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medie dont ils font compofez, ne fuffir pas pour les rendre aimables, fi ces deux chofes ne font bien mêlées enfemble, parce que l'union de deux contraires eft plûtoft un monftre qu'un miracle ; & perfonne n'admira jamais les Centaures pour leur beauté, mais pour leur extravagance. Ce n'eft pas que de deux chofes excellentes on n'en puiffe faire une troifiéme qui le foit encore plus; mais je ne voudrois pas affurer que je l'aye fait, & je crains plûtoft d'avoir corrompu deux bonnes chofes par leur mélange. Car le Dialogue aime à s'entretenir en particulier de difcours graves & ferieux, & la Comedie fe plaist à boufonner fur un theatre;

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que par forme d'oruc-
ment. Voilà comme les
graces
d'à cette-heure
ne font pas celles de
ce temps-là.

Les Centaures, je | raifon qui n'eft mife ne parle point de leurs meurtres & de leur yvrognerie car ce n'eft pas de cela dont il s'agit. Deux bonnes chofes par leur mélange, cela eft affez clair fans avoir befoin d'exemple; car de dire avec 'Auteur, comme on fait un breuvage excellent avec du vin & du miel, cela fent trop l'Apoticaire pour une compa→

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Car le Dialogue aïme à s'entretenir, c. Je réunis icy ce qui eft plus bas chez l'Auteur, & tranche la chofe en deux lignes, n'en gardant que le fuc, & ce qui eft neceffaire au raifonnement.

fi bien

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. 1 fi bien qu'il femble que l'union n'en puiffe eftre que monftrueufe. Ajoûtez à cela, Que la Comedie fe raille quelquefois du Dialogue & de fes vaines fpeculations, dépeignant tantoft les Philofophes mar-chant fur les nuës, tantoft occupez à mefurer le faut d'une puce, pour fe moquer de la hauteur de leurs contemplations, & de leurs recherches fotes & curieufes.. Cependant,j'ay efé affez hardy pour vouloir · reconcilier ces deux mortels ennemis ; & je laiffe aux autres à juger fi.j'y ay bien réaffi, & fi je n'ay point tout galté, comme Promethée, en confondant les deux fexes; ou trompé, comme luy les conviez, en. ne leur fervant que des os couverts de graiffe. Car pour ce qui concerne le larcin ̧ je ne crains pas qu'on m'en accufe ? Où anrois-je dérobé ces chimeres & ces hippo-Fay esté affez hardy | poar vouloir réconcilier, c. Il y a icy une comparaifon tirée de la Mufique qui n'eft pas

foin, car j'ay touché: d'abord en deux lignes toute la force de l'oppofition.

Pour ce qui concerne

pas, parce qu'il eft Dicu du tarcin car ce'a vient mieux à Mercure qu'à luy, & n'eft pas necellaire au fujet.

à noftre ufage, parcele larcin, je n'ajoûte qu'il faut que les comparaifons foient des chofes connues, & que tout le monde fçait: je l'aurois bien rendue par équivalent; maïs it n'en eftoit pas beTome I

Où aurois-je dérobé -ces-chimeres & ces hip B

gryphes, qui n'ont aucun eftre que dans mon imagination, & que chacun peut former à fa fantaisie fans avoir befoin de les contrefaire ? Mais quelque extravagans qu'ils foient, j'y fuis trop engagé pour m'en dédire; outre que ce n'eft pas à Promethée de changer d'avis, mais à Epiméthée.

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C'eft qu'il y

NIGRINUS, OU LES MOEURS
D'UN PHILOSOPHE.

C'est une espece de Satyre contre les vices
de Rome, anfquels il oppofe la douceur
de la Philofophie ; & mefle parmy cela
des invectives contre ceux qui abufent

de ce nom.

LUCIEN A NIGRINUS.

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E feroit porter des Chouettes à Athenes, comme dit le Proverbe, que bancoup, de parler de fcience & de doctrine devant

en avoit

Ce feroit porter des ce Proverbe eftoit trop Chouettes à Athenes:

Nigrinus. Auffi mon deffein n'est-il pas, en luy addreffant ce Dialogue, de faire montre de mon fçavoir, mais de découvrir le fien. Qu'on ne me reproche donc point ce que dit Thucydide, Que l'ignorance rend les hommes plus hardis, & le fçavoir plus retenu : car c'eft l'admiration de fon Eloquence qui me fait parler, & non pas l'opinion que j'ay de la

mienne.

foin d'explication; car il n'y a rien qui faffe tant languir un difcours que de vouloir

LYCINUS.

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UE tu és devenu grave & févere depuis quelque

temps! Au lieu de nous entretenir familierement comme tu faifois, tu ne daignes pas feulement nous regarder. Dy-moy ce qui t'a rendu fi dédaigneux & fi méprifant.

L'AMI. C'eft que de pauvre je fuis devenu riche, d'efclave libre, de fou fage. LYCINUS. En fi peu de

temps? L'AMI. Encore moins que tu ne penfes.

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bord ce que l'Auteur ne dit icy qu'aprés quel que circonlocution..

LYCINUS. Dy-m'en la caufe, afin de redoubler ma joye.

L'AMI. J'eftois allé à Rome pour trouver quelque remede à mon mal d'yeux, qui augmente tous les jours.

LYCINUS. Je le fçay, & fouhaite que tu en ayes trouvé un bon.

L'AMI.. Si-toft que je fus arrivé, j'allay voir de grand matin le Philofophe Platonicien Nigrinus, que je defirois entretenir il y avoit long-temps; je le trouvay dans fon cabinet un livre à la main, environné de tous coftez de portraits d'hommes illuftres, avec une Sphere devant luy, & diverfes figures de Mathematique. Il m'embrafla avec beaucoup de tendreffe & d'affection; & aprés nous eftre enquis l'un de l'autre, felon la coûtume, tant de noftre fanté que de nos Occupations, je luy demanday s'il ne vouloit point retourner en Gréce: Mais il uft pas plûtoft ouvert la bouche pour me répondre, que je me fentis comme ak armé de la douceur de fon Eloquence..

Mal d'yeux, il y a au Grec mal d'ail, mais cela n'eft pas important.

mers pluffeurs petites circonftances qui ne font plus à noftre usa

go.

Charmé de la dou

Fe le trouvay dans
Jon Cabinet, &c. J'a- ceur de fon Eloquence.

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