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MERCURE. Je ne fçay; mais je voudrois y eftre pris.

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à Jupiter.

Eritablement, Latone, tu

as fait de beaux enfans

LATONE. Nous ne pouvons pas toutes eftre meres de Vulcain.

JUNON. Il eft vray qu'il eft eftropié; mais en cet eftat Venus l'a bien voulu pour mary; car outre qu'il a enrichy le Ciel de mille feux, il s'eft rendu illuftre par l'excellence de fon Art. Mais ta fille, d'un courage mafle, contre la bien-seance de fon fexe, va jufqu'en Scythie égorger fes hoftes, plus cruelle mille fois que les Scythes; & ton fils eft de tous meftiers, Archer, Violon, Poëte, Medecin ; & a eftably des Bureaux de prophetie à Delphes, à Claros, & à Didyme, où il fe mefle de prédire l'avenir, & furprend les fimples par des Oracles trompeurs, qui ont toûjours quelque porte de derriere

pour évader. Cependant, comme le nombre des fots eft infiny, il s'enrichit de fes impostures; mais les plus fages reconnoiffent bien la fourbe, & fçavent que ce grand Prophete n'a pas fceu qu'il tucroit fon Hyacinthe, & que Daphné le fuiïroit, malgré toute la beauté & fa perruque d'or. Je m'eftonne donc qu'on t'ait préferée à Niobe, & que tes enfans ayent efté jugez plus beaux que les fiens.

LATONE. Ta jaloufie ne peut fouffrir qu'ils triomphent dans le Ciel, & foient celebres, l'une par fa beauté, & l'autre par fon harmonie.

JUNON. Tu me fais rire, de prendre ton fils pour un excellent Muficien, luy qui euft efté écorché en la place de Marfias, fi les Mufes luy euffent fait justice. Pour ta fille, elle eft fi belle avec fon vifage de pleine-lune, qu'Acteon fut devore par fes chiens, pour l'avoir veû toute nuë; de peur qu'il ne fuft le trompette, auffi-bien que le témoin de fa laideur. Car pour la prétendue virginité, je n'en fais que rire, veû qu'elle ne pourroit faire le meftier de Sage-femme, comme elle fait, fans quelque experience.

LATONE. II te fied bien, Junon, d'eftre altiére, eftant compagne du lit & du trône de Jupiter; mais nous te verrons bien

honteufe, lors qu'épris de l'amour de quelque Mortelle, if te quittera pour la poffeder.

DIALOGUE

D'APOLLON ET DE MERCURE.

APOLLON.

Q

U'as-tu à rire, Mer

cure?

MERCURE. Qui ne riroit, Apollon, d'une chofe fi plaisante ?

APOLLON. Conte-la moy, afin que j'en rie à mon tour.

MERCURE. Mars vient d'eftre pris, couché avec Venus.

APOLLON. Comment cela? fais-moy le récit de cette avanture.

MERCURE. Il y a long-temps que Vulcain fe doutoit de leur amour, & épioit l'heure de les furprendre. Il avoit donc mis autour de fon lit des filets comme invifibles, & eftoit allé travailler à fa forge. Le galand prenant fon temps en l'abfence du mary, eft allé coucher avec fa maiftreffe; mais le Soleil les a découverts, & en a averty Vulcain de forte qu'il les a pris tous deux fur le fait, & les a enveloppez dans fes rets. Venus toute

confufe, tâchoit à couvrir fa nudité: Mars cherchoit à fe dépeftrer; mais comme il a veû qu'il n'en pouvoit venir à bout, il a eu recours aux prieres & aux

menaces.

APOLLON. Et Vulcain l'a laiffé échap

per?

MERCURE. Bien loin de cela ; il a appellé tous les Dieux pour eftre témoins de fon deshonneur. Cependant, ces pauvres Amans fe voyant pris comme au trébuchet, baiffoient la veûe & fe couvroient d'un voile de honte pour cacher leur nudité.

comme

APOLLON. Mais ce fot ne rougit-il point de publier fon infamie.

MERCURE. Il eft le premier à en rire: Mais pour te dire la verité, j'enviois la bonne fortune de Mars, d'eftre furpris couché avec la plus belle de toutes les Déeffes, & lié avec elle par des chaifnes qui ne fe pouvoient rompre.

APOLLON. Quoy ! tu voudrois estre pris de la forte?

MERCURE. Qui en doute? Vien les voir en cet eftat; & fi tu n'es de mon avis, je blafmeray ta froideur, ou loüeray ta continence.

*****

DIALOGUE

DE JUNON ET DE JUPITER.

JUNON.

J

'Aurois honte, Jupiter, d'avoir un fils yvrogne & efféminé comme le tien, toujours en la compagnie de certaines femmes furieuses, & qui font plus mafles que luy : Enfin, il reffemble mieux à tout autre qu'à fon pere.

JUPITER. Mais cet efféminé a conquis la Thrace & la Lydie; & affujetty les Indes, aprés en avoir fait le Roy prifonnier, avec tous fes Elephans. Et ce qui eft de plus étrange, c'eft qu'il a fait tout cela en fautant & en danfant avec des femmes, au fon du tambour & de la flûte, & le plus fouvent yvre. Que fi quelqu'un a ofé parler de fes myfteres, il l'a pris dans fes ceps, & la mere mefme a déchiré fon enfant. Cela n'eft-il pas grand & Agavé & digne de Jupiter? D'ailleurs, s'il eft vo luptueux & débauché, cela ne fait tort

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Toujours en la compagnie, &c. Le refte eft touché enfuite..

die: Le Tmole eft trop peu de chofe pour eftre exprimé c'eft une

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La Ibrace & la Ly-Montagne de l'Afie.

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