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Car il fe mit à louer la Philofophie, & la liberté qu'elle donne, & à fe rire des chofes les hommes adorent, comme que dyla Gloire, les Honneurs, les Richelles, & dît, que que c'eftoit à grand tort qu'on les nommoit Biens, puis qu'ils caufoient tant de maux. Comme je preftois l'oreille atjaltentivement à ce difcours, je me trouvay he P agité de diverfes paffions. D'un cofté j'eftois honteux de l'affection que j'avois euë pour ces chofes : & de l'autre, je me réjouiffois de me voir defabufé, comme 'hom fi jeuffe paffé des tenebres à la lumiere ; deva fi bien que j'en oubliay mon mal d'yeux, mat pour fonger à celuy de mon ame, & à un plus dangereux aveuglement. J'eftois dans cette penfée lors que tu m'as abordé; & comme tranfporté dans le Ciel'à' la fuite de ce Heros, je méprifois toutes you les chofes du monde comme fi c'euft efté de la boue. Car, comme on dit, , que les Indiens, d'une nature chaude & boüillante, n'eurent pas plutoft goufté du vin, qu'ils en devinrent tout furieux; je me fuis fenty enyvré de ce divin Nectar,. mais cette yvrognerie vaut mieux que la fobrieté.

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LYCINUS. Que je ferois heureux de

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J'oublie les Sirenes I Lote d'Homere pour les Roffignols, & le la mefme raison.

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pouvoir goufter avec toy d'un fi céleste breuvage! Il me femble que tu ne peux refufer honneftement d'en faire part à ton Ami, qui a le mefme defir & là mefme paffion que toy pour la verité.

L'AMI. Il n'eft pas befoin de me preffer davantage; car j'ay plus d'envie de te dire ce que j'ay oui, que tu n'en as de l'entendre: Et fi tu ne m'avois importuné pour le fçavoir, je t'aurois prié de le vouloir écouter. Car outre le plaifir que j'auray à le raconter, je veux que cela me tienne lieu de juftification, pour faire voir que ce n'eft pas fans caufe que je fuis tranfporté d'une fi fainte fureur. En effet, je fuis fi touché des chofes que j'ay ouïes, que lors que je n'ay perfonne à les conter je m'en entretiens moy- mefme ; Semblable à ces Amoureux, qui en l'abfence de leurs Maîtreffes s'entretiennent des faveurs qu'ils en ont receues, & fe plaifent à repaffer dans leur efprit leurs paroles & leurs actions, comme fi elles eftoient préfentes; quelquefois avec tant:

Semblable à ces par tout, tant pour ne Amoureux, je change point corrompre nos la, comparaison tirée mœurs, que parce que de l'Amour des Gar- cela feroit un effet conçons en celle des fem- traire à fon deflein, qui mes; ce que j'obferve eft de plaire.

d'attention, qu'ils ne prennent pas garde à ce qu'ils voyent, tant ils font attachez à ce qu'ils ne voyent point. Je me confole de mefme en l'absence de Nigrinus, que je regarde comme un flambeau qui m'éclaire parmy les tenebres: Et il n'eft pas feulement prefent à ma memoire, mais il me femble que j'entens fa voix ; car, comme Periclés, il laiffe un aiguillon dans l'efprit de ceux qui l'écoutent.

LYCINUS. Ceffe ce long préambule, qui ne fait que retarder ma joye, & me rapporte en peu de mots ce qu'il t'a dit.

L'AMI. Je crains de faire comme ces mauvais Comediens, qui reprefentent mal de bonnes chofes, & de corrompre l'excellence de fon difcours, par la foiblefle du mien. Mais fi je manque, fouvientoy que le Poëte n'eft pas coupable de la faute des Acteurs, & que j'ay oublié ou

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alteré, ce qu'il avoit peut-eftre dit autrement. Du refte, n'attens de moy, non plus que d'un meffager de Comedie, qu'un fimple recit, & fouhaite feulement que ma memoire foit fidelle; afin que je n'oublie rien qui foit important : car je vais faire un effort pour te con

tenter.

LYCINUS. Que tu as fait là un bel exorde, & felon les regles de l'Art! Tu devois ajoûter, Que voftre entretien ne fut pas long, & que tu ne t'és point pré paré; & autres excufes femblables que les Orateurs ont accouftumé de faire. Mais imagine- toy que tu as dit tout ce qu'il falloit, & que j'ay répondu de mefme, fans fufpendre davantage mon attente, ny m'ennuyer d'un long dif cours, fi tu ne veux eftre fifflé comme un mauvais Comedien.

L'AMI. Je fuis bien aife que tu m'ayes prévenu, & que tu ayes dit par avance ce que j'avois à dire. Je voudrois que tu euffes ajoûté auffi, Qe je ne garde-. ray ny fon ordre ny fes paroles, tant pour épargner ma memoire, que pour ne point trahir la gloire de mon Heros, en jouant fon perfonnage foiblement.

LYCINUS. Ne finiras-tu point: ton Prélude?

L'AML

L'AMI. Pour commencer donc, je te diray, Qu'il entra en difcours par les louanges des Grecs, & particulierement des Atheniens, qui nourris dans la pauvreté de la Philofophie, font ennemis du luxe, qu'ils reforment jufqu'aux Ettangers qui viennent chez eux, bien loin de s'en laiffer corrompre. Il me contoit, à ce propos, qu'un jour il en vint un à Athenes tout couvert d'or & de pourpre, avec un équipage magnifique; mais qu'au lieu d'admirer fa pompe & fa magnificence, comme il fe l'imaginoit, on avoit pitié de luy, quoyqu'on ne s'en voulust pas moquer tout publiquement, pour ne point choquer fa liberté. Cependant, on effayoit de l'inftruire; car comme chacun eftoit incommodé dans les lieux publics, par la foule de fes valets, il y en eut un qui dit affez plaifamment, Qu'eft-il befoin en temps de paix de fe faire suivre par une Armée ? Un autre fe joüant fu le luxe de fes habits; Le Printemps, dit-il,

> y

Dans la pauvreté de la Philofophie il a au Grec, dans la pau• & vreté la Philofophie; mais la pauvreté de la Philofophie eft plus louable, parce qu'elle

cft volontaire.

Tome I.

Affez plaifamment : je dis enfuite, qu'on ne parloit ny fi haut ny fi aigrement qu'on s'en pût fâcher.

Le Printemps, dit-il, n'a pas encore paru,

d'où nous viennent ces C

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