3. ACTEUR.

Oui, fans doute j'en fais; & mes vers;

fans vanité, ont des agrémens.

1. ACTEUR.

Eh, morbleu, Monfieur, faites votre mé tier, & ne vous mettez point en tête de faire celui d'autrui: il y a tant de méchans auteurs sans que vous en augmentiez le nombre.

د

3. ACTEUR.

Tout ce que vous pouvez me dire n'est point capable de changer la résolution que j'ai prise; & je ne jouerai point absolument cette piéce, que l'on n'ait joué la mienne.

LE POETE.

3

Oh, oh! Voici qui est assez plaisant. Meffieurs, ceci vous regarde, & c'est à vous à

m'en faire raifon.

Mais, Monfieur, il faudroit confiderer....

3. ACTEUR.

Et je prétens que l'on joue celle que j'ai faite. Il y a, ce me semble, affez long-temps que l'on en a les rôles, & que l'on en differe la représentation.

LE POETE.

Meffieurs, il faut prendre parti, & je fuis

las de vous voir si long-temps irrésolus.

2. ACTEUR.

Que voulez-vous que nous fassions Vous voyez son opiniâtreté.

LEPOETE.

Comment, ce que je veux que vous faffiez? Hé bien, puisque vous étes capables de mettre les choses en balance; allez, vous ne jouerez jamais de mes pièces, & je m'en vais de ce pas porter celle-ci à une autre troupe.

(Il rentre.)

I. ACTEUR.

:

Voilà, Monfieur, une piéce que vous nous faites perdre par votre opiniâtreté, dont il y avoit lieu d'espérer un succès considérable. 3. ACTEUR.

Ecoutez, le mal n'est pas si grand que vous le penfez; & une piéce d'un comédien de bon fens, en peut quelquefois bien valoir une de ces messieurs les auteurs dont la cervelle est bien souvent démontée. La mienne est sûe il y a long-temps; tout le monde est habillé; voyez-en une répétition,&

si elle ne vous plaît pas, vous ne la jouerez point.

1. ACTEUR.

Qu'en dites-vous, Monfieur ?

2. ACTEUR.

Hé bien, voyons-la; pour mon particulier j'y confens.

1. ACTEUR.

Allez donc disposer le reste de la troupe à cette répétition. Et vous, Monfieur, puisque vous le voulez absolument ainfi, faites diligence pour vous habiller.

3. ACTEUR.

Je serai plûtôt prêt que les violons n'auront joué une cadence.

1. ACTEUR.

Ecoutez, Monfieur, n'allez rien dire dans votre piéce contre les cocus; il y a tant d'honnêtes gens intéressés dans cette affaire, que vous n'en pourriez parler sans vous en faire

une.

3. ACTEUR.

Ah! J'ai trop de respect pour quantité de ces Messieurs-là, qui nous font tous les jours l'honneur de nous venir voir, pour dire quelque chose qui les puisse fâcher.

1. ACTEUR.

Et fur-tout ne parlez point de ces messicurs les medecins, car cela porte malheur.

3. ACTEUR. Ah! Je n'ai garde de choquer cette docte compagnie. Mais voilà une décoration qui ne convient guére au sujet de ma piéce. Tandis que je m'habillerai, prenez, s'il vous plaît, le soin de faire changer le théatre, & faites signe aux violons de jouer un moment.

Toute la face du théatre change.

ACTEURS
des quatre actes suivans.

MARCELLE.

D. PASCAL, neveu de Marcelle.
D. HENRIQUE, amant d'Angelique.
LE CHEVALIER D. RICARD
DE FOND-S E C.

ANGELIQUE, niéce de Marcelle.
JACINTE, suivante d'Angelique.
GUSMAN, laquais de D. Pascal.
CARLIN, laquais de Marcelle.
COURTEFOY, notaire.

La scène est à Madrid.