& d'opposer au premier de nouveaux monu- conduit à un objet d'étude; où la terre, pour ainsi dire, docile aux vœux de l'Antiquaire, lui reftitue en détail & fans interruption les tréfors qu'elle femble n'avoir cachés dans fon fein, que pour les fauver de la fureur des Barbares. Heureusement pour les pays qui n'offrent pas les mêmes avantages, ces richeffes ne périffent pas toujours entre les mains de ceux qui les possédent; la gravûre les rend communes à tous les peuples qui cultivent les Lettres : les copies multipliées, quoique deftituées de cette vie & de cette ame qu'on admire dans les originaux, ne laiffent pas de répandre au loin le goût de l'antique ; & en se réuniffant de différens côtés dans les cabinets des Curieux, elles y forment, en quelque façon, un corps de lumiére dont toutes les parties s'éclairent mutuellement. On ne fçauroit donc trop exhorter ceux qui raffemblent des monumens, à les communiquer au Public: quelque peu nombreuse que foit leur collection, elle peut offrir des fingularités que l'on ne trouve pas dans les plus amples cabinets: l'éclaircissement d'une difficulté historique dépend peut-être d'un fragment d'antiquité qu'ils ont entre leurs mains. Ce motif m'a engagé à publier ce Recueil d'Antiquités, & à mettre au cabinet du Roi une partie des morceaux qu'il renferme; bien moins parce qu'ils me paroiffent dignes d'y occuper une place, que pour les conferver & les mettre à l'abri des accidens que ces fortes de collections effuient à la mort des Particuliers. Lorfque j'ai commencé à faire graver cette fuite, j'ai eu d'abord en vûe l'homme de Lettres, qui ne cherche dans les monumens, que les rapports qu'ils ont avec les témoignages des Anciens. J'ai faifi ces rapports. quand ils fe font préfentés naturellement, & qu'ils m'ont paru clairs & fenfibles; mais n'étant ni affez fçavant, ni affez patient pour employer toujours cette méthode, je lui en ai souvent préféré une autre qui intéressera peut-être ceux qui aiment les Arts: elle consiste à étudier fidélement l'esprit & la main de l'Artiste, à se pénétrer de ses vûes, à le fuivre dans l'exécution, en un mot, à regarder ces monumens comme la preuve & l'expreffion du goût qui régnoit dans un fiécle & dans un pays. Le culte d'un peuple fe reconnoît aux fymboles qui caractérisent fes Divinités; fon goût est indiqué par la maniére dont il habille fes figures. Maistoutes ces connoissances feroient peu folides, fi l'on n'employoit la voie du deffein, jointe à l'habitude de voir & de comparer. Le deffein fournit les principes; la comparaison donne le moyen de les appliquer ; & cette habitude imprime de telle forte dans l'efprit le goût d'une nation, que fi en faifant fouiller on découvroit un monument étranger au pays où l'on est, on pourroitconclure, fans craindre de fe tromper qu'il eft forti des mains d'un Artiste, qui luimême étoit étranger; & ce jugement doit fuivre l'étendue & la qualité de ce même morceau, pour avancer qu'il a été apporté, ou que l'Artiste l'eft venu travailler. Le goût d'un pays étant une fois établi, on n'a plus qu'à le fuivre dans fes progrès, ou dans fes altérations; c'est le moyen de connoître, du moins en partie, celui de chaque fiécle. Il est vrai que cette seconde opération est plus difficile que la premiére. Le goût d'un peuple diffère de celui d'un autre peuple prefqu'auffi fenfiblement que les couleurs primitives diffèrent entr'elles; au lieu que les variétés du goût national en différens fiécles peuvent être regardées comme des nuances très-fines d'une même couleur. D'ailleurs, comme il n'y a point d'Empire qui aitéprouvé autant de révolutions que celui des Arts', il eft quelquefois impoffible de fixer la date d'un monument. On doit dire cependant qu'en général, des yeux éclairés par le deffein |