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JUPITER. Et puis qu'en arrivera-t-il ? PROMETHE1E. Il naistra de vous un enfant qui te dépoffedera comme tu as fait ton pere; pour le moins les Deftins t'en menacent, c'eft pourquoy, tu feras bien de n'y point aller.

JUPITER. Je te croiray pour cette fois, puifque tu as fi bien deviné. Que Vulcain te détache pour récompenfe.

DIALOGUE

DE JUPITER ET DE CUPIDON.

CUPIDON.

Ardonne- moy, Jupi

ter, fi j'ay failly, je n'y

retourneray plus; faut-il tenir fa colere contre un enfant ?

JUPITER. Un enfant ? petit fripon, plus vieux que Japet, & plus fubtil que Promethée.

CUPIDON. Je m'en rapporte aux Peintres & aux Poëtes, qui me reprefentent toûjours de la forte ; mais encore que t'ay-je fait pour me maltraiter?

JUPITER, Tule demandes, méchant, qui m'as rendu amoureux de toutes les femmes, fans qu'une feule foit amoureufe de moy; fi bien qu'il me faut rous

les

les jours trouver mille inventions pour en jouïr.

CUPIDON. C'eft qu'elles te redoutent, & qu'elles craignent par refpect de t'approcher.

JUPITER. Mais on aime bien les autres Dieux. Apollon n'a-t-il pas efté chery de Brancus & d'Hyacinthe

CUPIDON. C'eft qu'il eft beau & galant, & avec tout cela, Daphné ne s'est jamais pu réfoudre à l'aimer, tant l'amour eft une chofe libre. Que fi tu voulois te parer & adoucir un peu la fierté de tes regards, je ne doute point que tu ne leur donnaffes dans la veuë; mais il fautdroit pour cela quitter ta foudre & ton Egide.

JUPITER. Voudrois-tu que je fiffe des chofes indignes de Jupiter ?

CUPIDON. Ne fois donc point amou

reux.

JUPITER. Je le veux eftre, mais fans toutes ces foibleffes; toutefois je te pardonne pour ce coup.

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DIALOGUE

DE MERCURE ET DE JUPITER.

Onnois-tu Io?

JUPITER. MERCURE. Qui, la C

fille d'Inaque?

JUPITER. Elle-mefine : Junon par jaloufie l'a transformée en geniffe, pour m'empefcher de l'aimer, & l'a donnée en garde à un monftre qui ne dort jamais; car comme il a cent yeux, il y en a toûjours quelqu'un qui veille. Mais tu es affez adroit pour m'en défaire: Vale tuer en la Foreft de Nemée, où il garde cette belle ; & aprés fa mort, tu ameneras lo par mer en Egypte, où elle fera adorée fous le nom d'Ifis. Je veux qu'elle préfide aux vents & aux flots, & qu'elle foit la Patrone des Nautonniers.

Junon l'a transfor-interruption, parce que mée: Je conte l'hiftoire cela eft plus clair & tout d'un temps fans plus court.

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DIALOGUE

DE JUPITER ET DE GANYMEDE.

JUPITER.

BAife - moy, mon petit

mignon, maintenant que nous fommes hors de danger, & que je n'ay plus ny bec, ny ongles.

GANYMEDE. Et que font-ils devenus? N'es-tu pas venu fondre fur moy en forme d'Aigle, & m'enlever du milieu de mon troupeau ? Comment es-tu devenu homme ?

JUPITER. Je ne fuis ny homme ny aigle, mais le fouverain des Dieux, qui me fuis ainfi transformé pour te poffeder.

GANYMEDE. Es-tu Pan? Mais tu n'as ny cornes, ny jambes veluës, ny flûte, qui font les marques de ce Dieu."

JUPITER. N'en connois - tu point d'autres ?

GANYMEDE. Non. Mais nous facrifions tous les ans à celuy-cy, un bouc à l'entrée de fa caverne; & pour toy, je eroy que tu es quelque maquignon d'en

Je n'ay plus ny bec, ny ongles; cela dit affez,

Tans ajoûter ailes.

fans, & de ceux qui les enlevent pour

les vendre.

JUPITER. N'as-tu jamais ouï parler de Jupiter, & n'as-tu pas veû un Autel confacré fur le Mont Ida, à celuy qui tonne & qui éclaire?

GANYMEDE. Quoy! c'eft toy qui fais tout ce bruit qu'on entend là haut à qui mon pere facrifie tous les ans un bellier : & que t'aurois-je fait pour m'enlever? peut-eftre qu'à cette heure mes brebis font mangées du loup.

JUPITER. Tu fonges encore à tes brebis, maintenant que tu es Immortel, & le Compagnon des Dieux ?

GANYMED E. Comment! tu ne me remettras pas aujourd'huy où tu m'as pris?

JUPITER. Non: Car toute ma peine feroit perduë.

GANYMEDE. Mais mon pere fe mettra en colere lors qu'il ne me verra plus, & me donnera le fouet pour avoir abandonné mon troupeau..

JUPITER. Ne crains point, tu demeureras toûjours icy.

GANYMEDE. Je ne le veux pas, laiffe- moy aller, & je te promets pour récompenfe de te facrifier l'honneur de noftre troupeau.

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