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puis pape fous le nom de Jules II, gouverna cette église, AN. 1475. & y fonda le vingt-deuxième du mois d'Août de l'année

1476 le collège dit du Rouère.

Le roi & la reine de Caftille eurent dans cette année

L.

Caftille.

une guerre affez rude à foutenir contre les partifans de Jeande Portugal ne fille de Henri, qu'il avoit nommée son héritière en mou- foutient les rant. Le marquis de Villena jugeant qu'il lui étoit impoffi- droits de ble de faire valoir les droits de cette dernière, fans être Jeanne de aidé de quelque puiffance étrangère, eut recours à Alfonfe roi de Portugal qui étoit oncle de Jeanne. On lui promit la couronne de Caftille, s'il vouloit époufer cette princeffe. Alfonfe y confentit, & fit fommer Ferdinand & Ifabelle de lui remettre les royaumes de Caftille & de Léon, & au refus leur déclara la guerre. Ferdinand fe chargea de défendre la vieille Caftille avec le royaume de Léon; & Ifabelle, avec le fecours du duc d'Albe & de l'infant de Tolède défendit l'Andaloufie & la Murcie. Cependant Alfonfe étant arrivé à Placencia, fut fiancé avec Jeanne que le marquis de Villena lui avoit amenée. Le pape lui en avoit accordé la dispense; enfuite il fe fit proclamer roi de Caftille en vertu des droits de Jeanne. Il s'approcha enfuite de Badajox avec une armée de quatorze mille hommes de pied & de cinq mille chevaux. De là il s'avança vers Tiro, où il fut reçu avec la princeffe. Il fe rendit maître de Zamora, de Pégnafiel & de Bultagnaz, & fit prifonnier le comte de Benevent qui avoit voulu s'oppofer à fes conquêtes.

L.I.

Il eft fiancé avec elle, & fe fait proclamer roi de Caftille. Mariana,

24.

LII.

Ferdinand reprend Za

devant Ceu

ta.

Mais pendant qu'Alfonfe fe repofoit à Zamora, le gouverneur qu'il y avoit établi, y fit entrer la nuit des foldats de Ferdinand, qui firent un grand maffacre des Portugais : mora, & fon ce qui obligea le roi de Portugal à s'en retourner à Tiro. arméeéchoue Son fils dora Juan étant arrivé peu de jours après avec de nouvelles troupes, ils allèrent enfemble remettre le fiége devant Zamora, qu'ils ne purent prendre. Ferdinand voulant faire une diverfion, envoya des troupes en Afrique pour afficgerCeuta. Les Caftillans trouvèrent que lesMaures commençoient déjà à battre cette place du côté de la terre, tandis qu'eux l'alloient attaquer par mer. Mais les infidelles craignant d'avoir à combattre contre le parti victorieux, firent offrir au gouverneur d'aller charger les Caftillans, s'il vouloit leur laiffer traverfer cette ville. Cette propofition n'ayant point été acceptée, les Maures fe retirèrent, & les Cal

AN. 1475.

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de France

avec les SuitLes.

tillans, après avoir perdu beaucoup de monde, furent contraints d'en faire autant.

Le roi de France conclut cette année un traité avec les Traité du roi Suiffes, qui drefsèrent eux-mêmes les articles. Les trois principaux étoient : : 1. que cette alliance ne dureroit que dix ans, à moins que les partis ne jugeaffent à propos de la prolonger. 2. Que Louis donneroit à chaque canton fix mi!le écus de penfion par an, à condition que les Suiffes lui fourniroient pour une certaine fomme autant de gens de guerre qu'il en auroit befoin. 3. Qu'ils ne pourroient être employés contre les états avec lefquels ils étoient alliés, & qu'on ne les occuperoit point aux fiéges des villes ni des fortereffes. Après que ce traité eut été ratifié, le roi propofa aux Suiffes de rétablir Sigifmond dans le comté de Ferrette; ils répondirent qu'ils le vouloient bien, mais à condition que Sigifmond leur accorderoit à perpétuité le droit de paffer forts ou foibles quand il leur plairoit dans quatre villes de ce comté, après qu'ils l'auroient recouvré. Le duc d'Autriche cut de la peine à fe rendre à cette propofition; il s'en rapporta néanmoins à Louis XI, qui la fit accepter.

LIV.

tres du com

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Les Suiffes fe préparèrent auffitôt à renouveller le comté, Les Suifles fe ce qu'ils firent en une nuit : comme on ne les attendoit rendent maî- point, ils ne trouvèrent aucune réfiftance. Ils firent prifonté de Ferret- niers huit cents hommes de garnison avec le gouverneur que le duc de Bourgogne y avoit mis: ils renvoyèrent les foldats fans aucune rançon; mais ils firent trancher la tête au gouverneur, pour fe venger de quelques violences qu'il avoit exercées fur leurs terres. De-là les Suiffes defcendirent dans le comté de Bourgogne, où ils prirent les villes de Blamont & d'Hericourt, défirent les milices du pays, & firent beaucoup de défordres. La trève entre la France & le duc de Bourgogne étant expirée, Louis fit entrer une partie de fes troupes en Bourgogne, où elles défirent auprès de Gray le comte de Rouffy gouverneur de cette province, fils du connétable de Saint-Pol, & le fit prifonnier. L'autre partie de l'armée Françoise prit les villes de Tronquoy, Montdidier, Roye, Corbie, & s'avança jufqu'aux portes d'Arras, dont on fit toute la cavalerie prifonnière de guerre, parce que dans une fortic il s'étoit avancé trop loin. Cette action fe passa

le vingtième de Juin, & on en fut redevable au feigneur de Combronde.

délivrer

AN. 14754

LV.

Le dac de Bourgogne lève le fiége

Le duc de Bourgogne étoit toujours devant Nuitz, dont il espéroit enfin fe rendre maître dans peu. Les efforts de l'empereur & des princes d'Allemagne n'avoient pu cette place, & le duc ne vouloit point l'abandonner, croyant de Nuitz. qu'il étoit de fon honneur de la prendre. Mais les Anglois l'obligèrent à la quitter. Ils vouloient faire une defcente en France, felon qu'ils avoient conclu avec lui; il les avoit arrêtés jufqu'alors: mais las enfin d'attendre, ils lui firent favoir qu'ils alloient s'embarquer; & que fi en descendant à Calais ils le trouvoient encore occupé au fiége de Nuitz, ils s'en retourneroient auffitôt. La crainte de perdre leur alliance l'emporta fur l'efpérance d'une victoire prochaine. Le duc ne chercha plus qu'un prétexte pour lever le fiége. Alexandre évêque de Forli, que le pape Sixte IV avoit envoyé pour négocier la paix entre les Allemands & le duc, propofa de remettre à l'arbitrage de fa fainteté le différent desprinces Herman & Rupert pour l'archevêché de Cologne, & de lui livrer à lui-même dans le moment la ville de Nuitz, pour la garder jusqu'à la décision du procès. L'expédient fut accepté. Auffitôt les deux armées fe féparèrent, & celle du duc de Bourgogne prit la route de Lorraine.

LVI

France.

Auffitôt que le roi d'Angleterre en eut reçu la nouvelle, ilfe prépara à s'embarquer pour se rendre à Calais : mais Le roi d'Angleterre déavant que de fortir de fon royaume, il envoya à Louis XI clare la guerun héraut nommé Jartiere, avec une lettre par laquelle il lui re au roi de demandoit la reftitution du royaume de France; & en cas Mém.de Com. de refus, lui déclaroit la guerre. Louis XI ayant lu la lettre liv. 4. ch. s. feul, fit appeler le héraut quelques momens après & lui dit : qu'il favoit bien que le roi d'Angleterre ne s'embarquoit qu'à la follicitation du duc de Bourgogne, du duc de Bretagne & du connétable de France: que la faifon étoit déjà fi avancée, qu'elle ne donnoit pas lieu à de grandes entreprifes; que l'armée de Bourgogne, affoiblie par un an de fiége devant Nuitz, n'étoit pas en état d'agir; que le connétable n'étoit pas affez puiffant pour attirer à la France une nouvelle guerre : que c'étoit un brouillon, un diffimulé, un fourbe, qui n'avoit point d'autre vue que de fe faire rechercher & redouter par tous les partis, pour s'attirer de la conhance, & fe livrer à celui qui lui feroit les plus grands

AN. 1475.

LVII.

avantages: qu'il favorifoit tantôt les uns, tantôt les autres, & qu'il n'avoit point d'autre deffein que de les épuifer tous pour s'enrichir à leurs dépens. Il dit encore plufieurs autres chofes au héraut, pour l'engager à confeiller au roi d'Angleterre de faire la paix avec lui; il accompagna ces paroles d'un préfent de trois cents écus, & de trente aunes de velours cramoifi qu'il donna à ce héraut, lui promettant encore mille écus fi la paix fe faifoit. Jartiere répartit qu'il ne tienLouis XI ga- droit pas à lui que la paix ne fe fit entre l'Angleterre & la té du roi France; mais qu'il falloit attendre que le roi fon maître eût d'Angleter- paffé la mer, & que quand il auroit débarqué, l'on envoyât Mém. de Bo- un héraut pour demander un fauf-conduit, afin d'envoyer mines, ibid. des ambassadeurs à Edouard ; & qu'au lieu de s'adreffer à ce prince, on s'adrefsât aux feigneurs de Hawart & de Stanlay pour conduire ce héraut. Louis, content de cet avis, chargea Comines d'entretenir ce député d'Edouard, & de ne le laiffer parler en particulier à perfonne, jufqu'à ce qu'on lui eût donné compagnie pour le conduire.

gne le dépu

se.

LVIII.

Arrivée du roi d'Angleterre à Ca

Jais.

Le roi d'Angleterre fut trois femaines à faire le trajet de Douvres à Calais, quoiqu'il n'y ait que fept lieues. Dès qu'il y fut arrivé, le duc de Bourgogne vint l'y trouver avec quelques cavaliers feulement. L'accueil fut très-froid des deux côtés. Les Anglois s'étoient attendus que toute la cour de Bourgogne viendroit les recevoir avec une nombreufe armée. Edouard s'en plaignit. Le duc lui répondit que fes troupes le joindroient au premier ordre ; qu'il les avoit envoyées en Lorraine pour s'y rafraîchir aux dépens du duc,qui lui avoit déclaré la guerre. Il conduifit les Anglois à Boulogne, enfuite à Péronne, où le feigneur de Creville vint complimenter Edouard & le duc de Bourgogne de la part du connétable de Saint-Pol. Il leur dit que fon maître ne s'étoit pas encore défaifi de Saint-Quentin, parce qu'il n'étoit pastemps, & que de céder les intelligences qu'il avoit en France euffent trop éclaté; Saint-Quen- mais qu'à préfent l'armée Angloife étant arrivée, il ne gard'Angleter- deroit plus de mefures avec Louis XI: qu'il étoit tout prêt à livrer Saint-Quentin, fi le duc de Bourgogne le jugeoit à propos. De Creville donna auffi au duc de Bourgogne une lettre de fon maître adreffée au roi d'Angleterre, par laquelle le connétable prioit le roi d'ajouter foi à tout ce que le duc lui diroit ou lui promettroit, comme fi c'étoit lui-même qui lui parlât. Sur ces affurances, Edouard, de concert avec le

LIX.

Le connétable promet

tin au roi

se.

AN. 1475.

LX.

l'entrée.

Buc, fit marcher fes troupes vers Saint-Quentin. Il fe flattoit que les portes lui en feroient ouvertes dès qu'il paroîtroit ; mais loin d'y être reçu, le connétable fit tirer le canon fur Il lui en reles premiers foldats Anglois qui parurent, & la garnifon fit fufe enfuite une fortie fur eux, où il y en eut quatre à cinq de tués. Le roi d'Angleterre, outré de cet affront voulut rendre le duc de Bourgogne refponfable de l'infidélité du connétable, & peu s'en fallut qu'il ne l'accufat d'être complice. Le duc fit ce qu'il put pour excufer le connétable; mais tout ce qu'il dit, ne fervit qu'à augmenter la défiance des Anglois. Dans le même temps le duc partit précipitamment pour la Lorraine; & en prenant congé du roi, il promit d'en ramener fes troupes: mais cette démarche augmenta les foupçons qu'on avoit contre lui, & fit croire qu'il vouloit abandonner les Anglois.

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mines 1.4. ch. 7.

Louis XI fut bientôt informé de ces nouvelles, & LXI. Louis XI enun valet d'un gentilhomme de fa maison, que les Anglois voie à Eavoient pris & renvoyé, & que Louis avoit d'abord re- douard un gardé comme un efpion, les lui confirma. Alors il crut valet vêtu en héraut qu'il étoit à propos de fuivre les avis du héraut d'Edouard. pour lui parIl chargea donc Philippe de Comines d'aller chercher un ler de paix, valet du feigneur des Halles ou de Salles, fils de Méri- Mem, de Cochon de la Rochelle, & de lui propofer s'il vouloit aller trouver le roi d'Angleterre de la part de Louis en habit de héraut. Comines exécuta ces ordres, & fut fort étonné quand il vir ce valet, qui ne lui paroiffoit pas homme à ménager une telle négociation, mais qui toutefois avoit beaucoup de bon fens, & des manières fort engageantes. Le roi ne lui avoit parlé qu'une fois, & l'avoit jugé capable d'une telle commiffion. Le valet fort furpris de la propofition qu'on lui fit, fe jeta aux genoux de Comines, croyant déjà étre mort. On le raffura, on lui promit une élection dans l'ile de Rhé, & de l'argent. Il parut devant le roi, il fut équipé comme un héraut, on lui donna fes instructions, & on le fit partir.

LXII.

paix au roi

Le héraut travesti étant arrivé au camp des Anglois, fut arrêté & conduit devant la tente du roi, où on lui de- Ce héraut manda ce qu'il venoit faire. Il répondit qu'il venoit de la propofe la part de Louis XI pour parler au roi d'Angleterre, & qu'il d'Angleter avoit ordre de s'adreffer aux feigneurs de Hawart & de re. Stanlay. Comme le roi dinoit à l'heure qu'il arriva, on le

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