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L'une de ces terres, qui pouvoit nourrir dix vaches, autant de chevaux & quatre cents moutons, fut vendue 120 (a) rixdales de Danemarck. Le prix de l'autre, dont le terrain étoit fuffifant pour environ quarante pièces de gros bétail, quatorze chevaux & trois cents moutons, a monté à 160 rixdales.

Rarement voit-on chez le payfan un jardin potager. Quant aux arbres fruitiers, on ne peut pas dire qu'il y en ait un feul dans toute l'île; ce qui provient des tempêtes & des ouragans qui y font auffi fréquens que violens. Ces ouragans ont aussi donné le nom de Wedrakiftu (côte de tempêtes) à plufieurs endroits. Il est conftant qu'ils font le plus grand tort aux arbres. M. Thodal a fait planter des pins & des sapins (6), mais les tiges, ayant pouffé jusqu'à la hauteur de deux pieds, ont été comme brûlées le haut fans croître davantage. par

On voit dans les Sagas, appelés Landnama, Kjalnefinga, Svarfdaela & Egill-Skallagrimfonar, qu'il y avoit autrefois des forêts en Iflande. C'est ce qu'atteftent les racines & les troncs d'arbres que l'on tire de terre dans les

(a) La rixdale vaut environ 4 liv. 16 f. de France. (b) Pinus picea, Linné. Pinus abies, Linné.

marécages, où il ne fe trouve pas aujourd'hui le plus petit arbriffeau; & le futurbrand en est

encore une autre preuve.

Il eft conftant que ce futurbrand eft un bois qui s'eft durci fans être parvenu au degré de la pétrification. Quand il eft en plein air, il tombe par miettes, au lieu qu'il se conserve & ne pourrit jamais dans les endroits humides. Ce bois mis au feu donne une flamme vive, mais foible en couleur, & qui jette une grande chaleur; fa fumée répand une odeur d'acide qui n'eft point malfaifante. Les forgerons & tous ceux qui travaillent en fer, préfèrent ce bois au charbon de terre, par la raison qu'il ne brûle pas le fer comme fait ce charbon. Les Iflandois font de ce bois une poudre qui garantit leurs habits des vers; ils font auffi un topique de cette poudre contre la colique. J'ai vu à Copenhague des taffes à thé & des affiettes de futurbrand, ce bois étant très-fufceptible de recevoir le poli. On le trouve dans différens endroits en Islande, fur-tout dans les montagnes où il eft rangé par couches horizontales, difpofées les unes au deffus des autres, comme dans la montagne de Laeck à Bardeftrand. On y voit quatre couches de ce bois entre-mêlées de différentes efpèces de pierres.

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J'ai apporté avec moi en Suède un gros morceau de futurbrand, où il y a des marques fenfibles de branches, ainfi que les cercles, dont le nombre s'augmente avec celui des années de l'arbre. On diftingue auffi de l'écorce & des feuilles dans la terre qui l'entoure. Il y a tout lieu de croire que ces arbres, entraînés par les éruptions des volcans, ou même par l'effet de quelque tremblement de terre, auront été enfouis dans la lave.

Je me perfuaderois volontiers encore que quelque torrent de lave, qui, d'après des obfervations qu'on a faites, aura pu parcourir fur un plan incliné de 45 degrés, à la profondeur de 15 pieds, en 8 heures de temps, l'efpace de 12000 aunes fuédoises (24000 pieds), aura déraciné & emporté ces arbres, qui doivent avoir été très-grands, & les aura enfouis en terre. Cela eft d'autant plus croyable, que le futurbrand reffemble communément à du charbon. Mais, comme je pourrois être feul de cet avis, & que je n'ai pas pu faire toutes les obfervations néceffaires pour appuyer ma conjecture, je ne prétends point la donner pour incontestable. Je conviens que dans un feu auffi violent, un arbre ne peut guère réfifter longtemps avant d'être réduit en cendres; quoique le

contraire foit pourtant poffible, puisque l'arbre étant abattu, il fe fera couvert de lave, & que cette lave peut avoir étouffé le feu, comme des charbons allumés font éteints fous la cendre.

On pourroit admettre une autre poffibilité; c'eft que les arbres arrachés par des tremblemens de terre, auront été couverts, dans le moment même, de cendres jetées de quelque volcan voifin. La même chose est arrivée à Herculanum & en beaucoup d'autres lieux, où des villes entières ont été enfevelies fous des cendres.

Il n'y a pas lieu de douter qu'il n'y ait eu des forêts en Iflande; on y voit même encore quelques petits bois, comme ceux d'Hallormftad, d'Huufefeld, d'Aa & quelques autres; cependant il n'y croît ni pin ni sapin. Le bois blanc, qui de tous les arbres eft celui qui y parvient à une plus grande hauteur, n'a tout au plus que fix aunes (douze pieds) fur quatre pouces d'épaiffeur. Ce dépériffement des bois peut s'attribuer à quatre caufes, qui font la mauvaise économie, les ravages du feu, les ouragans, & les glaces de Groenland.

C'eft auffi par l'effet des glaces que l'on trouve à Stadur-hrauns-eyri & Kjolfield, de grandes plages couvertes de bois blanc mort.

Mais, toute cette quantité de bois blanc ne fuffifant pas pour le chauffage des habitans, ils fe fervent de tourbe, de fougère, de genièvre, & des buiffons appelés empetrum nigrum. Dans d'autres endroits on a recours aux os des beftiaux tués pour la consommation, aux os de poiffons arrofés d'huile de baleine, au fumier de vaches defféché (a), qui a refté sur le pré tout l'hiver, & enfin au bois laiffé fur la côte par la mer.

Ce bois fe trouve tous les ans en grande quantité à Langanaes vers le N. E., & à Hornftrander vers le N. O., & généralement dans toute la partie feptentrionale de l'Islande (6);

(a) Ce fumier fe ramaffe au printemps: les Iflandois le nomment klyningur. La même chose se pratique dans une partie de Jutlande, où on l'appelle klyna.

(b) Note de l'Editeur Anglois. C'est probablement le bois entraîné en quantité prodigieufe par les rivières du Miffiffipi, de St. Laurent, & d'autres de l'Amérique feptentrionale, qui vient échouer fur les côtes des pays du Nord. On trouve quelquefois fur celles de la Norwège, de Feroé & d'Iflande, des fruits aux arbres qui font venus du golfe de Mexique, en traverfant l'Océan Atlantique dans la direction du N. E. C'est une remarque de M. George Edwards, obfer

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