DAMON. Ouvre-moi ce logis, fi tu crains ma colére; CRISPIN. Moi? Je n'ai Qu'on cherche un ferrurier : Mes coffres-forts? Tâchons d'enfoncer cette porte. CRISPIN. Vous aurez tout l'enfer aux trouffes. DAMON heurtant. Je veux mes coffres-forts. CRISPIN. Il n'importe; Tais-toi ? Monfieur, vous vous perdez, (Le milieu du théâtre s'ouvre, & Damen CRISPIN. Voilà, parbleu, le vieillard fur le nez. D'où vient ( Crespin difparoît.) DAMON fe relevant. que tout-à- Coup la porte s'eft ouverte? (Il voit dans le fond du théâtre un enfer, &quelques démons.) Ah! Crifpin, je me vois à deux doigts de ma perte, Quel nombre de démons habite ma maison! Ah, ciel ! Je suis perdu. Crispin avoit raisɔn. Tome. III. C La parole me manque, & tout mon fang fe glace (Quatre démons l'approchent. ) Quartier, Meffieurs, quartier. (Ils s'éloignent.) Is me quittent la place: De la cave au grenier ce logis eft changé; Et jamais... J'aime autant que le diable m'emporte, Cherchons. Mais, jufte ciel! D'où fortent tant de feux ? (11 fort des flammes de deffous le théatre, Ah! La terre s'entrouve ; & fi j'ai de bons yeux, A travers de ces feux deux démons se découvrent. (Ces deux démons font des fauts périlleux autour de lui,) Quels bonds! Quels tours! Ah, ciel! Des abîmes (Quatre démons l'entourent.) UN DEMON. Ne crain rien, Mais il faut t'éloigner d'un logis où la flamme DAMON. Meffieurs, Dieu veuille avoir votre ame. Je vous jure, à votre air, malgré toute ma peur, Je vous ai pris tous deux pour deux diables d'hon neur. Où font mes coffres-forts Vous pouvez m'en inftruire. UN DEMON lui prennant le bras. Tes coffres-forts? Vien, vieh, nous allons t'y conduire. DAMON. N'en prenez pas la peine. UN AUTRE DEMON. On veut te contenter, ( Les quatre démons le faififfent, & font enlevés avec lui fur le ceintre.) DAMON en l'air. Ah! Le diable m'emporte, & me va tourmenter, ··Fin du premier alle. M 1. ACTEUR au poëte. Onfieur, voilà un acte qui va le mieux du monde, & je croi que vous en devez être fatisfait. LE POETE. Il est vrai qu'il n'a point mal été, & j'en fuis affez content; mais... Ah, le traître! Apercevant un troifiéme acteur qui n'eft point babillé. 1. ACTEUR. Qu'avez-vous? LE POETE. Ah, morbleu! 2. ACTEUR Qu'avez-vous donc, Monfieur ? LE POETE au 3 acteur. Hé quoi, Monfieur, vous n'étes pas hábillé, vous qui commencez l'autre acte, & qui avez le principal emploi dans cette pićce ? 3. ACTEUR. Non, Monfieur. 2. ACTEUR. Eh, morbleu, Monsieur, allez vous faire habiller. 3. ACTEUR. Moi, Monfieur ? Morbleu, je ne m'habillerai point. 2. ACTEUR. Et la raifon, s'il vous plaît ? 3. ACTEUR. C'eft que je ne veux point jouer la piéce de Monfieur. LE POET E. Vous ne voulez point jouer ma piéce? Non, très-affurément. 1. ACTEUR. Mais, Monfieur, par quelle raifon ne la voulez-vous point jouer? 3. ACTEUR. C'est, Monfieur, que je veux que l'on joue une piéce que j'ai faite. 1. ACTEUR. Comment, Monfieur, vous faites des piéces ? |