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je ne regarde tantoft plus la Terre ; outre que j'ay la tefte rompue des difputes des Philofophes, qui m'empefchent d'entendre les cris des autres, fi bien que celuycy a efté oublié parmy la foule. Mais pour ne le pas laiffer languir plus longtemps dans fa mifere, prens avec toy le Dieu des Richeffes, & le meine chez luy, avec ordre de n'en point partir, quand il le voudroit chaffer. Pour ceux qui l'ont abandonné, je ne manqueray pas de les foudroyer, fi-toft qu'on aura raccommodé mon foudre, dont je rompis l'autre jour deux pointes en le lançant trop brufquement contre le Philofophe Anaxagore, qui vouloit perfuader à fes Difciples que nous n'eftions que des chanfons. Mais il fe mit à couvert fous l'autorité de Periclés, & cependant j'allay mettre en poudre le Temple de Caftor & de Pollux, qui ne m'avoit fait ny bien ny mal.

La Terre; Je dis en general, parce qu'il convient à tout dans le deffein de l'Auteur, qui veut choquer la Providence./

Prens avec toy le Dien des Richeffes: Je ne dis pas qu'il amene avec Luy le Trefor, parce

que cela n'auroit point
de grace maintenant,
& que je ne m'engage
pas à une Traduction
réguliere. Le Dieu des
Richelles eft affez fuf-
fifant pour enrichir
fans avoir befoin d'au-

tre..

1

En attendant ce fera un affez grand fup-
plice pour des ingrats, de voir rentrer
en honneur celuy qu'ils ont méprifé.

MERCURE. Qu'il eft important de
crier haut, non feulement dans un Bar-
reau, pour gagner fa cause, mais encore
en faifant des voeux & des prieres ! Si
le bon-homme Timon fuft demeuré les
bras croifez fans rien dire, il eust esté
gueux toute fa vie ; maintenant fes
par
eris & fes importunitez, il a arraché mef-
me du Ciel, ce qu'il demandoit. Toute-
fois, je croy que cela ne luy fervira de rien;
car voilà le Dieu des Richeffes qui ne veut
pas obéir.

JUPITER. Pourquoy?

MERCURE. Il luy faut demander à luy-mefine.

PLUTUS Voulez-vous que je retourne en un lieu où l'on ne me fçauroit fouffrir? Envoyez-moy chez ces gens qui fçavent ce que je vaux, & combien je coufte à acquerir; & que les fous qui Fignorent, croupiffent toute leur vie dans La pauvreté.

JUPITER. Tu n'as rien à craindre,

Je croy que cela ne Tuy fervira de rien. Je Je fais dire à Mercure, plûtbft qu'à Plutus,

parce qu'il eft mieux
de la forte, comme il
paroiftra dans la lectu
re de l'ouvrage.
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grand il eft affez inftruit par fa difgrace. Mais je m'étonne que tu te mettes en colère aprile de ce qu'on te laiffe libre, veu que tu te portant plaignois autrefois des ufuriers, qui t'en

répril.

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Bfermoient fous la clef, fans te laiffer feumais en lement voir la lumiere, & te faifoient: rieres fouffrir mille gefnes. Tu difois que meure ftoit ce qui te rendoit pafle & défiguré, eut& ce qui eftoit caufe que tu ne fongeois tpat qu'à t'évader. Tu mériterois donc, pour ché me une fi injufte plainte, d'eftre mis en pri Tour fon perpetuelle, dans quelque tour d'aider rain, comme une autre Danaé, pour n'y ne ve vivre que d'intereft & d'afure, qui eft un fort mauvais aliment. Tu blâmois auffi les avares qui meurent d'amour der pour toy, & cependant n'en ofent jouïr: Semblables à ce chien des Fables, qui attaché au ratelier ne pouvoit manger du uro foin, ni fouffrir que le cheval en manqgeaft. Tu difois qu'ils eftoient jaloux d'eux-mefmes, & fe retranchoient leurs q propres plaifirs, fans confiderer que ce qu'ils aimoient feroit un jour la proye

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Tu mériterois done, ftre air..
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d'une autre façon que
l'Auteur 2
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fais fouvent pour agen-
fer les chofes à no-

Du foin, il y a au Grec de l'orge, mais cela fait le mefme effet, & revient mieux à noftre façon.

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En attendant ce fera un affez grand fupplice pour des ingrats, de voir rentrer en honneur celuy qu'ils ont méprifé.

MERCURE. Qu'il eft important de crier haut, non feulement dans un Barreau, pour gagner fa cause, mais encore en faifant des vœux & des prieres ! Si le bon-homme Timon fuft demeuré les bras croifez fans rien dire, il eust efté gueux toute fa vie ; maintenant par fes. cris & fes importunitez, il a arraché mefme du Ciel, ce qu'il demandoit. Toutefois, je croy que cela ne luy fervira de rien ; car voilà le Dieu des Richeffes qui ne veut pas obéir.

JUPITER. Pourquoy?

MERCURE. Il luy faut demander a luy-mefme.

PLUTUS. Voulez-vous que je retourne en un lieu où l'on ne me fçauroit fouffrir? Envoyez-moy chez ces gens qui fçavent ce que je vaux, & combien je coufte à acquerir; & que les fous qui Fignorent, croupiffent toute leur vie dans: la pauvreté.

JUPITER. Tu n'as rien à craindre

Je croy que cela ne Tuy fervira de rien. Je Je fais dire à Mercure, plûtoft qu'à Plutus,

parce qu'il eft mieux de la forte, comme il paroiftra dans la lectu re de l'ouvrage.

il eft affez inftruit par fa difgrace. Mais. je m'étonne que tu te mettes en colère de ce qu'on te laiffe libre, veu que tu te plaignois autrefois des ufuriers, qui t'enfermoient fous la clef, fans te laiffer feulement voir la lumiere, & te faifoient: fouffrir mille gefnes. Tu difois que c'eftoit ce qui te rendoit pafle & défiguré,. & ce qui eftoit caufe que tu ne fongeois qu'à t'évader. Tu mériterois donc, pour une fi injufte plainte, d'eftre mis en prifon perpetuelle, dans quelque tour d'airain, comme une autre Danaé, pour n'y vivre que d'intereft & d'afure, qui est un fort mauvais aliment. Tu blâmois auffi les avares qui meurent d'amour pour toy, & cependant n'en ofent jouïr: Semblables à ce chien des Fables, qui attaché au ratelier ne pouvoit manger die foin, ni fouffrir que le cheval en mangeaft. Tu difois qu'ils eftoient jaloux d'eux-mefmes, & fe retranchoient leurs propres plaifirs, fans confiderer que ce qu'ils aimoient feroit un jour la proye

Tu mériterois done, ftre air.. c. Je tourne cela d'une autre façon que l'Auteur › comme je fais fouvent pour agenser les chofes à no

du

Du foin, il y a an Grec de l'orge, mais cela fait le mefme effet, & revient mieux: à noftre façon.

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