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en état de voir si l'idée que j'en ai eft jufte. Je crois donc que ce fujet, l'un de ceux que l'Antiquité a le plus répétés, a été copié d'après un des plus magnifiques ouvrages Grecs. Les tenons dont la faillie eft d'un peu plus de deux pouces, & dont les trous font marqués dans le profil, joints à la béliére qui partant du deffus de la tête fe réunit à l'ornement, me rendent inconcevable la destination de ce morceau. Au refte, il me fuffit que le bronze en question soit antique & bien confervé, & qu'enfin je le puiffe donner pour être du temps où les meilleurs ouvriers floriffoient à Rome.

N. I I.

Ce petit buste de bronze eft d'un bon travail, fin & délicat, & d'un tour agréable. Il représente la femme d'un Faune. On la reconnoît à fes deux petites cornes qui ne font encore que pointer; ce qui, joint aux autres détails marque fa jeuneffe. Voilà tout ce que j'ai à dire quant à l'hiftorique de ce petit monument, qui a deux pouces dix lignes de hauteur. Son ensemble & fon travail font heureux, n'offrent rien que de fort agréable, & c'est par cette raison que je me fuis déterminé à faire graver un bufte fi gracieux, N°. III.

CETTE petite urne de bronze a quatre pouces fept lignes dans toute fa hauteur. Elle a été deftinée à une cérémonie funébre, ou du moins confacrée à la mémoire de JVLIVS GRATVS. On ne peut douter que ce ne foit un monument de la tendreffe que FVLVIA fa four avoit pour lui; fentiment qui l'a engagée à faire graver l'infcription qu'on lit fur la petite urne, & qui eft écrite au-deffous du portrait en bufte repréfenté de relief, ainfi que l'infcription. On y reconnoît véritablement un jeune homme d'une belle figure. Tous les Antiquaires fçavent que les lettres L. & C. qui terminent cette infcription, s'expliquent ordinairement par ces deux mots LVBENS CVRAVIT.

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CETTE figure de bronze haute de fix pouces moins deux lignes eft d'une très-belle confervation, & d'une antiquité que l'on ne fçauroit contefter. Le vêtement qui couvre fon corps eft retenu par trois ceintures, dont l'une fait un double tour fur les hanches. Ce monument a bien du rapport avec la figure que M. Gori a fait graver dans le Museum Etrufcum, & dans laquelle il a cru reconnoître Planche XL. le Dieu Camulus, ou le Dieu Mars, car tout eft nommé Dieu ou Déesse par les Modernes qui ont écrit fur l'Antiquité; mais le morceau dont je viens de parler est orné d'un cafque énorme, fuivant l'ufage reçû dans l'Etrurie en certain temps: au lieu que la figure que je rapporte a une coëffure qui ne reffemble en rien à une armure de guerre. On peut s'en convaincre en examinant la tête deffinée féparément fous le même numéro. Toute la connoiffance de l'art jointe aux réflexions ne permet pas de douter que la figure ne foit Romaine; quand même je ferois forcé d'avouer que l'habillement eft Etrufque, & que les Romains l'auroient emprunté de leurs voisins, parce qu'il eft conftant qu'il paroît, à peu de différences près, fur plufieurs monumens Romains, entr'autres fur deux lampes fépulchrales gravées dans le Recueil de Pietro Santi, dont l'une repréfente un homme dans un char attelé de quatre chevaux, pl. 27. & 30. & l'autre un homme tout feul à qui l'on donne le nom d'Aurigator. Ces deux figures, habillées à-peu-près de la même maniére que celle-ci, m'autorisent à dire qu'elle représente un cocher du Cirque. En effet, la rapidité de la course obligeoit ceux qui pratiquoient cet exercice à se foutenir contre la preffion de l'air, & à trouver fur euxmêmes un appui, pour résister à la violence de cette fatigue.

Antich. Lucer.

N°. I I.

Ce petit bronze dont la hauteur eft de deux pouces quatre lignes, repréfente l'Abondance. Le boiffeau qu'elle a fur la tête fe voit également fur plufieurs figures de Divinités; mais elle n'eft point ici métaphorique, fi cette Abondance a été confacrée à celle des grains, qui a souvent été l'objet de l'inquiétude des Romains. La figure eft bien conservée, & joliment touchée. Sa forme & sa compofition peuvent toujours avoir leur utilité, & trouver leur place dans quelque tableau.

N°. I I I.

Je ne puis regarder cette petite figure de bronze, haute de deux pouces deux lignes, que comme une autre repréfentation de l'Abondance; mais il faut fur-tout observer que c'eft un de ces ouvrages mêlés du goût de deux Nations, & j'avoue que c'eft-là fon plus grand mérite. Elle a été faite en Egypte, & il eft aifé d'y découvrir le goût Romain. Il en faut conclure qu'elle a été fabriquée depuis que les Romains ont fait la conquête de ce beau pays. La corne d'abondance n'auroit pas été fi mal exécutée, fi les Egyptiens euffent été accoutumés à traiter de pareils symboles, mais ils n'y étoient point exercés.

Je trouve une extrême fatisfaction à rapporter des morceaux qui offrent ainsi un exemple de maniéres & de cultes mêlés; & l'on remarquera fans peine ce mêlange dans le petit bronze que je viens d'expliquer, & qui m'a été envoyé d'Egypte, où il a certainement été trouvé.

N°. IV

Ce petit mafque de bronze a trois pouces de haut, & un peu plus de deux de largeur. Il eft creux & fondu affez groffiérement. Il confirme, ce me femble, le jugement que j'ai porté sur le mafque de terre cuite que l'on voit au

N°. IV de la Planche LIV, c'est-à-dire qu'ils peuvent avoir fervi l'un & l'autre à couvrir en certaines occafions le visage des Dieux Lares.

PLANCHE

LXXIV.

a fix

pouces

APRÉS avoir fait fur la deftination de ce bronze toutes les réflexions poffibles, je fuis enfin perfuadé que c'étoit l'ajoutoir d'un jet d'eau; & afin que le Lecteur en foit affuré, j'expofe à fes yeux ce monument fous quatre aspects différens. C'eft la figure d'un esclave moiffonneur ou vendangeur. Le petit pot qu'il tient de la main gauche, & la ferpette ou faucille qu'il a dans la droite indiquent du moins l'une ou l'autre de ces occupations. Cette figure accroupie, & d'une affez mauvaise exécution, quatre lignes de haut dans l'attitude de repos que préfentent les Nos. I & II. Elle eft creufe, & a une ouverture à fes deux extrémités. L'ouverture inférieure No. III, a dix-fept lignes de diamétre, & la fupérieure No. IV, n'en a que cinq. Ma conjecture eft fondée sur cette différence & la proportion du morceau. L'anfe qu'on voit de chaque côté, à laquelle a donné lieu la fuppofition des treffes de cheveux tant bien que mal rendues, fervoit, felon moi, à donner plus de prife, afin de faciliter les moyens de tourner l'ajoutoir, foit qu'on voulût ouvrir, ou qu'il fallût fermer le paffage de l'eau. On ne fçauroit d'ailleurs douter les Romains n'aient été verfés dans l'art de faire des jets d'eau. Le feul Poëte Manilius fuffit pour le prouver, fans qu'on fe donne la peine de parcourir les anciens Auteurs, dont la plupart font mention des machines hydrau liques & de leurs ufages : ce qui confirme mon explication.

que

PLANCHÉS LXXV. VI. VII. & VIII.

HUIT têtes de femmes rempliffent ces quatre Planches. Elles font de terre cuite, & ont chacune depuis douze jufqu'à quinze lignes de hauteur: celle que l'on voit au No. I, eft plus grande d'environ du double. Cette quantité de têtes de la même matiére, à-peu-près du même volume, trouvées toutes en Egypte, & qui n'ont aucun attribut de Divinité, me perfuade qu'elles pouvoient être quelquesunes de ces poupées dont Cicéron, dans fes lettres à Atticus, parle, comme de portraits de Dames Romaines, tels que l'on en avoit trouvé plusieurs dans les équipages Let. vi. trad. de de quelques jeunes gens. Voici fes paroles. « On y trouve les portraits de cinq de nos Dames. »

M. l'Abbé Mongault.

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L'Abbé Mongault donne dans fa Note à ces portraits

les noms « d'Imaguncula, de Plaguncula, petites poupées de cire qui représentoient les personnes au naturel, dont on fe fervoit dans les enchantemens. »

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&

Ce dernier trait d'une fuperftition reçûe chez les Romains augmentoit le mérite de la confiance, & par conféquent celui de la faveur que ces Dames accordoient à leurs amans. Mais il ne s'agit point ici de ces fortes de réflexions. Je n'ignore pas que ces poupées en buftes ou en figures entiéres étoient ordinairement de cire; mais il se pouvoit auffi que, pour les rendre plus durables & les préserver d'un grand nombre d'inconvéniens, on les eût fait de terre, par la raifon qu'on avoit la reffource de la cuite, pour garantir ces figures des accidens inévitables à celles de cire. Je n'infifte point fur cette conjecture, de quelque vraisemblance qu'elle puiffe être accompagnée; mais j'ajouterai qu'il ne paroît en aucun endroit que les Anciens aient jamais confacré la peinture à cette confolation des amans dans l'abfence. Leur frefque étant pareille à la nôtre, ne pouvoit fervir à cet ufage. Il eft vrai que la

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