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fi ce ne lui étoit un nouveau fujet d'efpérance. Ce font là nos véritables ennemis, comme dit fi fouvent faint Chryfoftôme, & nous n'en avons point d'autres. Leur infolence eft dans leur violence, lorfque par des représentations horribles, & de fauffes craintes qu'ils tâchent de donner aux pénitens, ils les traitent de même que s'ils étoient encore à

eux.

. 18. Parceque je fuis préparé à fouffrir tous les châtimens ; & que ma douleur eft continuellement devant mes yeux.

réfolu à

1. La plus folide pénitence eft d'ê- Pénitent tre dans une véritable difpofition de doit être fouffrir tous les maux qu'il plaira à tout Dieu de nous envoier, parcequ'il ai-fouffrix me mieux la pénitence qu'il nous fait faire, que celle que nous ferions nous-même par notre choix ; toutes nos actions étant d'autant meilleures qu'il s'y rencontre davantage de Dieu, & moins de l'homme.

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2. Ce qui eft caufe que les pénitens font dans cette fainte difpofition de fouffrir, non pas un châtiment mais toutes fortes de châtimens, flagella, c'eft qu'ils ont toûjours leur péché & la miféricorde que Dieu

leur a faite, devant les yeux; reconnoiffant ainfi la néceffité de lui fatisfaire, parcequ'il eft jufte, & en aiant Bonté de la volonté parcequ'il eft bon. C'est ainfi que la miféricorde de Dieu, & péniten les richeffes de fa bonté ne doivent

Dieu,

motif de

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Com

tréfor

nitens.

pas moins nous attirer à faire pénitence, que la crainte de fa juftice ; & c'eft le fentiment de faint Paul, de même que celui de David.

3. C'eftpourquoi nous devrions pation, être dans une vigilance continuelle, des pé- pour conferver cette douleur fainte, qui eft le tréfor & tout le bien des pénitens. C'eft ainfi que David l'avoit toûjours devant les yeux, comme un avare qui n'oferoit perdre fon trésor de vue, de peur de le perdre; parcequ'en effet, il n'y a rien que les démons tâchent davantage de nous ravir, que cette douleur de la pénitence, qui leur ravit toûjours leur proie, & contre laquelle ils n'ont point d'armes pour fe défendre.

Difpofi

. 19. Parceque je déclarerai mon iniquité;& que je ferai toûjours occupé de la pensée de mon péché.

1. Les pénitens doivent toûjours tion des être dans la difpofition de s'accufer, pénitens. d'où vient qu'il n'y a rien qui foit fi titude a contraire à la pénitence, & qui en

Prom

ruine davantage l'efprit, que d'aimer s'accuà s'excufer.

fer.

tion à

chés.

2. Ileft fouvent befoin de retenue Difcrépour parler de fes péchés. Et remar- parler de quez que David ne dit pas qu'il en leurs péparle indifféremment, mais feulement qu'il en parlera; comme voulant peut-être nous avertir par là, qu'il faut y penfer, pour ne le faire qu'avec fageffe, & dans les occafions que Dieu pourra nous en préfenter.

3. Ce faint Pénitent ne nous apprend-t-il point encore par là, que nous ne pourrons avoir aucune excufe à apporter devant Dieu de ce que nous n'aurons point fait pénitence, & que nous ferons demeurés dans nos péchés, puifque nous pouvions même les effacer en y penfant; on eff ce qui eft le reméde le plus facile du ce monde. Il n'y auroit aucun des gens du monde, qui ne fût à son aise, si c'étoit affés pour s'acquitter de fes que d'y penfer.

dettes

fes p

chés en y

penfant.

fant en

4. Néanmoins il eft néceffaire que Mais en cette penfée produife des fruits di- y pengnes de pénitence; parceque dans l'Hé- forte breu, au-lieu de penfées, il eft parlé qu'on en de foin, ce qui eft encore plus. Car nitence, on n'a jamais foin de quelque chofe, qu'on n'y penfe avec beaucoup d'at

faffe pé

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Dieu ne

de par

qu'à

quatre

tions,

tention. Mes offenfes paffées, dit ce faint homme, me tiennent dans un foin

une agitation continuelle. Voilà comme il faut y penfer. Cela nous apprend encore des vérités impor

tantes.

La premiére, que de penfer toujours à fes péchés eft une récompenfe de l'humilité, qui fait que nous les avouons librement, & que nous nous en accufons fimplement fans les défendre ou les excufer.

La feconde, que Dieu qui a propromet mis dans fes Ecritures, d'éxaucer les donner pécheurs, ne l'a promis néanmoins les péchés que fous de certaines conditions, afin qu'on ne s'y trompe pas. David les condi- rapporte ici, & les réduit à quatre principales. Vous m'éxaucerez, dit-il, Seigneur, puifque j'ai remis toute mon attente & mon espérance en vous: Quoniam in te fperavi. Voilà la premiére. La feconde eft que nous nous adrefferons à lui dans toutes nos tentations & toutes nos peines, afin de lui en représenter le danger en le concevant nous-mêmes, & le priant de nous fecourir: Quia dixi,nequando fupergau deant mihi, &c. La troifiéme, que nous ferons dans la difpofition de fouffrir tous les maux & toutes les con

tradictions qu'il lui plaira de nous fufciter, comme aiant un véritable regret de l'avoir offenfé: Quoniam ego in flagella paratus fum. La quatrième, que nous nous humilierons devant lui le plus continuellement que nous pourrons dans la vue de notre péché: Quoniam iniquitatem meam annuntiabo, &c. Notre priére fera éxaucée indubitablement, & notre pénitence ne pourra être renversée par tous les efforts de l'enfer, fi nous la rendons immobile par ces quatre ancres. Exaudies me Domine Deus meus, quoniam fperavi in te, &c. Quia dixi, nequando, &c. Quoniam ego in flagella 6. Quoniam iniquitatem meam annuntiabo, &c.

On ne pouvoit jamais apporter de meilleures raifons que celles-là. Dieu nous faffe la grace de les comprendre, & d'en demeurer toujours bien per

fuadés..

20. Mes ennemis cependant font pleins de vie; & ils fe font fortifiés de plus en plus contre moi : & le nombre de ceux qui me haiffent injuftement s'eft beaucoup accru.

A proportion qu'on fait pénitence Péniten plus parfaitement, on reconnoît da- ce ouvre

vantage la grandeur du péril où l'on

les yeux!

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