ACTE III. SCENE PREMIERE. D. SANCHE, MENDOCE Vêtus d'habits de paysans. N MENDOСЕ. Ous voilà bien bâtis, volez, sans équipages. Je suis né malheureux, que veux-tu ? J'en en rage. Le fort, en ma faveur, ne peut être adouci. Qui diable eût deviné, que de Burgos ici, Douze voleurs masqués euffent pris na valise, Et nous eussent laisse dans un bois en chemise, Sans chevaux ! MENDOСЕ. Sans un son, c'est bien pis qu'être à pié. Sans ce fermier, à qui notre fort fit pitié, Qui nous a fait présent de ce bel équipage, Nous eufsions mal passé le reste du voyage. Quand je vis ces Messieurs d'abord nous entou rer, Arrêter nos chevaux, & puis s'en emparer, pourpoint;.. Et j'appréhendois fort qu'en cette conjoncture Quelque coup de fufil n'en perçât la doublure. D. SANCHE. Le fort me persécute, & ses plus rudes coups.... MENDOCE. De tout ceci, Monfieur, ne vous prenez qu' vous. D. SANCHE.. A moi, maraud? A moi? Quels contes viens-tu faire ? MENDОСЕ. A qui donc, s'il vous plaît ? Vous étes fils d'un pere Noble, riche, & cadet d'un certain frere aîné, D. SANCHE, Mille fois insulté Par les emportemens de sa brutalité, Je fais qu'il est mon frere, & cependant ce nom... MENDОСЕ. Mais vous deviez fonger, Monfieur, que le pa tron Ne voudroit plus vous voir. D. SANCHE. Il est vrai que ma mere A vainement tâché d'apaiser sa colere; Mais quoi ? Ce qu'en secret, en partant de chez nous, Elle m'avoit donné d'argent & de bijoux, MENDOCE. J'enrage, quand j'y penfe. Mais que venir chercher dans Salamanque auffi? D. SANCHE. Je veux t'ouvrir mon cœur", Mendoce. L'amour seul a cause mon malheur. Tant pis. D. SANCHE. Etant écolier dans ces lieux, Mon amour n'ocupoir que mon cœur &mes yeux, MENDOCE. Il faut, Monfieur, vous montrer devant elle, En l'état où je vois qu'on vous peut présenter, Faquin. D. SANCHE. MENDOCE, (à part) Il ne faut pas échauffer ses oreilles. (haut.) Mais que voulez-vous faire ? D. SANCHE. En l'état où je suis, Je n'oserois paroître, il courroit de sots bruits, Si j'étois reconnu sous cet habit. Ecoute. Dom Pédre est des amis de mon pere. MENDOCE. D. SANCΗΕ. Tu fais bien qu'il demeure... MENDOCE Oui. D. SANCHE. Sans doute Cours à fon logis, Tu pourras l'y trouver, ou Dom Carlos fon fils. Il est de mes amis, c'est pour moi même chose. Dis leur l'érat fâcheux où mon malheur m'expofe, Qu'en l'état où je suis, la peur d'être connu, Vers ces lieux écartés enfin m'a retenu; Je vais en t'attendant, pour passer mon chagrin, Me promener du long des murs de ce jardin, Tu m'y retrouveras; dépêche. IL faut l'attendre, S'il le trouve, il pourra bien tôt ici se rendre. lieu. SCENE ΙΙΙ. ANGELIQUE, MARINE. MARINE. U voulez-vous aller ? Quelle est votre en-* treprise ? ANGELIQUE. Je ne puis revenir du trouble où l'on ma mise, |