Touchez-là J'ai porté ma niéce à tenir bon; JACINTE. Et que gagnera-t'on? MARCELLE. C'étoit, quand il partit, l'humeur du personnage: Son pere eut beau cent fois vouloir le rendre fage, Il eût rompu dès lors, plûtôt que de plier. ANGELIQUE. Qui, mais enfin c'est moi qui dois me marier : Quoi qu'il fafle, mon cœur est hors de sa puissance. D. HENRIQUE. Madame, puis-je encor garder même espérance? ANGELIQUE. Ma tante ayant pour vous dispose de ma foi, D. HENRIQUE. larme; Votre seule personne & m'attire & me charme, MARCELLE. Vous valez trop, allez, je ferai tout pour vous : Oui, ma niéce est à vous, j'en répons. Prétend la marier, quoique vous puissiez faire: J'ai tout lû du valet. Monfieur? GUSMAN. L'enlever! Comment, diable, D. HENRIQUE. La violence est un mal redoutable. Que pourroit-elle faire, étant entre leurs mains? JACINTE. L'adresse est en ce cas le chemin qu'il faut prendre.. MARCELLE. Quelle chemin, quelle adresse ?... Un fi dangereux pas... JACINTE. Faut-il tant de façons? Il ne la connoît pas, Pour qui ce chevalier prenant aversion, GUSMAN Jacinte l'a trouvé, Madame, & cette piéce MARCELLE. Où prendre cette fœur ? GUSMAN. Jacinte la fera. JACINTE. Parle donc, hé, magot, suis-je propre à cela? D Va, va, fi la nature T'a fait le nez plus beau qu'à toi n'appartenoit, Ton esprit peut servir au deffein que l'on fait; Et tu pourras d'abord, pour causer leurs surprises, Parler à contre sens, dire quelques sottifes. JACINTE. Ma foi, je n'en sai point. Va, je t'en apprendrai. GUSMAN. JACINTE. Je n'en veux point savoir... Le beau dessein! J'irai M'exposer, pour flatter vos ardeurs mutuelles, A me faire emmener par deux jeunes cervelles, Afin qu'instruits de tout, m'ayant fait enlever, Ils aillent... Que fait-on ce qui peut arriver? Non, je n'en ferai rien. ANGELIQUE. 7 Jacinte m'abandonne. JACINTE. Madame, voyez-vous, le qui pro quo m'étonne : A jouer un tel rôle, il y va trop du mien. MARCELLE. Elle a quelque raifon: mais fans hazarder rien, Ne faurions-nous trouver ?... GUSMAN. La voilà bien malade ! S'il ne tient qu'à cela, je serai la mauffade. D. HENRIQUE. Toi? GUSMAN. Qu'on m'équipe en fille, & vous verrez beau jeu. MARCELLE. Mon Dieu, je m'y connois un peu. Quand j'aurai le tour blond, & la mouche affaffine, Vienne le protestant, d'un coup d'œil je l'échine. MARCELLE. Qu'on mette donc Gusman en état de prouver S'il pourra .. GUSMAN Mais s'il faut que l'on m'aille enlever? J'ai l'honneur un peu tendre: à moins qu'on m'en réponde... JACINTE.. Vien t'habiller, & tout ira le mieux du monde.. Vous nous abandonnez vos habits, vos bijoux? GUSMAN à part. Ah! Ne me parlez point, mon frere, d'un époux De la virginité j'ai trop pris l'habitude, Pour pouvoir consentir... D. HENRIQUE. Que fais-tu ? GUSMAN. : Je prélude Badin ! D. HENRIQUE. ANGELIQUE.. Mais il faudra nous cacher, autrement... La charge d'écuyer est d'un grand privilége Madame en cherchoit un. D. HENRIQUE. Jacinte l'a trouvé. Madame, cet honneur doit m'être réservé. MARCELLE. On vous reprochera... Jufqu'au jour de la noce D. HENRIQUE. Je suis votre écuyer, & me nomme Mendoce. GUSMAN. Ah! Monfieur l'écuyer, honneur & joie. D. HENRIQUE. Ainfi, Du plaifir de vous voir, mon malheur adouci... MARCELLE. Suffit. Allez songer à changer d'équipage. MARCELLE Faisons à cet amour que son frere consente; Et fi... D. HENRIQUE. |