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eft; & la raifon en eft bien aifée à comprendre: C'eft que la pénitence nous ouvre les yeux de même que le péché nous les ferme. Voiez-vous comme David qui gémiffoit fi tendrement, qui prioit avec tant de ferveur, qui efpéroit fi fermement,qui s'humilioit fi profondément, qui fouffroit fi patiemment, & qui étoit dans une telle réfolution de fouffrir encore davantage, ce qui eft la plus grande perfection de la patience, reconnoît devant Dieu que fes ennemis font viDavid vans, & fe fortifient contre lui. Car avoit en il ne faut pas s'imaginer que lorsqu'il d'autres étoit perfécuté par fon fils & par fes ennemis fujets révoltés, il ne penfât point à hommes, d'autres ennemis. C'eft le faint Efprit qui le fait gémir ici. Or le faint Efprit qui nous fait haïr les biens du monde, & qui nous fait aimer fes maux, ne feroit pas ainfi gémir ce grand Prophéte pour une perfécution purement temporelle. Cet Efprit de lumiére lui faifoit bien voir d'autres ennemis que ceux qu'il avoit devant les yeux. Car, comme faint Profper dit fort bien, qu'il faut tellement admirer ce que Dieu fait dans le monde, qu'on admire encore davantage ce qu'il fait dans le cœur de l'homme. On peut

que les

invifi

dire de même, que les ennemis vifi- Voir les
bles, doivent nous faire voir les invi- ennemis
fibles, & que nous devons tellement bles dans
nous donner de garde des uns, que les vifi.
nous nous donnions incomparable-
ment plus de garde des autres. Il faut

donc pofer pour
fondement que Da-
vid parle plus de fes véritables enne-
mis, que de ceux qu'il aimoit effec-

tivement comme fes freres.

bles,

toûjours

quand

s'en

Ceux qui ne fe plaignent point de On eft tels ennemis, & qui font en grand re- furpris pos de ce côté-là ne font point dans par le la difpofition où étoit David qui s'en démon, plaignoit. C'eft un étrange malheur on ne à un pénitent, quand il vit dans une affurance entiére. Car il eft comme point, 88 plaint impoffible, que ne fe défiant point de qu'on ne tels ennemis qui veillent inceffamment fie pointe pour le tromper, & pour le perdre, il ne foit à la fin furpris.

s'en dé

Ainfi les véritables pénitens qui favent l'art de la guerre fpirituelle doivent favoir en quel état font leurs ennemis, & quels font leurs deffeins, afin de pouvoir dire avec l'Apôtre; Non ignoramus cogitationes ejus. Un grand Capitaine fait toûjours ce que font fes ennemis ; & c'étoit la maxime d'un ancien. David de même fait au jufte les forces de fes ennemis :

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Notre

tude en

vers

Mes ennemis, dit-il, fe fortifient, & croiffent tous les jours. Ce n'étoit pas pour être furpris de même que nous le fommes fi fouvent en croiant être forts, lorfque nous fommes les plus foibles.

. 21. Ceux qui rendent des maux pour les biens qu'ils ont reçûs, me déchiroient par leurs médifances, à caufe que je m'attachois au bien.

Rien n'eft fi propre à punir les iningrati- gratitudes que nous avons commifes envers Dieu, que celles qu'on comDieu, met envers nous : ce qui eft cause le droit les pénitens ne fe plaignent point de de nous l'ingratitude des hommes, puifqu'ils de celle font eux-mêmes ingrats.

nous ôte

plaindre

des hom

mes en

vers

nous.

que

Et c'eftpourquoi, quand les pénitens renoncent parfaitement au monde, ils ne manquent jamais de conOn ne tradictions; de forte que fouvent c'est pas de un figne que Dieu n'eft

médit

nous ne

à Dieu.

Bous, d'eux quand tout le monde en eft pas content parceque content. Nous devons donc craindre fommes quand on ne médit point de nous de pas affés même qu'on médifoit de David, que cela n'arrive que parceque nous ne fommes pas affés à Dieu, & que nous ne faifons pas comme il faut profesfion de la vertu & de la piété com me il faifoit. 4.224

22. Ne m'abandonnez-pas, Seigneur mon Dieu, ne vous retirez pas de moi.

Les vrais pénitens n'ont qu'une feule crainte, qui eft de perdre Dieu, aiant appris par une malheureuse expérience quel grand mal c'eft que de le perdre.

Ainfi, c'eft la prière continuelle des pénitens & David répéte deux fois de fuite la même chofe, pour nous faire voir que c'est ce qu'il difoit toûjours, & ce que nous devons toujours dire.

Ils ne craignent pas feulement qu'il les abandonne, mais ils appréhendent, comme la mort, qu'il s'éloigne d'eux le moins du monde : ce qui nous fait voir avec quel foin ils fuient les moindres péchés. Un pénitent qui ne craint Necrain. de tomber que dans les péchés qu'on les péappelle mortels n'eft blement pénitent, parcequ'il ne craint mortels pas vérita-chés pas tant de plaire à Dieu que d'être tre pas

damné.

dre que

c'eft n'ê

› péni

Mais remarquez que David ne dit" pas: Seigneur, que je ne vous abandonne pas; ce qui fuffiroit, & qui fe roit aufli une bonne priére : mais il dit, Ne m'abandonnez pas; pour nous montrer que les péchés que nous com

D

селс

mettons tous les jours, donnent toujours droit à Dieu de nous abandon. ner, s'il vouloit.

Le faint Esprit fe plaît ainfi à diverfifier le mouvement des cœurs des pénitens: & il ne faut pas qu'ils s'étonnent s'ils ne fentent pas toûjours cette tendreffe d'amour, qui eft le privilége des innocens. C'est pourquoi David l'appelle ici fon Seigneur; ce qui marque de la crainte, avant que de l'appeller fon Dieu, ce qui ne marque que de l'amour. Car c'est la différence que faint Auguftin apporte quelque part entre Seigneur & Dieu.

#. 23. Songez promtement à me fecourir, Seigneur: vous, mon Dieu, de qui dépend mon falut.

On voit par là la grande attention que les pénitens ont à leur falut. Car ces paroles ne font pas d'une perfonne qui fe néglige, mais qui reffent fon péril, & qui s'écrie qu'on prenne garde à elle. Car, comme un enfant qui feroit déja une fois tombé & enfoncé dans la boue jufqu'au cou, & qui auroit penfé demeurer dans tous les mauvais chemins qu'il rencontre, crie à fa mere & fe met à pleurer, afin qu'elle le prenne par la main: de même, les ames étant deve

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