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fans ufer de beurre ni d'œufs. La réputation de cet établissement devint très-grande en moins de quinze ou feize ans. AN. 1473. Cette congrégation n'étoit alors compofée que de laïques, à l'exception de quelques clercs en petit nombre, & d'un feul prêtre docteur en droit nommé Balthafar de Spino, qui fut depuis confeffeur du pape Innocent VIII durant quelque temps. L'archevêque de Cofenza, charmé de leur piété, leur accorda divers priviléges. Le pape les confirma, & établit François fupérieur général de la congrégation.

XII. Promotion

Le feptième de Mai de cette année, le pape fit une promotion de huit cardinaux; & fur les inftances de l'empe- de huit carreur, du roi de France & de Ferdinand, roi de Naples, il dinaux par le réserva trois sujets tels que ces princes voudroient les choi- pape. Papienf ep. fir, pour leur conférer auffi publiquement cette dignité 510. 11. & quand leur intention lui feroit connue. Cette réserve caufa feq. ep. 514. beaucoup de difputes, fur-tout quand on eut connu les fujets qu'on vouloit élire. Chacun avoit un parti favorable & un parti ennemi, enforte qu'on ne put s'accorder. Sur cette altercation, on remit l'élection à la promotion prochaine. Voici les noms des huit qui furent alors élus: Philippe de Levis, François, archevêque d'Arles, du titre de faint Pierre & faint Marcellin. Etienne Nardino, natif du Frioul, archevêque de Milan, du titre de faint Adrien, puis de fainte Marie au-delà du Tibre. Auxias du Puy, Efpagnol, archevêque de Montréal en Sicile, du titre de faint. Vital, puis de fainte Sabine. Pierre Gonzalez de Mendoza, évêque de Sagonne, du titre de fainte Marie in Dominica, puis de fainte Croix de Jérufalem, & archevêque de Tolède. Antoine-Jacques Venerio, natif de Recanati, évêque de Syracufe, puis de Léon & de Cuença, du titre de faint Vite, de faint Modefte & de faint Clement. Jean-Baptifte Cibo, Génois, évêque de Melfi, du titre de fainte Balbine, puis de fainte Cecile, & devenu pape fous le nom d'Innocent VIII. Jean Arcimboldi, Parmefan, évêque de Novarre, du titre de faint Nerée & faint Achillée, puis de fainte Praxede, & archevêque de Milan. Etienne Hugonet, François, évêque de Mâcon, du titre de fainte Lucie.

Peu contens de cette promotion, dit le cardinal de Pavie, Id. Papienf. on nous menace encore d'une autre pour le mois de Juin; epift. 675. & mais elle ne fe fit pas. Dans une autre de fes lettres il dit qu'on l'avoit reculée jufqu'à la fête de la Nativité de Notre

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Papienf. ibid.

AN. 1473.

XIII.

Le duc de

Seigneur, où nous ne voyons point encore qu'elle se soit faite. Le même cardinal blâme beaucoup ces fréquentes promotions. Il prétend même que les papes feuls ne peuvent créer de cardinaux à leur volonté, & qu'ils doivent auparavant prendre les avis du facré collége. Il écrivit au nom du pape à dom Juan d'Aragon, qui vouloit qu'on confirmât à Rome l'évêché de Sarragoffe à Alfonfe, bâtard de fon fils Ferdinand, qui n'avoit pas encore fix ans. Il excuse fa fainteté de ce qu'elle ne peut, fans violer les faints canons & toutes les lois de l'églife, élever à l'épiscopat un enfant ; qu'elle pouvoit bien le difpenfer du défaut de naiffance, mais non pas du défaut d'âge. C'eft pourquoi après beaucoup de difputes & de conteftations qui durèrent affez long-temps, le pape nomma à cette églife Auxias du Puy, cardinal du titre de fainte Sabine & vice-camérier de l'églife Romaine, qui étoit déjà archevêque de Montréal en Sicile. Mais comme le roi d'Aragon ne vouloit point y confentir, ni permettre qu'il prît poffeffion de l'évêché, il fallut en venir à un accommodement. Ferdinand, roi de Naples, s'en mêla ; & Sixte IV, qui craignoit ce prince, confentit qu'Alfonfe auroit l'évêché de Sarragoffe en commende perpétuelle, introduifant par-là, dit le cardinal de Pavie, un nouvel exemple dont les papes & les rois ont bien fu faire ufage dans la fuite.

Adolphe, fils d'Arnoul, duc de Gueldres, ayant été arBourgogne rêté par les ordres du duc de Bourgogne, & conduit dans unit le duché le château de Namur, Arnoul, comme nous l'avons déjà de Gueldres vu, fut rétabli dans fes états dont ce fils ingrat l'avoit chaffé. à fes états. Le duc de Bourgogne, qui n'oublioit jamais fes propres in

térêts, penfa que cette action pourroit lui acquérir le duché de Gueldres, & pour y réuffir plus furement, il combla Arnoul d'honneurs, & ménagea toujours fon efprit: Arnoul déshérita en effet fon fils Adolphe, & inftitua le duc fon héritier. Adolphe, quoique prifonnier, avoit des amis dans les états de fon père : ils promirent de le favorifer, ils voulurent même le tenter; mais leur parti étoit trop foible, il fallut céder. Le duc de Bourgogne s'empara du duché, & l'unit à fes autres états. Cette nouvelle acquifition lui enfla tellement le cœur, qu'il eut l'ambition non-feulement d'ériger fes terres en royaume, mais encore de fe faire reconnoître roi des Romains, en mariant fa fille à Maximilien, fils de l'empereur Frederic.

AN. 1473.

XIV.

Le roi de

France le ré.

Louis XI avoit réfolu de punir le connétable de faint Pol de fa perfidie, & des intrigues qu'il avoit pour en tretenir la guerre; mais pour le faire lurement, il lui eroit néceffaire d'agir de concert avec le duc de Bourgogne, ce fout a punir qui n'étoit pas aifé. Le connétable étoit maitre de Saint- le connéta Quentin & d'autres villes affez confidérables, qui étoient ble. toutes fituées entre la France & la Flandre. Sa charge lui avoit concilié prefque toute la nobleffe; il tenoit les chàreaux de Ham & de Bohain, & il poflédoit en qualité de propriétaire presque toute la partie des Pays Bas, qui s'étend depuis Calais jufqu'au-delà de Lille. Le duc de Bourgogne étoit auffi fort irrité contre lui à caufe de fes artifices pour l'engager à marier fa fille au duc de Guienne. Ces deux princes avoient donc intérêt de faire fentir au connétable l'effet de leur indignation. Le roi fit le premier pas pour s'en venger; il en follicita le duc de Bourgogne. Les commiffaires de France négocièrent cette affaire à Bruxelles pendant la trève, & l'on convint d'une conférence à Bouvines proche Namur, où l'on mit la vie du connétable en compromis entre quatre perfonnes de confiance: deux François, le feigneur de Curton, & Jean Heberge qui fut depuis évêque d'Evreux: deux Flamands, le chancelier Hugonet & le feigneur d'Imbercourt, qui tous quatre furent bientôt d'accord.

XV.

faires de

Ils convinrent que le connétable feroit déclaré criminel en France & dans les Pays-Bas ; que le roi & le duc de Les commif Bourgogne agiroient de concert pour le prendre; que le pre- Louis X1. & mier des deux qui s'en faifiroit, lui feroit faire fon procès du duc de pour le condamner à mort dans les huit jours fuivans; que concluent à Bourgogne le duc de Bourgogne auroit la meilleure partie de fa dé- la mort du pouille, qui confiftoit dans les places de Saint-Quentin, connétable. de Ham & de Bohain, dans tout l'or & l'argent, les pierreries & les meubles qui s'y trouveroient, & dans la confifcation de tous les biens du coupable fitués dans les PaysBas. Le connétable fut informé de cette réfolution: il fit remontrer à fa majefté qu'on lui tendoit un piège, & que c'étoit le dernier effort du duc de Bourgogne, qui n'ayant pu corrompre le connétable, tâchoit de le porter par défefpoir à abandonner le roi ; que dans le même temps que ce duc feignoit de négocier avec la France, il le follicitoit fous main, & offroit de prendre fa protection contre elle, pour

AN. 1473.

XVI.

des ordres

vu qu'il mît Saint-Quentin au pouvoir du duc, & c'étoit justement ce que le roi appréhendoit: il ne douta pas que le duc n'eût découvert lui-même au connétable ce qu'on machinoit contre lui, pour l'attirer dans fon parti.

Ces avis & les réflexions que le roi y joignit, lui firent Le roi envoie changer de fentiment. Il écrivit à fes députés de Bouvines de contraires à ne rien conclure contre le connétable, & de prolonger feufes commif- lement la trève pour fix mois ou une année. Mais le courrier faires.

XVII. Henri roi de

trouva que les députés avoient été fi diligens, que la ruine du connétable avoit été fignée & arrêtée dès le foir précédent. Ils communiquèrent cet ordre aux députés Flamands, qui jugeant bien que le roi ne ratifieroit pas le traité, ne firent aucune difficulté de rendre les fignatures. On croit que le duc de Bourgogne y confentit, efpérant toujours que le connétable lui rendroit Saint-Quentin. Cela n'empêcha pas que la trève ne fût prolongée jufqu'au mois de Mai 1475. Et le roi fit dire au connétable qu'il étoit néceffaire qu'ils euffent ensemble une conférence où ils puffent prendre des mesures pour résister en commun au duc de Bourgogne. Ce qui arriva l'année fuivante.

La réconciliation fe fit dans celle-ci, entre Henri roi de Caftille, & Ifabelle fa fœur époufe de Ferdinand d'AraCaftille fe ré- gon. Cette princeffe, reconnue héritière des états de Caftille concilie avec par quelques grands, ennemis de Henri, avoit quelque inIfabelle fa telligence dans la ville d'Aranda fur le Duero, & trouva

fœur.

moyen de la furprendre. Le roi fon frère en fut extrêmement indigné, parce que cette place étoit de l'apanage de la reine fon épouse, & leva des troupes pour la recouvrer. Mais dom André de Cabrera, fon majordome & gouverneur de Ségovie, l'en diffuada; & lui fit entendre que le marquis de Villena effayoit de l'aigrir contre la princeffe fa fœur, pour se rendre plus puiffant pendant cette divifion. Ce fentiment ayant été appuyé par le cardinal d'Espagne & par le duc de Benevent, le roi confentit à ratifier le mariage de fa fœur. Beatrix de Bonadilla, époufe de Cabrera, partit déguifée en payfanne pour aller trouver Ifabelle ; & lui ayant fait part des favorables difpofitions où le roi fon frère fe trouvoit pour faire une réconciliation parfaite, elle la mena avec elle au château de Ségovie, où le frère & la fœur fe virent.

La réconciliation fe fit d'affez bonne grâce, pour croire qu'elle feroit conftante. Le marquis de Villena auffitôt après alla trouver d'Albuquerque, favori de la reine, pour chercher avec luí les moyens de brouiller de nouveau Henri & Ifabelle; mais Ferdinand d'Aragon ayant été mandé par fon époufe, & le roi l'ayant très-bien reçu, tous les efforts des ennemis de la paix furent inutiles. Ils ne s'arrêtèrent pas pour cela; fâchés que leurs intrigues n'euffent produit aucun effet pour jeter la divifion entre le roi & fa íœur, ils eurent recours à la violence, & jetèrent quelques troupes dans Ségovie pour fe faifir de Ferdinand. Leurs entreprises furent découvertes, Cabrera pourvut à la fureté de la ville, & le prince d'Aragon s'en retourna fans courir aucun risque auprès du roi de Portugal fon père, qu'il trouva engagé dans une nouvelle guerre.

AN. 1473

Les officiers que le roi de France avoit établis dans le XVIII. Rouffillon, y avoient fait des exactions extraordinaires. Dom Les habitans Juan roi de Navarre en envoya faire des plaintes à ce prin- de Perpignan fe foulèvent ce, qui répondit qu'on n'avoit qu'à lui rembourfer l'argent contre les qu'il lui avoit prêté, ou lui céder la propriété de ces deux François. comtés de Rouffillon & de Cerdagne. Dom Juan ne voulant faire ni l'un ni l'autre, alla à Perpignan, fur la nouvelle qu'il reçut que les habitans s'étoient foulevés. Il y fut affiégé par l'armée de France; mais les foldats François furent chargés, & il y en eut plufieurs de tués. On ne laiffa pas de faire le fiége de la ville dans les formes, & de la réduire à une extrême mifère, en lui coupant les vivres, & mettant le feu aux bleds qui étoient encore fur terre. La présence du roi d'Aragon qui y étoit en perfonne, & fon fils Ferdinand, foutinrent le fiége avec tant de valeur, que l'armée de France fut obligée de le lever. Il se fit une trève de fix mois, & les François fe retirèrent; mais les fix mois expirés, Louis XI fit recommencer le fiége, & prit la ville.

duc de Mi

Louis Sforce duc de Milan vint dans les fêtes de la Pen- XIX. tecôte à Florence, pour s'acquitter d'un vœu qu'il avoit Voyage du fait. On le reçut avec beaucoup d'honneur & de pompe. lan à FlorenPour rendre la cérémonie plus magnifique, quelques jeu- ce. nes-gens voulurent repréfenter la defcente du Saint-Efprit Brutus hift. par quelques flammes, qu'ils firent defcendre en forme de Florent, 1. s. langues de feu du haut de l'église cathédrale. Pendant que le peuple étoit attentif à ce fpectacle, une de ces flammes s'at

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