieux le mépris que Réfifter les careffes. Ils font bien-aifes de cé

gnent la

au dé.

mon, ne

aux

der aux hommes, mais il n'y a rien réfifter qu'ils craignent tant que de céder aux point démons; & c'eft en cela que confifte hommes principalement la pénitence la plus Pode parfaite, de réfifter toûjours aux uns Ja péni- jufqu'à la mort, & de ne réfifter ja mais aux autres.

perfec

: tence.

Malice des dé

mons, caufe

d'efpé

ance.

Ainfi la malice des démons ne contribuë moins à rendre la pénipas tence plus parfaite que celle des hommes. Plus on fera tenté, tant mieux pourvû qu'on attende toûjours le fecours de Dieu. Remarquez comme David repréfente à Dieu avec foin leur orgueil, & leur infolence; ce

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