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AN. 1475.

LXXII.

trahi

par

Italien nommé Simon, médecin, qui fervoit d'émiffaire à Louis XI pour obferver les mouvemens de la ducheffe douairière de Savoie. Campo-Baflo lui propofa que, fi le roi vouloit lui donner mille écus comptant, il lui livreroit Ce duc eft le duc de Bourgogne ou le tueroit Simon n'ayant point Campo-Bafexécuté fa commiffion, Campo-Baffo s'adreffa à Dupray fo. ou de Saint-Pray, ambaffadeur du roi en Piémont : mais Mem. de Comines, liv. 4. celui-ci ne fut pas plus diligent que l'autre ; de forte que ch. 13. vers Campo-Baffo, après avoir levé ces quatre cents lances en la fin. Italie, & les avoir conduits dans les Pays-Bas, fit propofer la même affaire au roi par une personne affidée.

Louis XI eut horreur de la perficie de ce Napolitain, & fit informer le duc de Bourgogne de tout ce que CampoBaffo machinoit contre lui; mais le duc, trop prévenu en faveur de cet officier, ne profita pas de cet avis: il crut que le billet du roi étoit faux, & qu'on vouloit le mettre mal avec le meilleur capitaine qu'il eût dars fon armée. Cet officier, ravi de l'aveuglement de fon maître, s'adreffa pour le perdre au duc de Lorraine, qui accepta l'offre ; mais ne voulut donner qu'à bonnes enfeignes l'argent qu'on exigeoit. Le marché n'étoit pas encore conciu, que le jour arriva auquel le connétable devoir être livré aux François. Campo-Baffo, qui commandoit zu fiége de Nancy fous le duc de Bourgogne, empêcha la prise de la ville jufqu'à la conclufion du traité; & le duc voyant qu'il n'y étoit pas entré le jour qu'il l'avoit cru, dépêcha un courrier pour révoquer l'ordre donné contre le connétable; mais ce courrier arriva trop tard: trois heures avant fon arrivée, le coupable avoit été conduit à Péronne pour être mis entre les mains du bâtard de Bourbon, qui le fit conduire à Paris, & enfermer dans la Bastille le deuxième Décembre.

LXXIII: Le conné table eft livré au roi, & en.

fermé dans la Batille.

Mém de Comines, liv. 4.

C. 12.
LXXIV.
Il est con-

Mém de Co

mines, ibid.

On lui fit auffitôt fon procès. Le chancelier de France y préúdoit. Il fut interrogé : fon crime étoit public, il ne damné à perpouvoit défavouer; ainfi il fut condamné à perdre la tête dre la tête & en place de Grève, ce qui fut exécuté le dix-neuvième meurt. du même mois 1475. Il avoit alors foixante-trois ans. Il ne fut point regretté, parce que tout le monde avoit horreur de fes perfidies qu'il avoit continuées dix ans entiers. Il fouffrit la mort en fincère pénitent, & avec de grands fentimens de piété, s'il eft permis en matière de religion de juger fur les apparences, & d'ajouter quelque foi à de

Mezerai abrégé chron

in - 12. Hi de Louis XI.

beaux dehors: ce qui fouvent eft affez équivoque. Le ro AN. 1475. fut ravi d'être délivré d'un fi dangereux ennemi ; & le duc de Bourgogne y trouva fon compte, par le recouvrement de la ville de Saint-Quentin & des autres places que Louis XI lui remit de bonne foi. Le roi donna auffi le comté de Ligny en Barrois à George de la Trimouille, feigneur de Craon, & le comté de Brienne à Charles d'Amboife feigneur de Chaumont ; ces deux terres appartenoient au connétable. Louis s'empara des autres : la plupart étoient dans les états du duc de Bourgogne.

LXXV.

Traité entre

le roi de

Six femaines avant la mort du connétable, le roi de France avoit fait un traité avec le duc de Bretagne, par lequel France & le il s'engageoit de le laiffer jouir de tous fes états dans la duc de Bre- même liberté & avec les mêmes franchifes & priviléges qu'il

tagne.

LXXVI.

gne.

avoit fous le règne de Charles VII. De fon côté le duc renonçoit entièrement & fincèrement à toutes les alliances qu'il avoit faites jufqu'alors au préjudice de Louis; & il y avoit une ligue défensive signée entre eux. Cette alliance, jointe à la trève pour neuf ans que fa majefté avoit faite avec le duc de Bourgogne, la mettoit en repos, d'autant plus qu'elle paroiffoit n'avoir rien à craindre de l'inconftance de ce duc, qui étoit près de s'engager dans de grands embarras du côté de l'Allemagne en attaquant les Suiffes. Il étoit prefque maître de toute la Lorraine, s'il prenoit Nancy. Louis XI, par un article fecret, s'étoit engagé à ne prendre aucune part dans les affaires du duc René: le duc de Bourgogne qui l'avoit fu penfa à étendre fes états, à fecouer le joug de la France dont il étoit feudataire, à fe rendre maître du pays des Suiffes dont il vouloit fe venger, à unir la Savoie & la Provence à ce qu'il poffédoit déjà, à y joindre même le duché de Milan & le royaume de Naples. Voyons comme il s'y prit pour l'exécution d'un deffein auffi chimérique, & commençons par la Savoie.

Celui qui régnoit étoit fils d'Amedée IX, que fon père Vaftes pro- laiffa encore enfant fous la tutelle d'Yolande de France fa jets du duc de Bourgo- mère, fœur de Louis XI. Mais elle avoit perdu toute incination pour la France fa patrie, fàchée peut-être de l'échange fait en fa perfonne, lorfqu'on l'avoit donnée en mariage à Amedée pour avoir Charlotte, fœur du même, en qualité d'époufe de Louis XI; ou plutôt elle étoit tellement portée en faveur de fon fils, que cet amour avoit éteint dans

LXXVII.

voie.

on ame toutes les autres tendreffes. Le duc de Bourgogne, pour la gagner, lui fit propofer le mariage de fa fille avec AN. 1475. le jeune duc de Savoie : & la ducheffe n'eut pas plutôt écouté I promet fa la propofition, qu'au préjudice du roi de France fon propre fille au jeune frère, elle entra dans le projet chimérique du duc; elle leva duc de Sacinq mille hommes parmi les fujets les plus aguerris de fon fils, & les joignit à l'armée des Bourguignons. Par cette alliance ce prince auroit formé une fuite d'états d'une trèsgrande étendue, depuis l'extrémité de la Frife, jufqu'au duché de Milan, qui étoit le fecond objet de l'ambition du duc de Bourgogne.

LXXVIII.

Le duc de

gne fon al

Le duc de Milan étoit alors Galeas Sforce, fils du bâtard François Sforce, qui ayant la qualité de général des Véni- Milan detiens, s'étoit emparé de cet état ; & fon fils par conféquent mandeau duc de Bourgo ne le poffédoit qu'à titre d'ufurpation. Les Milanois, accoutumés à la domination modérée de François Sforce, regar- liance. doient Galeas comme un monftre qu'il falloit exterminer ; & la confpiration dans laquelle il fut depuis maffacré, étoit déjà presque formée. Il devoit s'en douter ; & comme le feul bruit de l'alliance de l'héritière de Bourgogne avec le duc de Savoie, lui avoit donné lieu de craindre qu'elle L'eût été conclue que pour le punir de ce qu'il avoit autrefois fourni quatre cents lances au fecours de Louis XI durant la guerre du bien public, il crut devoir aller audevant de l'orage qu'il appréhendoit. Il envoya au duc de Bourgogne un homme de confiance pour lui demander fon amitié. La propofition fut acceptée avec affez de mépris, à caufe de la lâcheté qu'on lui voyoit commettre mais le deffein du duc de Bourgogne étoit de tirer de Galeas des fecours d'argent & de foldats. Il en tira en effet jufqu'à quinze mille hommes, & réduifit le duc de Milan dans un tel état, que l'armée des Bourguignons n'avoit qu'à mettre le pied dans fon duché pour le conquérir.

LXXIX.

jou eft mé

Le royaume de Naples flattoit encore l'ambition du duc de Bourgogne. La maifon d'Anjou en avoit été chaffée fans. René d'Anefpérance de s'y rétablir, René d'Anjou étoit fort vieux; content durui & il ne lui reftoit que René, duc de Lorraine, fils de fa de France. fille, qui alloit être dépouillé de fes états, & qui par conféquent ne feroit pas en état de recouvrer le royaume de Naples. Louis XI non-feulement n'avoit jamais voulu fecourir René d'Anjou, mais il s'étoit depuis peu emparé des

AN. 1475.

LXXX.

châteaux d'Angers & de Bar, où René avoit garnifon, de peur qu'il ne lui prît envie pour fe venger de les remettre aux ennemis de la France. René, irrité de l'excès de cette dernière injure, ne penfa plus qu'à la vengeance ; & comme il jouiffoit de la Provence, il vouloit choisir le duc de Bourgogne, & le faire héritier de ce comté, lorsqu'il en fut adroitement détourné par Jean Coffa fon principal confident, & grand fénéchal de Provence, comme on verra dans la fuite.

Il ne reftoit plus au duc de Bourgogne, pour exécuter Prétexte du tous ces vaftes projets, que de fe faire un paffage par la duc de Bour- Suiffe, d'où il prétendoit pénétrer dans le duché de Milan; déclarer la mais pour en venir à bout, il falloit déclarer la guerre aux guerre aux Suiffes, & le fujet qu'il en avoit étoit fort plaufible, puisqu'ils

gogne pour

Suifles.

l'avoient chaffé du comté de Ferrette. Cependant il prit un autre prétexte beaucoup plus léger, & fi on l'ofe dire, ridicule. Un marchand Suiffe faifoit paffer par le pays de Vaux une charrette chargée de peaux de moutons: fur le refus d'en payer le péage, parce qu'on demandoit beaucoup plus qu'il ne falloit, les peaux furent arrêtées, & le marchand s'en plaignit. Les Suiffes demandèrent réparation & des dédommagemens aux feigneurs des lieux, Jacques, comte de Romont, de la maiton de Savoie, & le feigneur de ChâteauGuyon, frère du prince d'Orange : mais ces deux feigneurs en ayant fait refus, les Suiffes entrèrent armés dans le bailliage de Vaux, s'emparèrent de quelques châteaux, & les gardèrent en nantiffement. Le duc de Bourgogne prit le parti de ces deux feigneurs, & promit de les fecourir ; enforte qu'auffitôt qu'il fut maître de Nancy, il fe mit en devoir de s'acquitter de fa promeffe.

Les Suiffes, qui craignoient de fuccomber, rentrèrent en eux-mêmes, & proposèrent des conditions fi avantageuses, qu'il n'y avoit aucune apparence qu'on les refusât. Ils offroient de demander en pofture de fuppliant la paix & l'alliance du duc, de renoncer à toutes les alliances étrangères, de donner à Romont & à Château-Guyon toute la fatisfacLXXXI. tion qu'on jugeroit raifonnable, de fournir fix mille homLouis XI mes au duc. Mais les députés des Suiffes ne furent point veut rétablir écoutés, & le duc de Bourgogne fe prépara à les attaquer. Louis XI donna cette année un édit par lequel il ordonna qu'on folenniferoit la fête de S. Charlemagne, que

la fête de S. Charlema

gne.

Tuniverfité avoit choifie pour fon patron dès le commencement de l'onzième siècle.

AN. 1476.

LXXXII.

Déborde

ment du Tibre à Rome. Papienf epift. 642.

Palmer in

Dès le commencement de Janvier de l'année 1 476, les neiges fondues causèrent un si furieux débordement du Tibre à Rome, qu'on appréhendoit d'y voir un fecond déludit le cardinal de Pavie; ce qui caufa beaucoup de dommage dans la ville & à la campagne. Ce fléau fut fuivi d'un fecond encore plus fâcheux : la peste emporta un fi chronic. Trigrand nombre de perfonnes, que le pape fut obligé de them. catal fortir de Rome : on regretta beaucoup parmi les morts Jean vir. illuftr de Royaumont, Allemand, que Sixte IV avoit appelé auprès de lui pour corriger le cycle pafcal de Denis le Petit. Il paffoit pour être le plus habile homme dans ce genre d'érudition. On dit qu'il étoit encore excellent orateur, & qu'il entendoit parfaitement les auteurs Grecs & Latins. Le roi de Hongrie & la ville de Nuremberg l'avoient gratifié d'une penfion confidérable. Il avoit été difciple de George Burbach de Bavière: l'on a beaucoup d'ouvrages de fa compofition.

LXXXIII.

Bulle du

touchant la fête

ge.

tom.

13. P. 1442.

Ce fut pour détourner les fléaux de la pefte & des inondations, & augmenter la dévotion des fidelles envers la fainte Vierge, que le fouverain pontife fit une bulle datée pape de Rome, le premier jour de Mars de cette année, par la- de la Conquelle il accordoit les mêmes indulgences que les papes ception de la Urbain IV & Martin V avoient accordées pour la fête du Sainte VierSaint Sacrement, à tous ceux qui célébreroient avec dévo- Collect. tion la fête de la Conception de la fainte Vierge, qu'il nom- concil. P. ma immaculée dans fon décret ; & qui réciteroient l'office Labbe, que fa fainteté avoit approuvé, & qui avoit été composé par deux religieux de fon ordre, Leonard de Nogarellis & Bernardin de Buftis. Mais cet office peu de temps après fut rejeté par l'églife Romaine, qui jugea plus à propos de fe fervir de celui de la Nativité de la fainte Vierge. Cette fère, jufqu'à la bulle de Sixte IV, avoit été d'ob- glife Romaifervation libre & arbitraire, fans aucun décret qui en rendit la folennité publique, tant à Rome & en Italie, qu'en France: lorfqu'en 1439 le concile de Bâle fit une conftitu1. 3. c. 3. p. tion pour la prefcrire par toute l'églife. Mais comme on 140. & 146. avoit rejeté ce décret à Rome, où le pape Eugene IV Gavant. rub. regardoit l'affemblée de Bâle comme fchifmatique & illé- feft. part. 2. gitime, on reçut avec plaifir cette conftitution de Sixte IV. Pag. 139.

LXXXIV.

Premier décret de l'é

ne fur cette fète.

Richard.

conc. gener.

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