Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1481.

cutions.

'apparence que ce B veut dire Barthelemi, s'il eft auteur d'une lettre que l'on dit qu'il a écrite au cardinal Jacques de Voffius 1. 3. Pavie; & dont le titre eft ainfi : Bart. Platina, Jac. cardin, de hiftoric. Latin. Papienfi, &c. Platine fuivit quelque temps le parti des armes, & quand il l'eut quitté il vint à Rome fous le pontificat de Calixte III. Le cardinal Beffarion le reçut dans fa maifon, & lui obtint par fon crédit quelques bénéfices fous Pie II avec une charge d'abréviateur apoftolique. Mais Paul II le dépouilla de tous fes biens; & l'on ne voit pas qu'il eût d'autre crime que celui d'avoir été bien auprès de Pie II: auffi en étoit-ce un aux yeux de Paul. Platine souffrit patiemment le tort qu'on lui faifoit. Il voulut s'en plain- LXVII dre au pape. Vingt jours de fuite il se trouva à fon palais, Ses traverfes fans pouvoir obtenir une feule audience. Sa patience fe & fes perfe laffa: voyant qu'il ne pouvoit parler au faint père, il lui Paul Jove écrivit une lettre très-vive, où il le menaçoit d'avoir re- ibid. cours à tous les princes chrétiens, & de les exhorter à indiquer un concile où il feroit obligé de rendre compte de fa conduite. Paul II, irrité de cette lettre, fit mettre Platine en prifon, où il fut très-maltraité pendant quatre mois; après lefquels il en fut délivré à la prière de Paul Gonzague, dit le cardinal de Mantoue, qui le prit fous fa protection. Mais trois ans après Paul II l'ayant foupçonné d'avoir trempé dans une confpiration avec un certain Gallimachus, il le fit encore emprisonner, & même appliquer plufieurs fois à la question, fans qu'on pût tirer de lui aucun aveu du crime dont on l'accufoit. C'eft pourquoi le pape eut recours à d'autres voies; il le fit accufer d'héréfie & de fentimens erronés fur l'immortalité de l'ame: on examina fes écrits, on écouta les dépofitions; mais comme on ne put le convaincre d'aucune erreur, la liberté lui fut encore accordée après un an de prifon, à la prière des cardinaux Beffarion & de Gonzague. Il ne fut cependant rétabli dans fes emplois qu'après la mort de Paul II, fous le pontificat de Sixte IV qui lui fut très-favorable, & qui, outre toutes fes charges, lui donna encore le foin de la bibliothèque du Vatican, & même une maifon fur le mont Quirinal où il mourut de la pefte, âgé de foixante ans. Il a écrit la vie des papes depuis Jefus-Chrift jufqu'à la fin du pontificat de Paul II, & il dédia cet ouvrage à Sixte, IV fon bienfaicteur. Il eft écrit avec beaucoup de liberté,

LXIX. Ses ouvrages. Voffius, loca fuprà citat. Dupin, bi. 12. in-4°.

bliot, des aut.

AN. 1481.

LXX.
Ambafla-

d'un ftyle paffable, mais non pas avec tout le difcernement & l'exactitude qui feroient néceffaires. Cet ouvrage a été imprimé un grand nombre de fois; mais la meilleure édi-, tion eft celle de Venise en 1479, qui eft la première. Tou tes les éditions données par Onuphre, ennemi des fentimens de Platine, font altérées. Platine a encore compofé beaucoup d'ouvrages de morale, comme: trois dialogues du faux & du vrai bien; un autre contre les amours; un dialogue de la vraie nobleffe; deux dialogues du bon citoyen; un panėgyrique du cardinal Beffarion; un difcours à Paul II fur la paix de l'Italie & fur la déclaration de la guerre aux Turcs. On trouve toutes fes œuvres imprimées à Cologne & à Louvain. Il y a encore un traité de lui fur les moyens de conferver la fanté, fur la nature des chofes, & fur la fcience de la cuifine, dédié au cardinal de la Rouere, qui fut imprimé à Boulogne en Italie en 1498, & à Lyon en 1541. Platine avoit fait auffi l'hiftoire de la ville de Mantoue & de la famille des Gonzagues. Cet ouvrage, après avoir refté long-temps manufcrit, fut imprimé à Vienne en Autriche en 1675, par les foins du célèbre Lambecius.

A l'occafion de la trève entre la France & l'Angleterre deurs d'Andont on a parlé, les ambassadeurs du roi Edouard vinrent gleterre au trouver Louis XI dans l'année précédente. Sa majesté, roi de Fran- pour leur faire plus d'honneur, alla au-devant d'eux juf

[ocr errors]

LXXI.

Louis XI eft

qu'à Château-Renaud, parce qu'elle étoit alors à Tours, & leur donna audience, les reçut avec beaucoup de magnificence, & confirma tous les articles dont on étoit convenu. Enfuite ces ambaffadeurs s'en retournèrent fort contens de la réception qu'on leur avoit faite ; & après leur départ on publia dans tout le royaume la prolongation de cette trève qui valoit une paix, puifque par le traité elle ne devoit pas feulement durer pendant la vie des deux princes, mais encore cent ans après la mort de celui qui mourroit le premier des deux. Une des conditions étoit la continuation de la penfion de cinquante mille écus que le roi de France payoit à celui d'Angleterre & qui feroit toujours payée de même par fes fucceffeurs autant de temps que la trève dureroit.

une nou

Louis XI eut encore, dans cette année 1481 encore atta- velle attaque d'apoplexie dans fon château du Pleffis-lezqué d'apo- Tours; mais les fuites n'en furent pas plus fàcheuses que de plexie.

celle qu'il avoit déjà eue à Chinon. Il fit des voyages à fon ordinaire: il alla au Pont de l'arche en Normandie auffitôt AN. 14819 Mémoires de qu'il put fouffrir l'agitation du cheval, pour y voir le camp Comines, h que des Cordes lui avoit perfuadé de former, afin d'avoir 6.c. 7. toujours une armée aguerrie, prête en cas de befoin. Celleci étoit compofée de quinze-cents lances, dix mille hommes d'infanterie, & deux mille cinq cents pionniers avec beau coup de bagage & d'artillerie. En un mot, il fit fortifier ce camp comme fi l'ennemi eût été en préfence, difpofé à l'attaquer. Mais parce qu'on lui fit comprendre que, dans le deffein où il étoit de faire la paix avec Maximilien, ce fe roit lui faire ombrage que d'avoir une armée fi confidérable fur pied, il licencia ces troupes, & s'en retourna à Tours. En chemin il fut obligé de s'arrêter durant un mois entier dans le château d'Argenton chez Philippe de Comines; delà il alla à Thouars, d'où il envoya le même Comines avec un corps de cavalerie, pour accorder un différent furvenu entre le comte de la Chambre gouverneur du duc de favoie, & les oncles de ce jeune prince.

LXXII.

Comme ce comte s'étoit fait beaucoup haïr par fes violences & par fes concuffions, on s'en plaignit au roi. C'é- Il envoie Co toit lui qui l'avoit nommé après la mort de la régente, & mines en Sail avoit donné au jeune duc le feigneur de Grolée-Luys vole pour apaifer les pour avoir foin de fon éducation. Louis XI, fur ces plain- troubles tes, envoya un ordre fecret à l'évêque de Genève, oncle du duc, de fe charger du gouvernement, & à Grolée-Luys de conduire le jeune prince en Dauphiné. Mais la Chambre en étant informé, arrêta le duc, & l'engagea à demeurer en Savoie, & obtint fon confentement pour faire arrêter Grolée-Luys, qu'il envoya à faint Jean de Maurienne pour être mis en prifon. Il leva encore une armée, qu'il fit marcher contre l'évêque de Genève en Piémont. Le feigneur de Miolans commandoit cette armée; il mit le fiége devant Verceil où étoit le feigneur de Raconis, qui avoit intérêt de bien défendre cette place, qu'il gardoit en nantiffement d'une fomme qu'il avoit prêtée au duc. Louis XI, LXXIII. irrité du procédé de la Chambre, traita fecrétement avec le Il fait arres comte de Breffe frère de l'évêque de Genève, & l'autorifa de la Cham. pour faire arrêter la Chambre ; & dans la vue de mieux cou- bre gouver vrir fon deffein, il fit femblant d'être fort en colère contre neur de Sa le comte de Breffe, qui par la crainte du feigneur de la

ter le comte

voie.

AN. 1481. Chambre, plutôt que par inclination, s'étoit engagé dans l'armée qui faifoit la guerre à l'évêque de Genève. Ce comte, dont on n'avoit aucune défiance à la cour de Savoie, gagna quelques officiers, & entre autres Thomas de Saluces, qui vint à Turin, fe fit ouvrir la chambre du duc où le comte étoit couché, l'arrêta fur le champ de la part du roi, & le fit conduire en prison, escorté par près de quinze cents hommes.

ducheffe de

Pendant que Comines s'acquittoit ainfi de fa commiffion dans les érats du duc de Savoie, Louis XI fit un voyage à Saint-Claude en Franche-Comté, afin d'accomplir un vœu qu'on y avoit fait pour lui. Le chemin le fatigua beaucoup, quoique ce fut en partie par eau. Après s'être acquitté du vcu, il revint à Lyon, & de-là à Grenoble, où vint auffi le duc de Savoie. Le roi après cette entrevue vint au Pieffis-lez-Tours, d'où il dépêcha Comines pour négocier avec Maximilien; mais ce fut d'abord fans aucun fruit. L'archiduc parut inflexible, parce qu'il s'étoit imaginé que LXXV. Louis XI mourroit bientôt, & qu'immédiatement après Mort de la cette mort la France acheteroit la paix aux dépens de tour Bourgogne, ce qu'elle avoit pris fur la maifon de Bourgogne. Il différoit époule de ainfi de conclure fur divers prétextes; & fon efpérance fe nourriffoit par les avis qu'il recevoit de temps en temps mines, 1. 6. que le roi n'étoit pas moins malade d'efprit que de corps. Mais un accident imprévu le dérangea dans fes projets. Il perdit la ducheffe de Bourgogne fon époufe qui mourut mines, t. V. dans le temps que fes affaires commençoient à fe rétablir; ce de la dern. qui remit les brouilleries & le défordre parmi les Flamands. Cette princefle étant à la chaffe, tomba de cheval & fe Krantz. 12. bleffa; la fièvre la prit quelque temps après fa bleffure, & elle mourut à Bruges le dix-huitième, ou felon les preuBouter. re- ves des mémoires de Comines, le vingt-feptième de Mars rum Belgic. peu de temps avant Pâque de cette année 1482: on crut même qu'elle étoit enceinte alors. En quatre ans de maria

Maximilien.

Mém. de Co

ch. 2. Preuv. des Mém, de Co

édit. pag.

271.

Saxe 29.

1. 12.

ge
elle avoit eu trois enfans, Philippe qui fut le premier
du nom, roi d'Espagne, & baptifé dans l'églife de fainte
Gudule à Bruxelles, felon Olivier de la Marche: Margue-
rite, que Louis XI voulut avoir pour époufe du dauphin
fon fils, & qui fut renvoyée en 1493. Enfin François, qui
vécut fort peu de temps. Comme l'archiduc n'étoit point
aimé des Flamands, ils voulurent que les enfans qu'il avoit

fuffent

fuffent à la garde des Gantois, & ils députèrent vers le roi de France pour traiter avec lui de la paix, & du mariage de Marguerite d'Autriche avec le dauphin. Ce fut une néceffité à Maximilien de fuivre ce torrent; & cette négociation produifit bientôt le fameux traité d'Arras, qui fut fait promptement malgré l'archiduc.

AN. 1482,

LXXVI.

Des Cordes furprend la ville d'Aire.

Mais avant ce traité le fieur des Cordes s'étoit rendu maître de la ville d'Aite en Artois. On dit qu'elle lui fut livrée par Jean fieur de Cohem, moyennant trente mille écus, une pension de dix mille, & cent lances. Des Cor- Chronique de des fit femblant d'affiéger la ville en forme, & la battit Jean Molines auv.to.deCoavec une forte artillerie. Les Flamands étonnés mandèrent mines, dern à Cohem qu'ils lui enverroient tous le fecours néceffaire édit. p. 260. pour le bien défendre; & celui-ci leur fit réponse qu'il avoit des provifions pour plus d'un mois, & qu'on pouvoit assembler l'armée à loifir. Cependant la ville fe rendit, & la garnison se retira à Saint-Omer le vingt-huitième de Juillet. Ce récit semble prouver une intelligence entre le roi & Cohem. Il paroît toutefois que ce dernier n'étoit pas gouverneur d'Aire, & l'on doute s'il étoit dans la place pendant le fiége. Cette ville étoit fous le gouvernement particulier de Philippe de Bourgogne feigneur de Bèvres, dont il est parlé dans la capitulation, qui étoit auffi gouverneur général de l'Artois. Antoine de Wifloc fieur de Gapanes étoit bailli d'Aire, & en cette qualité il y avoit toute l'autorité. Le feigneur de Bèvres étant pour lors absent, Jean de Leane fieur de Cambrin étoit capitaine du château : ainfi il y a beaucoup d'apparence que la trahison du fieur de Cohem eft imaginaire; mais il eft certain que la ville d'Aire fut rendue en exécution d'une capitulation fignée le vingt-huitième de Juillet, & qu'on trouve dans les Preuves de Comines.

Preuves des Mém. de Codern, édit. p.

mines, t. V.

262.

LXXVIII. On propofe le mariage de

L'archiduc fut très-fenfible à la perte de cette place; mais ce qui le rendoit plus chagrin, étoit qu'il ne voyoit point de remède à fes maux. Les Gantois l'inquiétoient conti- la fille de nuellement, & communiquoient leur efprit de révolte aux l'archiduc autres villes de Flandre; ils ne pensoient qu'à affoiblir leur avec le dau phim. prince, afin qu'il ne pût pas les foumettre : & le roi Louis XI favoit profiter de toutes ces difpofitions. Il ménageoit ces peuples, i les traitoit avec beaucoup d'honneur, & leur fit propofer le mariage de Maguerite fille de Maxi

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »